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Sylvain Clapot - Photographe > Bauges

Bauges

Pointe des Arlicots (2060 m) – Bauges
Pointe des Arlicots (2060 m) – Bauges
20 octobre 2024 In Bauges No Comment

Bivouac à la Pointe des Arlicots (2060 m) – Octobre 2024

Le choix du sommet

Nous voilà au cœur de l’automne. Si la montagne est belle en toutes saisons, octobre est cette demoiselle parfaite, au teint d’albâtre, la chevelure dorée et le regard émeraude. Les feuillus ont atteint leur paroxysme d’incandescence, déjà les teintes commencent à se désaturer, en attendant l’arrivée de l’hiver. Cependant, la météo rappelle que la neige n’est pas encore arrivée, en témoignent les températures relativement clémentes. Comme chaque année, je célèbre les dernières couleurs des forêts dans les Préalpes et, une nouvelle fois, les Bauges remportent mon suffrage. Bien qu’il fasse partie des massifs que j’ai le plus parcouru jusqu’à présent, un secteur échappe encore à mes pérégrinations : celui de la crête séparant la haute vallée du Chéran de celle de l’Isère.

Depuis les axes entre Montmélian et Albertville, cette partie des Bauges s’érige telle une forteresse impénétrable, aux pentes abyssales. Elle s’avère pourtant accessible depuis l’autre côté, au prix d’un effort non négligeable : 1200 mètres de dénivelé. La nouvelle réglementation de la Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage empêche le bivouac en bien des endroits dans les Hautes Bauges, néanmoins la lecture fine du périmètre sur les cartes semble indiquer que ma destination, bien qu’en extrême limite, n’en fait pas partie. Ce sera donc une nuit à la Pointe des Arlicots (2060 m).

La montée à la Pointe des Arlicots

Le périple démarre depuis le Parking du Couvent (865 m), au cœur de la forêt baujue. Cette sortie est placée sous le signe de l’audace, les conditions météorologiques étant hasardeuses sur les sommets. Ces derniers sont en effet coiffés d’une écharpe de brume, nul ne connaît l’évolution dans un futur proche. Une fois n’est pas coutume, l’ascension débute par une marche d’approche pour s’échauffer, en empruntant le chemin de découverte jusqu’à la chapelle Notre-Dame de Bellevaux, sur un parterre de feuilles aux teintes rouille. Un premier alpage est traversé, bercé par le tintement des cloches, au-dessus du ruisseau de la Lanche. A partir de là, le sentier s’enfonce de nouveau dans l’ubac forestier, débouchant sur le Chalet de Bottier (1435 m). Il règne ici un silence monacal, renforcé par cette chape brumeuse, tamisant tous les bruits extérieurs. Une bulle hors du temps, hors de l’espace.

Dré dans l’pentu

C’est à ce niveau que commence la seconde partie du parcours, de loin la plus ardue. Le GR du Pays du Massif des Bauges est quitté, au profit d’un sentier plus confidentiel sur l’épaule septentrionale de la Montagne de la Lanche. Dré dans l’pentu est une expression qui se prête parfaitement à la situation. Il suffit de se pencher sur la carte IGN : l’itinéraire coupe perpendiculairement des courbes de niveau de plus en plus rapprochées. En d’autres termes, la pente est raide, d’autant plus que les récentes précipitations rendent particulièrement glissantes ces portions de terre mêlées aux calcaires patinés.

A mi-pente, le brouillard est total. J’erre dans cet éther, privé de repères, si ce n’est les 20 mètres de visibilité qui me sont octroyés. Des trouées fugitives apparaissent, pour se refermer aussitôt. Au bout de cette abrupte épaule, le chemin se radoucit et tire droit au sud : la dernière ligne droite. Quelques passages aériens appellent à la concentration, avant l’ultime effort pour parvenir à la Pointe des Arlicots. Il m’aura fallu 3h45 pour en venir à bout. Là-haut, c’est la bataille de l’indécision, entre le brouillard tenace et la volonté du soleil de percer. C’est ce dernier qui a le dernier mot : le paysage se dévoile, révélant la nébulosité ambiante tutoyant les cimes. C’est un véritable décor mouvant qui défile sous mes yeux, où que se porte le regard.

La danse des brumes

Toute la fin d’après-midi, j’honore ce rendez-vous des belles brumes glissant sur le corps rugueux des versants. A mon niveau, l’inquiétude est double : résisteront-elles jusqu’au soleil couchant et, dans l’affirmative, ne viendront-elles pas m’envahir ? En attendant la décision des cieux, j’édifie ma tente en limite sud du sommet, sur un semblant de replat. Inutile d’être exigeant, c’est littéralement le seul espace disponible sur cette crête acérée. Pour preuve, les deux absides débouchent directement sur la pente : vertige déconseillé et faux-pas interdit.

Le soleil décline à l’horizon et, visiblement, les voyants sont au vert. La mer de nuages a déserté la vallée de l’Isère, mais subsiste à l’intérieur des Bauges. Les dernières minutes avant que l’étoile ne franchisse la ligne d’horizon sont d’une profonde pureté, les lieux se parent de teintes rouge vif, éphémères. Au loin, le spectacle est captivant : le Trélod et la Dent de Pleuven sont tels des écueils balayés par l’écume.

Nuit de pleine lune

Le jour expulse son dernier souffle, mais la pleine lune prend rapidement le relai. Pensant me réfugier dans ma tente pour un repos bien mérité, la féerie reprend de plus belle. Le satellite distille sa délicate lumière aux reflets d’argent sur les lieux, tandis que la mer de nuages se reconstitue à vive allure dans la vallée de l’Isère. En seulement une demi-heure, les villes et villages sont recouverts par l’épais manteau. Côté Bauges, la marée ne cesse de monter, jusqu’à venir lécher le Col de l’Arclusaz, puis repartir. Au flot répond le jusant. Peu après 22 heures, il est temps d’aller dormir.

