
2025…
Sortant de ma léthargie hivernale, momentanément interrompue par un magnifique voyage au nord de la Norvège, une nouvelle itinérance solitaire s’entama, avec pour ambition de capturer la montagne dans ses transformations les plus saisissantes, depuis le réveil printanier de mai jusqu’aux souffles glacés de la fin octobre. Ma saison débuta dès le 1er mai dans le massif du Beaufortain à la Roche Parstire (2109 m), où les crocus perçaient déjà les derniers névés sous un soleil de plomb. Ce premier mois fut d’une grande intensité, me menant successivement dans les Aravis sous la pointe de Mandallaz, puis à nouveau au cœur du Beaufortain sous la montagne d’Outray et la crête des Gittes. J’achevai ce cycle printanier dans le vallon du Clou, au cœur des Alpes Grées, contemplant les avalanches de neige lourde dévalant les couloirs avec fracas, face à l’indomptable Mont Pourri.
En juin, le solstice d’été fut célébré en quête de fraîcheur au Rocher de la Sèche (2580 m) en Vanoise, fuyant la canicule qui commençait à peser sur les basses vallées. Juillet m’entraina vers les sommets les plus minéraux, débutant par le Grand Arc dans la Lauzière, avant d’atteindre le point culminant de mes bivouacs au Gros Peyron, au sein du massif du Mont-Cenis. À 3046 mètres d’altitude, je vécus ici l’une de mes plus grandes surprises : une mer de nuages imprévue envahit la Haute-Maurienne en pleine nuit, transformant le paysage en un océan de coton sous la Voie lactée. Ce lent ressac d’altitude est devenu au fil des années le symbole de ma recherche constante de ces conditions atmosphériques, où la brume sublime le relief et l’enrobe de magie. Ce mois de juillet s’acheva loin des Alpes, avec l’expérience d’un trek en solitaire de 4 jours sur les terres volcaniques d’Auvergne : 90 km sur les sentiers du GR441, autour de la chaîne des Puys. Une parenthèse aussi dépaysante qu’éprouvante.
Le mois d’août marqua la symbolique de la réconciliation, s’ouvrant par un bivouac d’anniversaire à la Roche Pourrie, puis une incursion sauvage aux Rochers des Enclaves dans le Beaufortain. L’expérience la plus marquante fut mon retour à la Belle Étoile, dans les Bauges, afin de conjurer le sort sur ce sommet où la foudre m’avait frappé quinze mois plus tôt. La montagne m’offrit un pardon magistral sous la forme d’une féerie matinale, où des draperies dorées de brouillard s’écoulaient par les cols pour inonder Albertville. Ces instants récompensèrent l’effort physique nécessaire pour acheminer mes 20 kg de matériel jusqu’à l’étroite cime, où la tente tutoya le vide.
L’automne imposa ensuite son silence et ses contrastes dans le massif des Cerces, d’abord près du refuge du Mont Thabor puis au lac de la Ponsonnière. C’est ici que furent affrontées les conditions les plus rudes, lors du coup de froid de septembre. Le thermomètre chuta jusqu’à -8°C dans un calme absolu, offrant des reflets d’une pureté cristalline sur les eaux immobiles. Enfin, le mois d’octobre fut l’apothéose de ma quête des brumes dans les Bauges. Tant au Mont Colombier qu’au Mont Margériaz, ces sommets furent le théâtre des cascades de brume et des mers de nuages persistantes, isolant les crêtes comme un archipel émergeant d’un océan d’argent sous la clarté lunaire ou les rayons dorés du crépuscule.
Au terme de cette saison riche en contemplations, le bilan de mes quinze bivouacs affiche une altitude moyenne de 2350 mètres. Que ce soit la lueur d’une pleine lune rendant la frontale optionnelle ou l’humidité pénétrante des nuits à la belle étoile, la recherche de la lumière parfaite fut ma principale boussole. Ces expériences solitaires me permirent de saisir des moments de poésie rare, où la brume, muse capricieuse, se fit le témoin privilégié d’une nature sauvage et du temps suspendu.
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