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Sylvain Clapot - Photographe > 2025

2025

La Belle Etoile (1841 m) – Bauges
La Belle Etoile (1841 m) – Bauges
23 août 2025 In Bauges No Comment

Bivouac au sommet de la Belle Etoile (1841 m) dans le massif des Bauges, les 22 et 23 août 2025.

Le choix de la sortie

Après l’épisode caniculaire, place à la goutte froide. Décidément, la météo semble ne pas vouloir faire dans la demi-mesure en ce mois d’août. L’air se fait plus respirable, lavé par des pluies bienvenues pour la végétation assoiffée. Vendredi oblige, il me faut trouver un endroit proche pour le bivouac post-travail. Un endroit semble tout indiqué : la Belle Etoile. Un lieu qui restera à jamais gravé dans ma mémoire où, il y a quinze mois, la foudre a traversé mon corps. Il est aujourd’hui temps de conjurer le sort. Ce sommet, au patronyme bienveillant mais chargé de souvenirs tragiques, ranime les mémoires de là-haut. Les prévisions sont consultées à maintes reprises et elles écartent tout risque d’orage.

L’ascension de la Belle Etoile

Néanmoins, la nébulosité est dense. Au petit matin, le brouillard s’accroche aux versants, peinant à se dissiper et menaçant de durer. Il y a donc autant de raisons d’espérer que de redouter. Peu après 17 heures, me voilà au parking des Teppes (1080 m), au-dessus du col de Tamié. Le Soleil s’est taillé une part belle dans le ciel de Savoie. L’itinéraire ne ménage aucun échauffement : un raide sentier grimpe à même la montagne. Il présente l’avantage de pouvoir gagner du dénivelé très rapidement, en dépit d’un sac à dos de 20 kg. En un peu plus d’une heure, j’émerge de la forêt pour atteindre la croix de Perillet (1710 m). Tous les jours, depuis chez moi, je lui adresse un regard de déférence. Elle apporte protection sur la vallée, dit-on.

Derrière elle, se dévoile l’objectif du jour, au bout d’une crête aérienne de cinq cents mètres. Au-dessus de ma tête, le tumulte s’est de nouveau installé, le brouillard coiffe bon nombre des sommets, dont la toute proche Dent de Cons. Pour compléter le tableau, le vent distille ses bourrasques, faisant danser la cime des sapins. 18h45, la Belle Etoile est atteinte. Les réminiscences du passé ressurgissent, d’autant plus que l’ambiance montre de multiples similitudes : où que se porte l’œil, les nuages accrochent les reliefs, dans des tons d’un gris menaçant ; plus surprenant encore, les jeux de lumière sur les Bauges rappellent ceux de la dernière fois, avec ce lac d’Annecy fantomatique en arrière-plan.

La brume s’invite

Bientôt, mes craintes sur l’évolution du temps se confirment. Le brouillard, qui mordait la Dent de Cons, s’engouffre par le col de l’Alpettaz puis glisse progressivement jusqu’à mon niveau. La visibilité se réduit à néant en quelques minutes. Un océan aux teintes argile se déploie partout autour et s’installe. L’astre incandescent disparait derrière l’horizon sans m’avoir laissé l’occasion de le saluer. Je profite encore de la clarté crépusculaire pour installer ma tente sur le seul replat disponible, au pied de la croix sommitale. Sur cette dernière, sont gravés ces mots en lettres saillantes : « Jésus, Marie, protégez-nous ». Je suis alors sous divine tutelle, rien ne peut m’arriver.

Alors que la nuit commence à s’installer, la brume se déchire et ondule sur cols et forêts, offrant quelques fugaces scènes emplies de poésie. Ne trouvant pas le sommeil, je patiente dans mon abri jusqu’aux environs de minuit. La toile est déjà trempée d’humidité. La voûte céleste, pourtant dépourvue de Lune, s’avère peu visible, en raison de l’éclairage urbain dans les vallées. La Voie lactée se distingue à peine dans l’azur, mais suffisamment pour tenter un timelapse. Comme dirait l’autre : ce n’est pas un échec, ça n’a pas marché. En effet, au bout de quelques minutes, la lentille de l’objectif s’est recouverte de condensation. Il fallait s’y attendre.

