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Sylvain Clapot - Photographe > Lac

Lac

Lac du Clou (2373 m) – Alpes Grées
Lac du Clou (2373 m) – Alpes Grées
15 septembre 2024 In Alpes Grées No Comment

Bivouac au lac du Clou (2373) dans le massif des Alpes Grées en Savoie.

Le choix de la destination

Après l’incursion de l’automne en plein cœur de l’été, c’est au tour de l’hiver de venir jouer les trouble-fêtes en plein milieu de septembre. A la faveur d’un décrochage d’air polaire, la France grelote. En quelques heures, le mercure dégringole, le froid envahit les Alpes et, logiquement, les sommets blanchissent au-dessus de 2000 mètres. Le beau temps prenant vite le relai, c’est l’occasion d’aller constater cet entre-deux saisonnier en altitude, malgré la fraîcheur qui subsiste.

Bien décidé à ne sortir qu’en Savoie cette année, je ne tarde pas à jeter mon dévolu sur un de mes coins préférés : la Haute-Tarentaise et le secteur du Monal, face à ce géant magnétique qu’est le Mont Pourri. Cela devient presque un pèlerinage : l’année passée, j’étais venu à bout de la Pointe d’Archeboc, au terme d’une aventure mouvementée, sous les orages (à lire ICI et ICI). Cette fois, l’ambition est moins grande : il s’agit d’aller explorer le vallon du Clou et son lac éponyme. Ma dernière visite remonte à l’automne 2012 !

Direction le Lac du Clou

Vers 15 heures, me voici au parking de l’Echaillon (1805 m), libre d’accès, la saison estivale et sa cohorte de touristes amenés par navette étant terminée. La mise en jambes débute sous un agréable soleil, tandis que les cimes sont coiffées des nuages résiduels de la veille. Il fait étonnamment bon, rendant d’autant plus agréable la première partie du parcours jusqu’au hameau du Monal. Ce petit hameau classé, dans un écrin naturel exceptionnel, est toujours un plaisir à admirer et à traverser.

Passé cet échauffement, les choses sérieuses commencent, en arpentant le versant surplombant le site, sur près de 400 mètres de dénivelé. Une fois le barrage du Clou atteint, au-delà de la forêt de mélèzes, le paysage et les conditions changent radicalement. Un plafond nuageux dense s’est installé sur le secteur. Stationné à 3000 mètres, il encombre les plus hautes cimes, instaurant une ambiance pesante. Les lieux sont partagés entre l’automne naissant, par les alpages ayant perdu leur éclat, et la percée hivernale, par les versants nacrés. En conséquence, la température chute, la fin de l’itinéraire s’effectue les bras gelés et les mains engourdies.

Peu après 17 heures, l’objectif est atteint. Un replat herbeux est trouvé à 50 m du lac. Ni une ni deux, la tente est montée pour se réchauffer. Je me repose un moment, puis sort, en vue du coucher de soleil. La partie n’est cependant pas gagnée, les nuages sont toujours aussi compacts. Mon seul espoir se trouve du côté de la crête sud-ouest, surplombant le lac d’environ 150 m et offrant une vue de choix sur la vallée de l’Isère. Je m’y dirige et retrouve en même temps du réseau, me permettant de consulter les données météo : ce front nuageux en provenance de Suisse n’occupe que la moitié orientale de la Savoie.

A l’horizon, tout est dégagé, de bonnes perspectives pour la suite… Depuis des années, cette crête m’attirait, pensant à tort qu’elle était escarpée, voire inaccessible. Il n’en est rien. Elle se traverse avec une grande facilité et présente un caractère très sauvage. En témoigne le seul chamois croisé aujourd’hui.

Lumières crépusculaires sur la Vanoise

C’est fort loin que le regard est attiré, du côté du cœur de la Vanoise, où des cimes émergent des brumes, baignant dans la lumière crépusculaire : Grand Roc Noir, Pointe du Charbonnier, Pointe de la Sana, la Grande Motte ou encore la Grande Casse, ces hauts lieux sont tels la braise scintillant dans un foyer de glace. Les versants, drapés d’une fine pellicule de neige, sont d’un grand esthétisme. Tous les détails du relief sont révélés, une multitude de formes abstraites et éphémères s’offrent au contemplateur que je suis. De l’autre, au-dessus de Bourg-Saint-Maurice, la fournaise tant attendue arrive : le soleil flirtant avec l’horizon, éclaire par en-dessous la masse nuageuse. Hélas, je n’en profite pas, le massif de la Vanoise faisant obstacle. Il est fort probable qu’en Beaufortain, le spectacle soit extraordinaire.