Sur ce sol accidenté et penté, difficile de trouver une position stable. Un léger vent vient par ailleurs fouetter la toile, des conditions parfaites pour un sommeil en pointillés.

Réveil au-dessus des flots

Le lendemain, peu avant 7 heures, le réveil sonne. Malgré la fatigue, je sors de mon abri constater le paysage : partout autour, une mer de nuages alors qu’à l’est, des entrées italiennes encombrent l’horizon. Ces dernières s’embrasent comme prévu avant de s’estomper. Devant émerger par-delà la Vanoise, le soleil reste masqué un long moment, tamisant les précieuses lumières de l’aube. En contrebas, les flots se retirent de la vallée de l’Isère à une vitesse folle : en moins de 2 heures, elle s’est dissipée. Le vent s’est quant à lui accentué, il est temps de rebrousser chemin. Sous le regard méfiant de quantité de chamois occupant le vallon de la Lanche, je redescends à bon rythme, pour retrouver la voiture sur les coups de midi.

Loin de m’attendre à de telles ambiances, cette sortie est assurément l’une de mes plus inoubliables de 2024. Toutes les planètes se sont alignées pour magnifier plus qu’il ne l’est déjà ce secteur des Bauges : couleurs d’automne, brume envoûtante et pleine lune hypnotique…

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Roc Rouge, la Négresse (1720 m) – Bauges
Roc Rouge, la Négresse (1720 m) – Bauges
12 octobre 2024 In Bauges No Comment

Bivouac au Roc Rouge (ou la Négresse) dans les Bauges – Octobre 2024

Le choix de la sortie

Contrairement aux humains, Dame Nature est prévisible et ne trahit pas ses engagements. En cette mi-octobre, j’honore comme il se doit mon rendez-vous annuel avec celle qui arbore ses plus beaux vêtements. Les montagnes se sont en effet parées de leur éphémère robe dorée, le grand baroud d’honneur des feuillus avant la longue monochromie hivernale. Il faut bien avouer que la météo joue les trouble-fête à bien des égards cette année. Dernière preuve en date la veille, le secteur était pris sous d’épais nuages, alors qu’un phénomène exceptionnel d’aurores boréales se déroulait sous nos latitudes. Rageant.

Le week-end étant encore annoncé maussade, c’est vendredi après-midi que ma virée en altitude commence. Ayant prospecté les lieux deux semaines auparavant et plutôt convaincu par le point de vue, je réitère l’ascension, depuis un autre itinéraire. La Négresse, également nommé Roc Rouge, constitue mon objectif du jour. Direction le tout proche parking de Cruet Leu (860 m), au terminus du chemin dominant le hameau de la Frasse.

L’ascension du Roc Rouge / la Négresse

Les prévisions météorologiques sont à la fois pessimistes et intéressantes pour le photographe que je suis : nuages qui accrocheront les reliefs et vent modéré durant la nuit, avant l’arrivée de la perturbation le lendemain à la mi-journée. La plupart des sommets sont en effet coiffés de brume au départ, ils virevoltent au gré des thermiques. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 3,1 km pour avaler les 860 mètres de dénivelé, autant dire que c’est raide.

Dès les premières foulées, le ton est donné. Sur un chemin détrempé par les précipitations de la veille, les jambes sont mises à rude épreuve, d’autant plus avec le fardeau de 21 kg reposant sur mes épaules. Néanmoins, l’ascension s’effectue à bon rythme, dans ce sous-bois au parfum automnal, tapissé de feuilles virant au jaune. Ce n’est qu’en arrivant sous le Col de l’Alpettaz qu’enfin les paysages se révèlent au contemplateur. La Dent de Cons est aux prises avec le brouillard, tandis que le Roc Rouge s’illumine du soleil d’octobre. Un dernier effort et le sommet est atteint, en tout juste 2h30.

Au fil des heures, perché sur mon promontoire rocheux, j’observe les nuages qui se dissipent partout autour. Le panorama s’avère grandiose sur l’ensemble des cimes des Bauges orientales : Sambuy, Dent de Cons et la fameuse Belle Etoile, celle où mon cœur faillit cesser de battre cinq mois auparavant. D’autres massifs se distinguent : le tout proche Beaufortain, une partie des Aravis, la Lauzière, les lointaines Vanoise et Belledonne et, bien évidemment, l’imperturbable Mont Blanc qui me fait face avec son châle opalin. Seules les lignes électriques et l’agglomération albertvilloise ternissent la beauté des lieux.

De fades conditions

Le soleil décline peu à peu, mais l’horizon est orné d’un fin voile, précurseur de la prochaine dépression. Les précieuses couleurs crépusculaires en sont réduites à une lumière rouge délavée, terne, si bien que l’étoile se couche dans l’indifférence générale. Le premier quartier de Lune, se levant à l’est, prend le relais. Il éclaire timidement les paysages plongés dans la nuit, où le tissu urbain apparaît comme une plaie ouverte au milieu des vallées. La bonne surprise est la quasi-absence de vent en cette fraîche soirée, me permettant un repos bienvenu. Celui-ci se réveille en fin de nuit, puis s’avère modéré aux premières lueurs du jour.

Le décor est loin de me convaincre : pas de brume, atmosphère pâle, ciel constellé de nuages désorganisés et de traces d’avion pour un rendu des plus inesthétiques. Pire, un voile s’est installé là où le Soleil doit émerger, se traduisant par la désertion des belles lumières matinales. Un peu plus tard, les rayons essaient de se frayer un passage dans la nébulosité. Ils offrent de beaux effets sur le flanc oriental de la Dent de Cons jusque dans la vallée de l’Arly, sublimant la dorure des forêts baujues.