La luminosité commence à tarir. M’étant bien éloigné de la tente, je redescends m’y glisser à l’intérieur, manger et faire la sieste. Septembre présente l’avantage d’avoir des nuits suffisamment longues, et donc reposantes face au rythme du photographe de paysage. En début de soirée, le ciel est parsemé d’étoiles, tandis qu’une Lune généreuse émerge des Rochers de Pierre Pointe. Les lieux sont envahis d’une douce clarté, que j’immortalise aux abords du lac. La surface de ce dernier est animée d’une brume ondulante, rasante, qui resplendit sous la lueur lunaire.

Panorama sur le Mont Pourri au lever du jour

La nuit n’a pas été si fraîche que je le craignais. Certes, le mercure est tombé à -5°C, mais l’absence de vent a rendu le sommeil relativement agréable avec ce silence monacal, calfeutré dans mon duvet. Le lendemain matin, le réveil sonne à 5h30. L’objectif est de refaire la composition faite douze ans auparavant, du lever de soleil sur le Mont Pourri avec le Lac du Clou au premier plan. Vu la configuration des lieux, pas d’autre choix que de grimper les 200 mètres de l’abrupt versant, sur le premier palier au sud de la Pointe de la Foglietta. Me voici stationné à l’endroit escompté au début de l’heure bleue : le Mont Pourri impose de sa présence, ce géant silencieux trône fièrement sur la Haute-Tarentaise.

La pénombre s’estompe peu à peu et, l’heure venue du lever de soleil, rien ne se passe. Pas de Ceinture de Vénus, pas d’étincelle sur les cimes. L’avion qui traverse l’azur est également dans l’ombre : il se passe quelque chose à l’est. En effet, l’image satellite indique un front nuageux au large de Milan en Italie. Les quelques premières minutes fatidiques sont donc estompées, mais heureusement, le soleil fait rapidement son apparition et les sommets de la Vanoise s’illuminent. Je reste un long moment sur ce promontoire à observer les ombres se faire chasser progressivement par la lumière, puis retrouve mon abri de fortune.

S’ensuit la traditionnelle sieste matinale, mon moment préféré du bivouac, où l’air frais se fraie un passage dans la tente chauffée par les rayons du Soleil, pour une harmonie parfaite. Le bien-être à son paroxysme. La détente dominicale consommée, il est temps de rebrousser chemin pour retrouver la voiture sur les coups de midi, épilogue d’une sortie riche en conditions et en paysages.

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Lac sans nom (2215 m) – Beaufortain
Lac sans nom (2215 m) – Beaufortain
14 juillet 2024 In Beaufortain No Comment

Bivouac à un lac sans nom dans le massif du Beaufortain.

Le choix de la sortie

La mi-juillet est-elle synonyme de l’arrivée tant attendue de l’été en France ? Tandis que l’Europe de l’Est transpire sous les vagues de chaleur, l’Hexagone est englué depuis de nombreuses semaines dans l’instabilité. Le beau temps durable semble enfin pointer le bout de son nez. L’occasion se présente d’aller arpenter les Alpes, à la faveur d’un week-end clément. Un vent modéré étant annoncé en altitude, je me résous à ne pas tutoyer les cimes, optant pour des secteurs plus protégés. Les conditions nocturnes se profilant favorablement, j’opte pour un objectif assez précis : immortaliser la Voie Lactée et son reflet dans un lac. Il suffit alors de prospecter la carte IGN pour trouver l’endroit convoité. C’est finalement un lac sans nom, à l’écart des itinéraires classiques, qui est retenu.

L’ascension au lac

Comme bien souvent ces derniers temps, c’est le tout proche massif du Beaufortain qui est choisi, sur son flanc côté Tarentaise. Sur les hauteurs d’Aime, à la Chapelle de Saint-Guérin (1593 m), la voiture est garée au parking. Ce dernier est déjà bien rempli, il constitue le lieu de départ de plusieurs randonnées. C’est vers l’une des plus occidentales d’entre elles que l’ascension démarre, peu avant 16 heures. La sensation de beau temps est à peine trahie par des nuages élevés çà et là, offrant un peu d’ombrage bienvenu. Le sentier arpente directement dans la pente du Bois Borgne, récupérant la piste d’alpage jusqu’au Chalet du Mont Rosset, exploitation d’altitude. Tarines et Abondances se délectent des riches prairies d’altitude, tandis que les ouvriers agricoles s’affairent à la traite, à la conduite du troupeau et autres activités.

Passé cet endroit, le secteur devient plus sauvage, place à la montagne brute, faite de grandeur et de minéralité. La sente surplombe le torrent de la Portette, donnant son nom localement à un lac, une pointe et un col. Sur un plateau chahuté, menant justement au col de la Portette, je bifurque plein sud en hors sentier sur quelques centaines de mètres. Dans un creux, se niche un plan d’eau circulaire, bénéficiant d’une ouverture de choix sur les sommets de la Vanoise. Le site s’annonce propice à mes ambitions du jour. Je profite de la fin d’après-midi pour dresser la tente sur un parterre herbeux, à l’abri du vent, un confort cinq étoiles.

Nuit féérique sous la Voie Lactée

Le soleil décline progressivement, et avec lui les couleurs se parent de teintes orangées. Les conditions anticycloniques laissent place à un spectacle relativement terne, ce qui ne m’empêche pas d’immortaliser les beaux reflets dans le lac, sous un ciel dépourvu de nuages. C’est quelques heures plus tard que les hostilités démarrent réellement. Le réveil claironne à minuit trente, après le coucher du croissant de lune. L’atmosphère est constellée d’innombrables étoiles, invitant à la rêverie. Seules les lumières des hameaux composant la station de La Plagne parsèment le versant opposé. Pendant plus de 2h30, j’erre sous cette immensité cosmique à capter la Voie Lactée, et m’adonne à quelques compositions nocturnes, grâce aux différents éléments naturels du lieu. Une nuit enivrante.

Les lueurs de l’aube

Après un bien trop court sommeil, me revoilà aux avant-postes pour accueillir l’aube. Comme la veille au soir, les conditions claires ne proposent pas de folies lumineuses, juste un éclairage progressif et en douceur. Dôme de Chasseforêt, Grand Bec, Grande Casse, Mont Pourri…Autant de sommets emblématiques de la Vanoise qui peu à peu honorent l’arrivée de l’astre solaire.

Épuisé par cette nuit éveillée, je retourne dans mon refuge de toile pour une sieste méritée, meilleur moment de la journée : quand le soleil réchauffe la tente et que l’air frais s’immisce dans les ouvertures, le tout dans un silence de cathédrale. Un bonheur simple.

Sous la chaleur dominicale, les 650 mètres de dénivelé sont dévalés, pour retrouver la voiture aux alentours de 11 heures, épilogue d’une agréable virée, marquée par la féérie nocturne et la beauté des reflets lacustres.

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Lac Curtalés (2441 m) – Cerces
Lac Curtalés (2441 m) – Cerces
30 octobre 2022 In Cerces No Comment

Décidément, cette année 2022 bat tous les records. L’été semble avoir installé ses quartiers sur nos latitudes et, malgré quelques incursions de la neige en altitude, l’ambiance est digne d’un début de septembre. Seules quelques cimes à plus de 3000 mètres portent encore les stigmates d’une neige bien chétive, tombée le mois dernier. Côté Préalpes, les montagnes ont perdu de leur éclat, les couleurs s’en sont allées et les forêts attendent leur manteau blanc qui peut-être arrivera un jour. Les sentiers étant encore praticables comme à la belle saison, c’est du côté des Alpes internes que je me rends, au sein d’une des rares vallées que je ne connais pas dans le massif des Cerces : celle de la Neuvache, aux confins du village-station de Valmeinier.

Si les conditions météorologiques sont jugées parfaites pour le commun des mortels, sur le plan photographique je sais que c’est perdu d’avance : des voiles élevés tapissent une grande partie de la France, estompant les rayons du Soleil et les reléguant au rang de lumière terne et blafarde. Qu’importe, le principal est la découverte et le dépaysement.

Le point de départ se situe au parking de la Chenalette (1750 m), terminus du chemin au sud de Valmeinier 1800. Le regard se perd dans la profondeur de la vallée, qui s’étend à perte de vue. Il va pourtant falloir en remonter une grande partie, l’objectif du jour étant le Lac Curtalés (2441 m), nécessitant une approche de 8 kilomètres. L’avantage de cet itinéraire est de présenter une pente moyenne douce, de quoi soulager les articulations qui ont tant souffert ces derniers mois.