Le vent devenant pénible, je ne fais pas de vieux os, plie les affaires et entame la grande descente. Après une halte champignons à mi-parcours, la voiture est rapidement retrouvée, épilogue d’une sortie en demi-teinte, les ambiances n’étant guère au rendez-vous.

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Dent de Cons (2063 m) – Bauges
Dent de Cons (2063 m) – Bauges
6 juillet 2024 In Bauges No Comment

Bivouac à la Dent de Cons dans le massif des Bauges.

Le choix de la destination

Les semaines se suivent et se ressemblent. Le temps peine à se stabiliser et réellement satisfaire à la saison estivale. Ce premier week-end de juillet ne déroge pas à cette fâcheuse règle, une énième perturbation doit traverser les Alpes. Tel un lion en cage, après 1 mois privé d’altitude, je force les événements en décidant d’un bivouac vendredi soir, avant la dégradation annoncée. C’est un choix à double tranchant : soit le ciel sera voilé, soit il laissera entrevoir de beaux jeux de lumière. Les dés sont lancés.

Partant après le travail, j’opte pour une destination proche. Ce petit chainon du nord-est des Bauges me fait de l’œil depuis que je suis installé ici. Ma première expérience avec celui-ci a failli m’être fatale, puisque la Belle Etoile, lieu de mon foudroiement, en fait partie. C’est le sommet dans son prolongement septentrional que je convoite : la dénommée Dent de Cons (2063 m). Il s’agit d’une véritable sentinelle, dominant Faverges, Ugine et Albertville.

L’ascension de la Dent de Cons

Garé au terminus de la route au lieudit du Raffort (1189 m), j’aborde les premières foulées à 17h15. Deux itinéraires permettent d’atteindre l’objectif : par l’Alpettaz au nord et par le Col de la Sellive au sud. Compte tenu de l’heure, je choisis le second, plus direct, mais également plus raide. Présent au début, le soleil passe rapidement derrière l’imposante muraille calcaire. C’est chose bienheureuse, le sentier remontant le vallon du Creux ne s’embarrasse pas avec la facilité, puisqu’il trace quasi droit dans la pente soutenue. Parfois, dans un élan de magnanimité, il accorde quelques lacets salvateurs. Le dénivelé est par conséquent rapidement avalé, les pauses étant inexistantes et la sudation bien avancée.

En à peine plus d’une heure, les 500 mètres d’ascension sont validés, au moment d’atteindre le Col de la Sellive (1721 m). Ce dernier, séparant la pointe éponyme à gauche et la Dent de Cons à droite, offre une belle vue sur Albertville. Au premier plan, le regard est irrésistiblement attiré par l’abyssale gorge minérale du torrent du Chiriac. Le moindre faux pas et c’est direction le Père Lachaise. A ce titre, le panneau annonce la couleur : « Direction Dent de Cons, passage vertigineux et délicat, nécessitant l’usage des mains. Vous vous y engagez sous votre propre responsabilité ». Il faut avouer que le sommet nécessite une forte inclinaison de la tête vers les cieux pour en apercevoir la silhouette.

Le chemin serpente dans l’abrupte pente, le rythme cardiaque s’emballe, l’ascension est négociée sans trop de difficulté. Mais clairement, par condition pluvieuse et/ou de brouillard, la dangerosité est réelle. Cette épreuve débouche sur la crête sommitale, réelle récompense après cette éprouvante montée : le soleil est retrouvé, il illumine la luxuriante végétation, notamment de gros bosquets de rhododendrons, premier plan de choix pour ce panorama grandiose. Un effort supplémentaire et la Dent de Cons est atteinte, en tout juste deux heures, soit quarante minutes de moins qu’annoncé sur le panneau au départ. Pas encore rouillé le vieux.

Contemplation au sommet

Des bancs de nuages élevés traversent le ciel de Savoie, la température baisse, le paysage perd de son éclat, je patiente. A l’horizon, une trouée offre de belles perspectives pour le crépuscule. Je profite de cette attente pour constater tout le potentiel de ce point de vue, tant le nombre de massifs observables est important : Bornes, Aravis, Beaufortain, Mont Blanc, Vanoise, Lauzière et, bien sûr, l’intérieur des Bauges. J’y aperçois d’ailleurs la Belle Etoile, discrète en arrière-plan, me rappelant ma sacrée mésaventure de mai. En fin de journée, la prophétie se réalise : le soleil réapparaît et distille ses rayons cristallins sur les lieux. Les versants se transforment en grandes parures dorées l’espace de quelques minutes, avant de replonger définitivement dans l’ombre.

Entre temps, le vent s’est levé. Il n’est pas envisageable de rester au niveau de la table d’orientation. Le secteur bénéficie de quelques dépressions herbeuses parfaitement adaptées à la situation, protégées des rafales, avec un parterre bien plus confortable que la rocaille sommitale. N’ayant pas pris la tente pour voyager léger, ce sera une nuit sous le ciel étoilé. Les heures défilent, le sommeil peine à être trouvé. Le vent a redoublé d’intensité. Si dans mon trou j’en suis relativement épargné, ce n’est pas le cas des sapins au-dessus. Ces derniers chantent leur complainte toute la nuit, sous l’assaut répété des bourrasques. Un sifflement permanent.

L’autre chose qui occupe mon esprit est la météo annoncée : de la pluie localement orageuse est prévue le lendemain dès le milieu de matinée. Et si les prévisions se sont trompées ? Et si elle arrivait avec quelques heures d’avance ? L’idée d’être piégé sur ce perchoir est loin de m’enchanter, le traumatisme de mai est encore trop frais.