En dépit de l’altitude, il fait étonnamment chaud au démarrage. Le sentier longe le torrent de la Neuvache pendant un long moment. Les quelques arbres restants ici, essentiellement des aulnes, ont déjà perdu leurs feuilles. De rares mélèzes se distinguent par leur éphémère parure dorée, tandis que les versants sont ponctués de bâtis isolés, tout de schistes constitués, magnifiquement entretenus ; le plus emblématique est sans nul doute le Refuge de Terre Rouge.
L’ascension se poursuit régulièrement et, après 2h45 de marche, le Lac Curtalés est atteint. Blotti au pied d’un abrupt relief marquant la frontière avec les Hautes-Alpes – et la Haute vallée de la Clarée derrière- il offre un beau panorama sur le chaînon du Thabor, perçant le ciel dans son dédale rocheux. Un replat est trouvé pour installer la tente puis, comme prévu, le coucher de soleil se déroule dans une certaine indifférence, les couleurs se sont éteintes progressivement, jusqu’à laisser place à la nuit.

Le début de soirée est consacré à quelques poses nocturnes, pour capter ce ciel trahi par les nuages élevés, toujours persistants. Plutôt faiblard à mon arrivée, le vent s’est invité à la partie et a rapidement joué la vedette. Toute la nuit, la tente a vibré au rythme des bourrasques, rendant le sommeil quelque peu compliqué. Suite à ce repos en pointillé, aux premières lueurs du jour, je m’extirpe de l’abri en catastrophe, l’atmosphère incandescente aperçue à travers l’abside ayant donné un regain d’intérêt à la sortie. L’instant aura été de courte durée, les paysages se réveillent comme ils se sont endormis, dans une lumière blanchâtre.

Le vent du sud est de plus en plus intenable, il semble prendre de l’accélération depuis la ligne de crête située entre la Pointe de Névache, la Roche du Chardonnet et le Mont Thabor. Il est temps de quitter les lieux et retrouver un peu plus de calme dans le vallon. Peine perdue, le bougre est tenace et m’accompagne une bonne partie de la descente, le paroxysme étant atteint au niveau du refuge et de la Chapelle Notre-Dame-des-Neiges.

Vers 11h30, la voiture est retrouvée, les jambes bien fatiguées par ces 16 km aller-retour. Probablement pas le bivouac le plus inoubliable, tant par les conditions météo et photographiques, mais une belle découverte que ce vallon de la Neuvache.

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Tour de l’Aiguille de Chambeyron (trek 3 jours) – Ubaye
Tour de l’Aiguille de Chambeyron (trek 3 jours) – Ubaye
16 juillet 2022 In Ubaye No Comment

Jour 1 : Fouillouse > Lac des 9 couleurs

Une nouvelle vague de canicule s’abat sur la France en cette mi-juillet. Coïncidant avec le pont du 14, l’occasion est toute trouvée pour aller chercher l’air frais en altitude. Et c’est le moment pour moi d’enfin explorer l’Ubaye, après une tentative avortée il y a une dizaine d’années. L’objectif est d’effectuer le tour de l’Aiguille de Chambeyron sur trois jours.

Le premier d’entre eux doit me conduire jusqu’au lac des neufs couleurs.

En fin de matinée, le parking de Fouillouse au terminus de l’étroite route est déjà bondé. Je m’insère dans l’une des toutes dernières places disponibles. C’est ainsi que débute l’ascension, chargé de mes 20-22 kg sur le dos. Le soleil cogne déjà fort. Fort heureusement, une petite brise vient atténuer la sensation de chaleur. La montée s’effectue sans difficulté particulière et le refuge est atteint aux alentours de 14h. Une source bienvenue me permet de me ravitailler. Au détour d’un col, une croix en métal se détache dans le ciel, elle signale le passage à prendre pour le sentier et aussi le début de la zone des lacs. Arrivé à sa hauteur, la météo est tout de suite plus fraîche : les nuages se sont densifiés, obstruant le soleil, tandis que le vent redouble d’intensité. Le secteur devient également beaucoup plus minéral. Des chaos d’éboulis parsèment les versants, des blocs rocheux tapissent le vallon et les terrains herbeux se font rares.
Peu après 15h, voilà l’objectif atteint. Nombreux sont ceux qui ont eu la même idée au vu des tentes déjà installées ici. C’est manifestement un endroit fréquenté, des petits murets de fortune ont été construits sur toutes les zones planes autour du lac. Je parviens à trouver un spot libre à l’écart du sentier. Cette protection est fort bienvenue pour contrer les assauts du vent.