Retour précipité avant la pluie

Finalement les premières lueurs de l’aube me rattrapent, à 5 heures. Ici, c’est toujours la soufflerie. Les couleurs matinales un temps espérées ne semblent pas être au rendez-vous. Mon regard est surtout happé par l’horizon ouest : des nuages bien chargés qui n’augurent rien de bon. L’ambiance venteuse accentue le côté oppressant, telles les prémices d’un cataclysme. Cette fois, je joue la carte de la prudence et plie tout pour au moins rejoindre le Col de la Sellive, synonyme de mise en sécurité définitive.

Peu avant de l’atteindre, le soleil se lève par-delà le massif du Mont Blanc. La lumière qu’il délivre est très pure, mais ne dure pas. Rapidement, des nuages lui barrent la route, mais laisse la place à un incroyable spectacle. Les rayons filtrés créent une intense percée divine qui se répand sur les versants de Megève. Rarement une telle scène s’était offerte à moi, avec tant de virtuosité. Un magnifique baroud d’honneur de notre étoile avant qu’elle ne disparaisse définitivement pour la journée.

C’est aux alentours de 7h30 que le parking est retrouvé, épilogue d’une sortie une nouvelle fois riche en émotions.

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La Belle Etoile (1841 m) – Bauges
La Belle Etoile (1841 m) – Bauges
18 mai 2024 In Bauges No Comment

Départ de dernière minute à la Belle Etoile

La mi-mai est passée, les forêts préalpines sont presque vertes jusqu’aux alpages, tandis que les cimes des plus hauts massifs sont toujours recouvertes de gros névés, peu engageantes. Pour ce week-end de la Pentecôte, l’instabilité météorologique est de mise, des dégradations diurnes sont possibles dans le secteur. D’une matinée ensoleillée, le ciel s’est rapidement noirci en journée. Vent et températures fraiches, tous les indices sont au rouge. Tel un lion en cage, je fais les cent pas, convaincu que les éléments vont m’empêcher d’aller en altitude.

Contre toute attente, le bleu regagne du terrain en fin d’après-midi, seuls quelques nuages débonnaires ornent le toit des montagnes. Je consulte les images satellite, les modèles et les applications de foudre en temps réel : rien d’alarmant. C’est l’occasion parfaite d’aller chasser quelques ambiances post-orageuses. Etant donné l’heure avancée (18h30), l’endroit s’impose comme une évidence : la Belle Etoile. Depuis un an que je suis installé ici, je vais enfin honorer ce sommet qui me surveille tous les jours, une de ces nombreuses sentinelles dominant la région d’Albertville.

Les chiffres sont clairs et résonnent comme un objectif : le soleil tire sa révérence à 21 heures, je dois être en haut avant 20h30 pour bénéficier des couleurs crépusculaires. Il est 18h40 lorsque j’entame les premières foulées depuis le parking des Teppes (1080 m), j’ai donc moins de 2 heures pour avaler les 761 m de dénivelé. Par chance, le sentier entre directement dans le vif du sujet, en abordant le versant avec une pente soutenue. Malgré le poids de mon sac, ma détermination l’emporte sur la peine de l’exercice.

Abreuvé par la belle luminosité de fin d’après-midi et encouragé par toute l’avifaune forestière, j’engloutis les courbes de niveau à bon rythme, entre 500 et 600 m/h. L’itinéraire récupère la partie boisée de la crête, pour ensuite s’en extraire et déboucher sur des terrains plus ouverts et herbacés. Au détour d’un virage, le Croix de Périllet se dévoile. Chaque jour ou presque, d’en bas, je la consulte, elle est cette anonyme qui est rentrée dans mon quotidien. Je la salue d’un regard silencieux en passant auprès d’elle. En ligne de mire, au bout de la crête acérée, une seconde croix s’élève : celle de la Belle Etoile. Je m’y précipite, en négociant les quelques passages vertigineux, où mieux vaut avoir le pas sûr. Il est 20h10 lorsque j’atteins l’objet sacré, accompagné d’une table d’orientation. L’espace est bien plus étroit que je le pensais, il va falloir s’en accommoder.

Une ambiance magique pré-orageuse

Si la Lauzière, le Beaufortain et le mont Blanc sont bien bouchés, l’effervescence crépusculaire a bel et bien lieu à l’horizon. Le lac d’Annecy et le relief de la Tournette baignent dans une lourde ambiance tolkienienne, chargée de mystère et de puissance à la fois. Côté ouest, les rais de lumière entreprennent un jeu de cache-cache avec les nuages, donnant naissance à d’incroyables percées dorées sur les versants baujus. Dans ce recoin des Alpes, la scène va bien au-delà de mes espérances, je prends cela comme une juste récompense de l’audace et de l’effort qui m’ont conduit ici. Je monte bon an mal an ma tente entre la croix et la table d’orientation, optimisant le seul semblant de replat ici : ma manie de toujours vouloir dormir le plus haut possible !

Tout semble se passer comme prévu, le jour se meurt peu à peu, les villes s’éveillent, l’obscurité s’installe. Cependant, depuis quelques minutes, j’observe d’un œil inquiet ce qui se trame au sud-ouest : un gros rideau de pluie, peu mobile, stationne sur le nord de Belledonne. Je consulte mes applications météo et elles sont formelles : certes, d’abondantes précipitations se dirigent lentement vers ma position, mais elles ne sont accompagnées d’aucun éclair. Pourtant, Belledonne n’est jamais en reste pour constituer le lieu d’expression des colères de la nature. Plus largement, aucun orage n’est à signaler sur les Alpes du nord. D’expérience, la nuit a tendance à faire tarir les caprices du ciel, d’autant plus que les prévisions nocturnes sont optimistes Je me dis alors qu’au pire j’essuierai une bonne rincée.