Les nuages deviennent de plus en plus sombres. Quelques gouttes commencent à tomber, c’est parfait, moi qui ai prévu ce trek entièrement à la belle étoile. Je sors le poncho mais finalement fausse alerte, les éclaircies reviennent. Si l’environnement est magnifique, difficile d’identifier un endroit favorable pour les photos, le lac est trop grand et aucun cadrage ne me convient. J’erre alors à l’ouest du plan d’eau, sur les hauteurs rocailleuses, jusqu’à ce que le Brec de Chambeyron s’illumine sur le dernier quart d’heure du jour. Aucun premier plan ne me satisfait, puis je repère un petit plan d’eau circulaire en contrebas. Je m’y précipite aussitôt pour capter le reflet incandescent. C’était in extremis !

La pénombre s’installe, je regagne mon bivouac pour aller dormir, las de cette journée. La fatigue accumulée ces dernières semaines a eu raison de moi, impossible de trouver le courage de m’extirper du duvet pour capter les paysages sous la clarté lunaire, ni pour les rayons de l’aube, sous un ciel bien trop clair.
C’est vers 8h30 que je me réveille, en même temps que le soleil passe la ligne de crête. C’est sans doute là le meilleur moment de la journée, l’esprit encore léthargique, la température encore fraîche, la peau délicatement réchauffée par notre étoile bienvenue. Il est temps de plier et surtout manger un bout pour prendre des forces, la seconde étape ne va pas être de tout repos… !

Jour 2 : Lac des neufs couleurs > Lacs supérieurs de Marinet

Il est 9h15 lorsque j’attaque la deuxième étape de ce trek, et déjà la chaleur envahit les lieux. Le programme du jour est ambitieux, l’objectif est de rejoindre les lacs supérieurs de Marinet en effectuant un crochet côté Italie, dans un secteur exigeant sur le plan physique. Plusieurs cols sont à franchir, le premier d’entre eux est celui de la Gypière (2927 m), tout proche. Il domine le lac des neuf couleurs et marque également la frontière franco-italienne. De nombreux randonneurs arpentent les sentiers, dont une bonne partie se rend à la Tête de la Fréma, un 3000 emblématique du coin. Je fais l’impasse dessus et poursuis l’itinéraire dans un environnement très minéral et sec, trop sec d’ailleurs…au niveau du bivouac Barenghi (2815 m), la source ne livre aucune goutte d’eau. Moi qui souhaitais ravitailler à cet endroit, c’est une cruelle déconvenue, il va falloir compter sur les trois quarts de litre restants jusqu’à Marinet. Je rejoins un groupe d’une dizaine de randonneurs que je vais suivre sur quelques kilomètres, ceux-ci se rendant à Maljasset. De ce côté, le GR porte le nom de « Sentiero Dino Icardi », en hommage à un alpiniste de la vallée. Il contourne un éperon rocheux dominé par une roche percée, sorte de Trou de la Mouche local. Il débouche sur le petit Lago dell Finestra, surmonté du col éponyme, jusqu’à rejoindre un second col après avoir parcouru le flanc de la montagne : le Colle dell Infernetto (2783 m). Qu’est-ce qui justifie un tel nom ? L’accès depuis la Gypière n’a pourtant rien de très ardu. Est-ce à cause du versant nord bien raide, équipé de câbles ? Ou plutôt la vision d’horreur du col suivant (Ciaslaras) qui donne des sueurs froides ?

En tout cas il faut poursuivre, alors les bâtons sont pliés et rangés temporairement, afin d’avoir les mains libres pour se cramponner aux cordes et câbles fixés à la roche, fort utiles. Heureusement, ce n’est qu’une affaire de quelques dizaines de mètres. Le chemin longe le pied oriental de la Pointe du Fond de Chambeyron jusqu’à atteindre la difficulté majeure du parcours : la tant redoutée ascension du Colle di Ciaslaras (2950 m). Dans un paysage lunaire et sous un soleil de plomb, le sentier zigzague dans une pente à 60% sur près de 300 mètres de dénivelé. Le cardio est mis à rude épreuve, mais quelle satisfaction une fois arrivé au sommet. Le panorama sur la vallée opposée est grandiose, dévoilant une myriade de sommets alpins : des Aiguilles d’Arves au Mont Thabor, en passant par le Pic de Rochebrune. Sur la gauche, le lac de Marinet tranche dans le paysage par son bleu azur, de même que le relief de la Roche Noire, formé d’andésite, lui donnant de curieuses teintes vertes.