Mais sans crier gare, les événements prirent une tout autre tournure.

L’arrivée soudaine de l’orage sur la Belle Etoile

En arrivant sur les Bauges, la cellule jusqu’alors silencieuse exprime désormais son hostilité, du côté du Pécloz, à seulement 10 km d’où je suis. Un premier éclair, puis deux. Suivi d’un vrombissement résonant dans tout le massif. Je prends rapidement conscience du piège dans lequel je suis : dans quelques minutes il sera sur moi. Je n’ai pas le temps de remballer la tente et de déguerpir, regagner le sous-bois protégé me prendrait une demi-heure. Trop court. Trois solutions s’offrent à moi :

  • 1 : Rester sous la tente. C’est assurément pactiser avec la grande faucheuse, s’agissant de l’endroit le plus dangereux sur ce point culminant, au contact de la croix métallique.
  • 2 : Aller plus loin sur la crête. C’est s’exposer inconsciemment aux éléments.
  • 3 : Se réfugier dans le petit boisement linéaire qui coiffe la crête, en contrebas du sommet.

Il est évident que se cacher sous des sapins lors d’un orage est une décision absurde et déconseillée par les plus élémentaires consignes de sécurité en montagne. C’est néanmoins la moins pire des résolutions devant l’urgence de la situation.

Je leste la tente de mon sac et de quelques blocs calcaires en cas de tempête, prends mon appareil photo et ma frontale, puis me dirige à l’écart du sommet. Le flanc occidental de la crête est très raide, je ne peux descendre que de quelques mètres. Je trouve une zone favorable, m’accroupis et confie mon destin entre les mains du hasard. L’orage est désormais au-dessus, les flashs et les bruits se font de plus en plus proches. A travers les branches, je vois la Sambuy subir le châtiment divin. L’atmosphère est oppressante et angoissante. Les secondes deviennent des minutes. Cet enfer s’arrêtera-t-il ?

Soudain, une lumière aveuglante, accompagnée d’une détonation assourdissante. La foudre est tombée à quelques mètres.

Je suis projeté en arrière, j’hurle par réflexe. De la terre est éjectée. Mon cœur s’emballe. Je sens une chaleur dans mon pied droit et mon coude gauche. Le tonnerre finit de se répandre dans les Bauges. Sonne-t-il mon glas ? Groggy, je réalise ce qu’il vient de m’arriver : j’ai été victime de la foudre. J’analyse rapidement la situation : je vois, j’entends, mes souvenirs sont intacts et mes membres fonctionnels. Un miracle !

Dans les minutes qui suivent, l’orage continue ses méfaits en direction des Aravis, le secteur retrouve son calme. Je patiente un moment dans mon abri qui n’en était pas un, puis retourne observer le paysage depuis la crête. La Lune éclaire les prairies sous le col de l’Alpettaz et les nuages menaçants s’en sont allés. Il règne dans l’atmosphère une odeur de cramé, assez perturbante. Encore sous le choc, je remonte au sommet. Ma tente est indemne, du grésil s’est accumulé au pied de la toile.

Retour à la maison

Décidant malgré tout de maintenir mon bivouac ici, je consulte par acquis de conscience mes applications météo : une nouvelle cellule pluvieuse est présente sur la Chartreuse. La probabilité d’un nouvel orage nocturne demeure faible, mais aucune envie de renouveler cette cauchemardesque expérience. D’autant plus que le ciel est toujours menaçant dans la vallée de l’Isère. Hors de question de rester ici, la foi n’y est plus. Je remballe tout mon matériel dans mon sac et entreprends la descente à la frontale. La pluie a rendu l’itinéraire glissant et boueux, mais mon sang-froid à toute épreuve l’emporte, je négocie sans trembler le chemin du retour. A 00h45, la voiture est retrouvée, épuisé par ces rebondissements, sans même avoir eu le temps de manger. Plus tard, l’engourdissement dans le bras trouve son explication : une petite brûlure en ramification au niveau du coude révèle le point de sortie de l’arc électrique.

La foudre ne m’aura pas donc atteint directement, mais probablement par diffusion dans le sol dû à la proximité de l’impact Par chance, aucune séquelle n’a été révélée par les analyses faites le lendemain.

Bref, j’ai failli mourir foudroyé.

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Pointe de Chaurionde (2173 m) – Bauges
Pointe de Chaurionde (2173 m) – Bauges
22 octobre 2023 In Bauges No Comment

Bivouac à la Pointe de Chaurionde dans le massif des Bauges.

Le choix de la sortie

L’automne se sera fait attendre ! Après quelques semaines de prolongation de l’été indien, caractérisé par un temps anticyclonique doux, la situation se débloque avec l’arrivée de fronts pluvieux qu’il va falloir bien négocier. Les fortes chaleurs conjuguées à la sécheresse estivale n’offrent pas les conditions optimales pour les couleurs automnales. Néanmoins, les précipitations de la semaine marquent un tournant : les plus hautes cimes se coiffent de blanc, les versants de feuillus virent aux tons dorés.

Ce week-end semble constituer le créneau à ne pas rater, une météo maussade est annoncée jusqu’à la fin du mois. Direction le désormais tout proche massif des Bauges, dans l’espoir de capter des ambiances brumeuses, typiques de cette saison. Au point de départ, à l’abbaye de Tamié (890 m), le temps ne s’avère pas très engageant : il pleuvine et les sommets sont encombrés. Toutefois, la promesse d’éclaircies donne du baume au cœur. Et il en faut, l’objectif est la pointe de la Chaurionde (2173 m), soit près de 1300 mètres de dénivelé, lesté de mes 17 kg sur le dos. La première partie emprunte un sentier serpentant dans la Combe Noire. La canopée me protège des averses, allant en faiblissant, tandis que le chemin suinte d’eau, la montagne a été abondamment abreuvée ces dernières heures.