La descente côté nord du col est aussi abrupte que la montée, mais heureusement beaucoup plus courte. Le tracé franchit un dédale rocheux conduisant au col de Marinet (2787 m), localement pelé et ocre, marquant par ailleurs le retour en terres françaises. Le GR rejoint le lac du même nom en contrebas, où certains randonneurs se permettent une baignade, comme si les lacs d’altitude étaient une base de loisirs… De mon côté, je trace direct vers le refuge-bivouac à proximité et plonger ma bouteille dans le torrent, il était temps, j’étais sur la réserve ! L’abri étant libre, je m’y installe pour récupérer et profiter de la fraîcheur. Pris par la fatigue, je m’octroie même une sieste sur le plancher, dans un silence absolu, seulement trahi par le crépitement des tôles, sous l’effet de la chaleur.

Requinqué, je reprends l’itinéraire pour la dernière montée de la journée, en longeant le second lac de Marinet, au pied duquel vient mourir le front du glacier rocheux, à la forme impressionnante et magnétique. D’ici, la crête à l’ouest indique la direction des 200 derniers mètres à gravir. Je coupe droit dans la pente, cet ultime effort m’amène aux lacs supérieurs de Marinet. Nichés dans un vallon à 2682 m d’altitude entre le Pas Sud de Chillol et une crête rocheuse, ils offrent un visuel d’exception sur l’Aiguille de Chillol, culminant à plus de 3300 mètres. Un couple a déjà installé leur tente sur le replat. Je trouve pour ma part un endroit favorable pour le bivouac, et profite tranquillement des lieux en trempant les pieds dans l’eau et en vadrouillant aux alentours pour du repérage. Celui-ci m’amène au niveau du relief à l’est, surplombant d’une cinquantaine de mètres les lieux, et surtout dominant toute la vallée du Marinet, dévoilant un panorama grandiose. Le paysage est un cours de géomorphologie grandeur nature, à tel point que j’envoie le drone immortaliser de face ce géant silencieux qu’est le glacier rocheux. Le soleil décline vers l’horizon, les teintes se réchauffent, transformant les cimes en de brèves braises incandescentes, avant que quelques nuances plus sombres annoncent l’approche de la nuit. Blotti dans mon duvet, je me laisse facilement endormir, les températures clémentes aidant. Vers 2 heures du matin, petite escapade nocturne pour quelques photos sous la clarté lunaire, puis une seconde vers 6 heures pour cette fois capter le reflet parfait sur le lac. Malgré le ciel bleu digne d’une carte postale, la scène est aussi magnifique qu’apaisante.

Contrairement à la veille, je ne traine pas et quitte l’endroit à 8h15, la dernière étape n’est pas la plus courte…

Jour 3 : Lacs supérieurs de Marinet > Fouillouse

Ce troisième jour est synonyme de fin du trek. Il n’en demeure pas moins que c’est aussi la plus longue des étapes sur le plan du kilométrage. Il faut en effet retourner à Fouillouse, qui est diamétralement à l’opposé. Passer par le GR via Maljasset aurait été bien trop long, j’ai donc opté pour un raccourci au sein d’une vallée assez secrète, par le vallon de Chillol, via le tout proche Pas Sud du même nom. Le sentier n’apparait pas sur la carte IGN mais quelques cairns et un sens de l’observation permettent de descendre cette zone sauvage. En atteste ce sifflement d’un chamois, dérangé par ma présence et grimpant les éboulis avec une agilité déconcertante. Après avoir traversé un verrou rocheux sillonné par le torrent de Chillol, me voilà arrivé à la bergerie éponyme. Ma crainte était d’y rencontrer un troupeau et la gestion toujours délicate des patous. Heureusement, aucune trace humaine ne se manifeste, me permettant de continuer en toute quiétude. A partir de là, le chemin est tracé, quittant la zone d’alpage pour entrer dans la forêt. Dans cette transition, un mouvement attire mon regard à une centaine de mètres en contrebas : une silhouette canine, élancée, aux teintes gris sombre. Un loup ! Une rencontre furtive de quelques secondes avant que l’animal ne disparaisse. Quelle belle surprise !