Le chant de l’automne en montagne

A la limite supérieure du boisement, l’alpage du Drison et son chalet éponyme se dévoilent, tout comme la rocailleuse Sambuy à droite. A sa base, la végétation chante l’automne avec ses nuances de jaune, traversée par quelques cascades bien nourries. En revanche, Chaurionde est toujours masquée par la nébulosité. L’arrivée au col (1756 m) marque la dernière ligne droite du parcours, mais pas la plus agréable. La crête, exposée aux quatre vents, est une petite soufflerie, distillant un froid humide jusqu’au cœur de la chair. L’inclinaison du sentier va par ailleurs crescendo, à cela s’ajoute la difficulté apportée par la boue, rendant chaque pas glissant.

Finalement, après presque quatre heures de montée, la Chaurionde est vaincue. Le panorama est chahuté par un brouillard virevoltant, tantôt complètement opaque, tantôt laissant entrevoir le paysage. La cime dispose d’un replat assez large, bienvenu pour un bivouac. L’installation d’un abri est la première chose effectuée, sur une zone dépourvue de végétation, relativement boueuse, mais qu’importe, l’inconfort est le prix à payer pour être aux premières loges.

Il est dix-huit heures passés, le jour va en déclinant mais mes espoirs restent maigres tant les cieux sont agités. Soudain, une improbable lumière surgit par-delà l’Arcalod, venant éclairer durant quelques minutes le secteur avec des rayons d’une grande pureté. Au moment de l’ultime respiration du jour, me voilà privé des tons roses sur le Mont Blanc, la brume jouant les trouble-fête. Le paysage se dévoile une fois le début de la nuit installée, permettant quelques captations du lac d’Annecy, ceinturé par les lumières des villes, puis tout se rebouche. Il est temps d’aller dormir, dans cette tente quelque peu bousculée par les assauts des rafales. Fort heureusement, étant en retrait du versant exposé, je suis partiellement protégé.

Spectacle de brume au réveil

Au cours de mon sommeil en pointillé, vers deux heures du matin, la toile crépite, une averse. Un œil dehors, l’obscurité totale, Chaurionde est prise dans le brouillard, me laissant en plein doute pour mes aspirations matinales. Vers 7 heures, vient le moment du verdict. Premier étonnement, de la neige et du givre mêlés ont saupoudré les environs ! Côté météo, le sommet est toujours aux prises avec la brume, inondant les lieux de son agaçante opacité. Difficile de composer avec cet aléa, les instants de clarté sont brefs, mais laissent entrevoir un champ de bataille, où les massifs combattent l’offensive des frimas.

Progressivement, la clarté gagne la partie, le soleil se lève, dévoilant certains détails jusqu’ici restés dans l’ombre. La Sambuy cristallisée triomphe au premier plan, le Mont Blanc imperturbable veille au loin, tandis que le Charvin se fait happer par les nuages d’une façon tyrannique, le théâtre d’un conflit incroyable ! Après m’être longuement imprégné de cette ambiance, je replie le matériel et entame la descente vers 10h30. Il m’aura fallu un peu plus de deux heures pour retrouver la voiture, le corps vidé, mais l’âme remplie de scènes mémorables.

Lien vers la galerie complète : https://www.figedansletemps.com/galleries/pointe-de-chaurionde-2173-m/

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La Sambuy (2198 m) – Bauges
La Sambuy (2198 m) – Bauges
29 mai 2023 In Bauges No Comment

Les pérégrinations de mai se poursuivent. Cette fin de mois est caractérisée par des pressions plus basses qui stagnent sur le sud de la France, induisant des évolutions diurnes tournant à l’orage sur les massifs montagneux. Difficile alors de composer avec les aléas du ciel, entre la volonté de côtoyer les cimes et se protéger de la foudre. Il faut alors trouver des secteurs réunissant ces deux facteurs. Un des endroits qui s’y prête volontiers et celui de la Sambuy, sur la bordure orientale des Bauges. Le point convoité est parcouru à sa base par une petite station de ski, où quelques bâtiments au sommet offrent une solution de repli adaptée.

Il est 12h45 quand les premières foulées sont engagées. Le parking (1150 m) est relativement encombré, tout comme les cieux qui prennent localement de sombres teintes, tandis que les températures annoncent les prémices de l’été. La première partie de l’ascension n’a rien de très excitant : il s’agit de remonter tout le domaine skiable via la piste d’exploitation, croisant çà et là les remontées mécaniques. Dans ces conditions, les pauses contemplation sont vaines, finalement en 1h45, me voilà en haut de la station, vers 1830 m. Plusieurs constructions dénotent dans le paysage, mais les abris qu’ils constituent trouvent aujourd’hui un intérêt certain. En effet, les massifs alentours sont tous coiffés de cumulonimbus tutoyant la stratosphère. Le théâtre de l’apocalypse s’installe progressivement sous mon regard impuissant, avec comme actes des sanctions foudroyantes, aussi aléatoires que dangereuses.