Les genoux sont mis à rude épreuve dans cette descente, plongeant jusqu’au lit de l’Ubaye, au parking des Houerts à 1726 m, signalant le retour à la civilisation, matérialisée par le bitume de la RD25. Néanmoins, encore 8 km me séparent de la voiture ! Le tout sur ce parterre goudronneux, véritable brasier pour le pèlerin que je suis. N’étant clairement pas la plus agréable partie du circuit, je lève le pouce dans l’espoir qu’une âme charitable prenne pitié de moi. Malheureusement, milieu de matinée oblige, la plupart des personnes remontent la vallée. A mi-parcours, enfin un local me propose d’écourter cette épreuve et me dépose un peu plus bas, au parking du Châtelet (1600 m). Le panneau indique 1h30 de marche pour rejoindre le hameau de Fouillouse, situé 300 m plus haut en altitude tout de même. Qu’à cela ne tienne, c’est reparti pour la marche sur chaussée. De nouveau, je tente le stop auprès des quelques véhicules qui empruntent la route. Alors que la moitié du tronçon est avalé, une famille belge s’arrête et m’invite à les rejoindre, bien que déjà 4 à l’intérieur. J’accepte volontiers et leur montre quelques images de mon trek sur le reste de l’itinéraire. Sachant pertinemment que le parking sera complet là-haut, je leur propose en échange de bons procédés ma place de stationnement. Le deal parfait où tout le monde est gagnant.

Pourtant habitué des randos, c’est paradoxalement mon premier trek en solo sur plusieurs jours. Malgré la chaleur, la fatigue et les aléas à gérer, ce petit voyage d’une trentaine de kilomètres a été plus que concluant. L’absence de réseau a de plus permis de vivre pleinement l’expérience, en se calant sur le rythme du soleil, et du ressenti. Que retenir de ces trois jours, quels ont été les moments forts ? Le lac des neuf couleurs pas si transcendant que cela ; le tronçon côté italien physiquement exigeant (en particulier la bavante du Colle di Ciaslaras) ; le glacier rocheux du Marinet ; la beauté des lacs supérieurs de Marinet et enfin la rencontre fugace avec le loup.

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Lac de l’Ascension (2307 m) – Queyras
Lac de l’Ascension (2307 m) – Queyras
15 octobre 2021 In Queyras No Comment

Les premières dizaines de mètres sous les Aurus sont quelque peu difficiles à négocier. Encore dans l’ombre, le sentier est complètement gelé. J’avance alors prudemment pour ne pas finir cent mètres plus bas. Une fois la crête ensoleillée atteinte, je peux enfin descendre sereinement vers le Collet du Peyron. J’y rencontre un groupe de randonneurs bien intrigués par le volume de mon sac.

Je poursuis la descente jusqu’à atteindre le Petit Lac Escur. Celui-ci a l’étonnante particularité de former un cœur. C’est ici que je me contente d’un frugal repas, puis continue la découverte des lieux, impressionnant par sa beauté. Le sentier longe ensuite le Lac Escur, reflétant l’imposante muraille rocheuse du Mouriare.
Souhaitant prendre un peu de hauteur, je me rends sur un mamelon herbeux en position centrale. Je m’allonge ici pendant un long moment, à profiter du soleil. Une double sensation m’anime : à la fois la chaleur bienvenue de notre étoile, et en même temps le froid apporté par le filet de brise, rappelant qu’à la mi-octobre à cette altitude mieux vaut être habillé.

L’horloge tourne. Après réflexion, je choisis mon lieu de bivouac, ce sera au bout du Lac de l’Ascension, près de son exutoire. Un replat enherbé s’avère tout à fait adéquat, j’y dresse mon abri pour cette nuit.
Le soleil décline et les couleurs prennent des teintes chaudes sur le relief. C’est le moment d’immortaliser le coucher de soleil. A la différence de la veille, pas un seul nuage à l’horizon ne vient troubler les festivités. Un peu de texture dans le ciel au-dessus de moi aurait apporté plus de consistance au décor, mais il faut se résigner à faire avec ce bleu homogène. Posté au bord du lac, je capte les derniers instants de lumière, d’une grande pureté. Curieusement, l’incandescence forme un liseré continu sur les hautes cimes qui me font face. Avec le reflet sur le plan d’eau, l’esthétique de la scène est assez originale. Au sud, le premier quartier de lune émerge par-delà la crête du Peyron.
La fraîcheur tombe rapidement, je ne traîne pas à rejoindre ma tente, manger et me reposer, bien que la journée ait été tranquille. Pas le moindre vent et un ciel totalement clair, le froid s’empare des lieux. Bien au chaud dans mon duvet, je décline l’idée d’aller sortir en pleine nuit, et même pour le lever de soleil. La veille, j’avais pu observer comment la lumière progressait sur le secteur et la configuration du site n’est pas favorable, en contre-jour. Qui plus est, toujours aucun nuage à l’horizon, autant d’éléments qui ne motivent pas à sortir l’appareil. Il est 9h40, je plie bagages. Pour finir le tour du propriétaire, j’opte pour une boucle en empruntant le sentier longeant une grande partie du Torrent de l’Ascension, au sud-ouest. Le parcours est désert, pas âme-qui-vive croisée sur cette longue portion jusqu’au retour à la voiture. Un séjour plutôt intéressant dans ce lieu de caractère…

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Lac de Lanserlia (2750 m) – Vanoise
Lac de Lanserlia (2750 m) – Vanoise
12 octobre 2021 In Vanoise No Comment

L’acte II de mon périple automnal m’emmène cette fois un peu plus en amont de la vallée de la Maurienne, du côté de la Vanoise. Direction le parking de Bellecombe (2304 m), au terme d’une longue ascension en voiture depuis Termignon. Je me restaure dans ce bain de soleil, quoiqu’un peu frais (9°C). Mon objectif du jour est le secteur des lacs de Lanserlia, moyennant 500 mètres de dénivelé environ. La fatigue de la descente du matin se fait sentir dans les jambes, la progression s’effectue à petit rythme, ponctuée de plusieurs arrêts pour contempler les glaciers qui me font face (et reprendre mon souffle). En un peu moins de 2 heures, le col est atteint (2780 m). Le reste n’est qu’une formalité, l’un des trois lacs que je convoite se situant juste en contrebas. Le paysage est somptueux, les versants sont saupoudrés de neige, tandis que le lac vit ses derniers jours avant la longue hibernation, sous l’épaisseur de glace qui ne devrait pas tarder à se former.

Je reste un long moment près du plan d’eau à lézarder, perdu dans mes pensées, dans un silence religieux. En cette période, les touristes ont déserté et rares sont les randonneurs à venir ici, tout cela n’en est que plus agréable. L’ombre gagnant le lac, je grimpe sur un promontoire pour profiter des chaleureux rayons de soleil. Contrairement à la veille, il n’y a pas la moindre once de vent, le ciel bleu se pare quant à lui de quelques cirrus débonnaires, annonciateurs de conditions anticycloniques.

Vers 18h30, le jour commence à lentement tirer sa révérence. Je me positionne au bord du lac, devant l’imposant Grand Roc Noir qui, pour le coup, ne porte bien son nom qu’à moitié, maculé de blanc pour plusieurs mois. C’est son reflet que je suis venu chercher ici. Au fur et à mesure que le soleil approche de l’horizon, les sommets se transforment en cendres incandescentes jusqu’à l’extinction des feux. Mais le spectacle n’en est pas fini pour autant. Alors que je rassemble petit à petit mes affaires, je garde un œil sur le secteur : au nord-est, la base du ciel se pare de mille et une couleurs chaudes, tandis qu’à l’ouest des nuages élevés prennent des tonalités vermeilles. Les lieux s’imprègnent alors d’une teinte surréaliste, dans les tons roses à violacés. C’est le début de l’heure bleue. Diantre, quelle atmosphère ! Les contrastes explosent, le Grand Roc Noir et son versant pourraient presque être palpables tant le relief est marqué. La neige fraîche tranche avec les falaises sombres, la montagne claire se détache d’un ciel devenu bleu saphir, tandis que les cimes se parent d’une étrange couleur mauve. La nature a donné là une séquence particulièrement surprenante, avant d’entrer en sommeil pour de longues heures, tout comme moi, qui ne vais pas sortir de mon abri, bien au chaud dans mon duvet.

Le lendemain matin, aux premières lueurs de l’aube, je scrute les environs. L’endroit n’est pas adapté pour immortaliser le lever de soleil, dans cette cuvette à contre-jour. Il aurait fallu grimper à la Pointe de Lanserlia pour admirer la Grande Casse s’illuminer. Trop tard, et pas le courage d’y aller, je retourne au parking de Bellecombe, le sentiment d’avoir vécu la veille un moment privilégié face à ce géant de la Vanoise.

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