Je patiente un long moment ici, les lieux étant alternativement arrosés de soleil et plongés dans l’ombre des nuages. Au loin, des vrombissements se manifestent, signe que la colère gronde là-haut. L’application indique que les orages sévissent dans le Beaufortain et surtout la Chartreuse. Peu à peu la luminosité décline : les Bauges seraient-elle la prochaine cible ? La température qui dégringole semble annoncer l’inéluctable. Un point de vue à proximité du refuge permet de voir un rideau de pluie arrosant la plaine d’Albertville. Pourtant ici, en dépit de la menace, les événements semblent ne pas se décider. En fin de journée, voilà que des teintes chaudes font leur apparition vers l’ouest. La foudre, aux portes des Bauges à Chambéry, a finalement changé de cap pour aller larguer son voltage sur Grenoble et le Vercors. Les signaux sont au vert : direction la Sambuy, il est déjà 19h30. A grandes enjambées, requinqué par le repos forcé, me voilà arpentant l’ultime dénivelé me séparant de l’objectif. L’arrivée au col m’offre un panorama sur une grande partie des Bauges, jusqu’au lac d’Annecy. Le paysage s’est paré d’une luminosité post-orageuse, aux tons orange délavé, se diffusant dans une atmosphère chargée en humidité. A droite, s’élançant dans le ciel, la Sambuy semble inaccessible tant les pentes sont vertigineuses. Elles justifient la présence de quelques marches, échelles et cordages pour assurer ses prises. A 20h15, la cime est atteinte (2198 m).

La vue est chargée en matière, notamment vers le sud et l’est, où les résidus de l’orage s’évacuent, alors que l’humidité ambiante fait valser la brume sur les reliefs baujus. Le jour se meurt progressivement, et en guise dernier adieu, le soleil a revêtu sa parure vermillon, boule rouge incandescente avant de passer derrière l’horizon. Il est temps d’installer ma modeste villégiature en ces lieux calcaires : pas de tente mais une nuit à la belle étoile, sur la caillasse mais avec le luxe d’être sur du plat, et suffisamment d’espace de part et d’autre pour ne pas rouler vers un aller simple dans l’au-delà. Le bleu de la nuit envahit les Alpes, tandis que le tonnerre résonne au loin ; il est au-dessus de Turin, bien trop loin pour être inquiétant.

Après une courte nuit, les premières esquisses du jour à l’est m’éveillent. L’atmosphère s’est débarrassée de ses nuages, prête à recommencer le jeu pour ce lundi naissant. La brume et l’humidité ternissent le paysage, un filtre naturel affadi la luminosité et les couleurs, à tel point que lorsque le soleil pointe le bout de son nez derrière le massif du Mont Blanc, celui-ci n’offre ni rayons ni chaleur. Une sphère orangée paradoxalement froide, bien différente des matins habituels. Il faut attendre près d’une heure pour en ressentir ses bienfaits, profitant de ces instants suspendus dans mon duvet. Le silence monacal est à peine trahi par les cloches des bovins en contrebas, qui s’activent.

Plus de 1000 mètres de dénivelé doivent être effectués en sens inverse. En fin de matinée, les rais de lumière deviennent presque agressifs, heureusement à midi le parking est retrouvé, signant la fin de cette petite aventure pas dénuée d’intérêt.

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Dent de Pleuven (1771 m) – Bauges
Dent de Pleuven (1771 m) – Bauges
11 octobre 2022 In Bauges No Comment

Les pérégrinations automnales se poursuivent. Après un week-end assez maussade mais quelques belles images ramenées de Chartreuse, ce début de semaine signe le retour du Soleil. Les forêts étant à leur pic de couleurs, j’opte de nouveau pour un massif des Préalpes, cette fois du côté des Bauges. Le Colombier ayant été fait l’année dernière à la même époque, je prends le temps de la réflexion sur le choix du sommet pour profiter des vues, tout en prenant en compte la récente interdiction de bivouac sur bon nombre de secteurs intéressants. Je jette alors mon dévolu sur un spot en limite de la RNCFS : la Dent de Pleuven (1771 m).

Le départ s’effectue au hameau des Magnoux, depuis une piste agricole qui se transforme petit à petit en sentier. La lecture de la carte topographique est sans appel : les cuisses et les mollets vont être mis à rude épreuve, tant le parcours est dré dans l’pentu. Mieux, un panneau prévient le néophyte trop entreprenant au démarrage, avec un cinglant « Terrain dangereux réservé aux randonneurs alpins expérimentés et bien équipés ». Qu’à cela ne tienne, c’est parti pour environ 800 mètres de dénivelé. Pas le temps de s’échauffer, le chemin perpendiculaire aux courbes de niveau active rapidement le cardio, jusqu’à atteindre la base des grandes falaises calcaires. Difficile à croire que le trajet passe là-dedans, pourtant à la faveur d’une combe plus ouverte, un passage se dévoile au droit d’une cascade. De toute évidence, l’endroit est certainement plus dangereux en fin de printemps avec des névés, où toute chute vous envoie 100 mètres plus bas pour un funeste destin. Mais en cette belle saison, et malgré les sols mouillés, une simple vigilance permet de franchir le lieu sans encombre. Ce dernier débouche sur le vaste alpage du Trélod. A droite, s’élance dans le ciel l’objectif du jour, au bout d’un abrupt vallon herbeux qu’il va falloir remonter. Une harde de chamois y est rencontrée, se détournant de moi à mon approche.

Après un ultime effort, la Dent de Pleuven est atteinte, avec pour récompense le panorama exceptionnel sur le cœur des Bauges, animé par des brumes ascendantes et fugaces. Comme annoncé sur les prévisions, l’ouest est chargé de nuages, offrant en fin d’après-midi de somptueux jeux de lumière sur les versants et le fond de vallée, puis de chaleureuses teintes avant que tout ne s’affadisse. J’installe mon abri de fortune avant que l’obscurité ne prenne le relai, puis reprends les activités photographiques quand la pleine Lune surgit par-delà l’Arcalod. La luminosité nocturne permet des captations surréalistes, les villages scintillants dans des paysages illuminés comme en plein jour.

Sans vent ni froid, la nuit a été des plus agréables. A 7 heures, les premières lueurs de l’aube se manifestent à l’est. Les nuages élevés sont déjà agrémentés de quelques rougeurs, qui s’étendent de plus en plus dans l’atmosphère. Les paysages de l’heure bleue en sont magnifiés, jusqu’à ce que le Mont Colombier s’embrase au lever de soleil. L’instant fut éphémère, l’horizon étant densément chargé en nébulosité. Il faut bien attendre une demi-heure avant que la lumière ne revienne, tamisée par un léger voile d’altitude qui la rend assez blanchâtre.

Il est temps de plier bagage, le chemin du retour a ce petit don d’échauffer les articulations des genoux, mais l’ivresse de l’automne est plus forte que tout. Encore de belles conditions d’octobre vécues sur cet emblématique sommet calcaire !

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Mont Colombier (2045 m) – Bauges
Mont Colombier (2045 m) – Bauges
20 octobre 2021 In Bauges No Comment

Voilà bien quelques jours que l’anticyclone sévit dans la région, engendrant certes du beau temps, mais des lumières fades et des ambiances loin de celles que je recherche. Qu’importe, j’ai des jours de libres et le mauvais temps est annoncé pour bientôt, il faut en profiter. Surtout, l’automne est en pleine explosion, comme a pu le montrer la consultation des différentes webcams, notamment en Bauges. Pas le temps de tergiverser, direction ce cher massif aux abords de Chambéry. Afin d’avoir une vue à 360 degrés, j’opte pour un sommet central : le Mont Colombier (2045 m).

Sur les coups de 13 heures, au parking du point coté 1183 mètres, j’attaque l’ascension en empruntant la piste forestière. La météo est peu encourageante, le ciel est encombré d’un épais voile élevé, mais les prévisions sont formelles : il se dissipera dans l’après-midi. Le sous-bois n’en demeure pas moins magnifique, resplendissant par la palette de couleurs des arbres : jaune, orange, rouge et vert. Flamboyant. Le mercure est plutôt estival, à la faveur d’un flux de sud généralisé, la montée fait transpirer, en particulier quand les alpages sont atteints, au voisinage du Col de la Cochette (1694 m). C’est d’ailleurs à ce moment-là que le soleil fait son apparition, renforçant la sensation de chaleur. Vu ce qu’il reste à faire, le palpitant ne va guère baisser en intensité, bien au contraire ! Il s’agit de remonter la crête du col jusqu’au sommet, sur près de 350 mètres de dénivelé, sur une pente raide. Je m’y attèle, en reprenant de temps en temps mon souffle et parviens à la croix sommitale vers 15h15, soit 2h15 de grimpette totale, une performance satisfaisante avec un sac dépassant les 20 kg.

Je reste un long moment là-haut à contempler les lieux et discute avec quelques randonneurs montés entre-temps, bien étonnés de savoir que je prévois de bivouaquer sur l’étroite crête. J’effectue quelques prises de vue par drone en fin d’après-midi, voyant que des nuages à l’horizon risquent de tamiser la lumière crépusculaire. Du ciel, les perspectives changent. Je m’attache ensuite de monter ma petite tente 1 place sur un pseudo-replat à une vingtaine de mètres au nord de la croix, entre un gros bloc rocheux et…le vide. On se rassurera avec le fait que je n’ai jamais été pris de somnambulisme. Le soleil décline à l’horizon et comme prévu, la lumière faiblit et devient terne sur les cimes environnantes. Je reste néanmoins à l’affût d’une bonne surprise. A l’est, la pleine lune émerge des montagnes, offrant un regain d’intérêt au moment. Contre toute attente, une trouée à l’ouest laisse filtrer les derniers rayons de soleil, inespéré ! Le secteur se pare d’incroyables couleurs violettes à roses, m’obligeant à courir sur la crête pour rejoindre un spot favorable pour immortaliser la scène. Deux minutes. L’instant aura été éphémère mais intense. S’en suit un rougeoiement des voiles élevés à l’horizon, esthétiques mais difficilement intégrables aux compositions. Au même moment, le vent a décidé de s’inviter à la partie. Moi qui pensais être suffisamment éloigné de la vallée du Rhône pour être protégé, dommage. Je rejoins mon petit abri de fortune et vaque à diverses occupations, puis ressors vers 21h et minuit faire quelques photos du paysage sous la pleine Lune. Le rendu est toujours aussi surprenant, cette sensation d’être en plein jour, où seuls les villages éclairés et les discrètes étoiles dans le ciel trahissent cette impression.
Le lendemain matin, 7 heures. C’est à peu près à cet instant-là que la sortie devient peu à peu désagréable. Les premières lueurs de l’aube se manifestent à l’est, rendant incandescents les voiles élevés toujours présents dans les cieux. Mais le vent lui aussi s’est réveillé, et plutôt du pied gauche. La toile de tente est fouettée de toutes parts. Tandis que j’effectue quelques captations du lever du jour, j’en viens à douter de la stabilité de mon abri, harnaché sur un sol peu épais et instable. Pas le choix, je fais l’impasse sur les couleurs de l’aurore et plie mon bazar en veillant à ce que rien ne s’envole, tranquillisant ainsi mon esprit. Pour autant, la soufflerie ne mollit pas, mais je tiens à saisir les quelques ambiances matinales, notamment cette belle lumière fugace sur les forêts multicolores. Au bout d’un moment, c’en est trop, je quitte le sommet pour entamer la descente. Au col de la Cochette, les conditions sont bien plus hospitalières, de quoi finir sereinement.

Une sortie plutôt mitigée sur le plan photographique, la faute à un ciel globalement voilé, parsemé de traces d’avions, ainsi qu’au vent devenu insupportable au matin. Néanmoins, revoir les versants baujus dans la flamboyance d’octobre restera un motif de satisfaction.

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