Féérie matinale sur la Belle Etoile

Après une courte sieste nocturne, je me réveille naturellement vingt minutes avant la sonnerie du téléphone. Comme pris d’un pressentiment, je passe la tête dehors. Quel spectacle ! La brume, en provenance de Haute-Savoie, s’immisce dans la vallée entre Faverges et Tamié, pour se déverser dans celle de l’Isère, au gré des cols. Un quart d’heure durant, j’immortalise ce ballet, mais de toute évidence, la marée est montante. Inexorablement, le rideau blanc envahit la Belle Etoile. Je me résous à penser que les festivités s’achèvent. Contre toute attente, des trouées se forment alors que le Soleil émerge par-delà le Mont Blanc. La dorure se répand dans la nuée vaporeuse, métamorphosant sans cesse les paysages.

Peu à peu, le sommet se laisse engloutir par le ressac de la mer de nuages, disparaissant sous le voile laiteux pour reparaître aussitôt dans une clarté diffuse. C’est alors que je décide d’aller contempler ce va-et-vient des flots depuis les airs, via le drone. Là-haut, la féérie est totale : Dent de Cons et Roc Rouge sont ceinturés par le brouillard, tandis que celui-ci vient buter sur la crête de la Belle Etoile, débordant par le col de l’Alpettaz. Albertville n’a jamais autant été sous la menace du Déluge.

Après huit heures, mon promontoire disparaît définitivement dans cet océan éphémère. Le retour vers le monde d’en bas s’impose. La Belle Étoile s’est fait pardonner les déboires d’antan, offrant des conditions exceptionnelles. Le pari était audacieux, mais l’abnégation semble avoir porté ses fruits. La nuit passée, humide et étroite, trouve enfin sa récompense, et je me retrouve réconcilié avec ce sommet, où l’étiquette de « maudit » n’a plus sa place.

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Rochers des Enclaves (2467 m) – Beaufortain
Rochers des Enclaves (2467 m) – Beaufortain
17 août 2025 In Beaufortain No Comment

Bivouac aux rochers des Enclaves dans le massif du Beaufortain, les 16 et 17 août 2025.

Le choix de la sortie

Une fois de plus, l’Hexagone suffoque sous une nouvelle vague de canicule, particulièrement longue et éprouvante pour les organismes. Les conditions anticycloniques ne favorisent pas les belles images, la faute à des lumières ternies par les voiles qui stagnent dans les basses couches. Les quelques orages vespéraux, pourtant bienvenus, n’améliorent en rien les conditions. C’est avec une certaine perplexité que je me décide à tutoyer les cimes, bien conscient des faibles potentialités qui s’offriront à moi. Quand l’hésitation s’impose, le tout proche Beaufortain constitue toujours une valeur sûre. Pour autant, afin de s’assurer un minimum de tranquillité, mieux vaut s’éloigner des spots à la mode, sous peine de finir en camping d’altitude. L’été bat encore son plein, certaines zones sont à éviter.

Au printemps dernier, lors d’un bivouac sous la montagne d’Outray, j’avais repéré à l’est un petit chainon sauvage, dans un des rares secteurs inconnus du massif pour moi : les rochers des Enclaves. Voilà enfin l’opportunité de partir à la découverte de cet endroit. Le départ s’effectue depuis la dernière épingle de la route sous le col du Joly, à la cote 1860 mètres. Au sud, l’objectif se distingue, il parait si lointain. Il se paie au prix de 7 kilomètres de marche.

L’ascension des rochers des Enclaves

L’horloge indique 16 heures passées lorsque débute l’ascension. Le ciel s’est paré de cumulus qui n’ont rien de décoratifs. Le Mont Blanc arbore ses apparats d’un gris sombre, le masquant dans sa totalité. Cependant les prévisions s’accordent pour dire qu’aucun orage ne menace les terres savoyardes. La montée s’effectue tranquillement dans un vallon chahuté par moult effondrements, lui donnant un aspect chaotique. Celui-ci contraste avec les quelques alpages verdoyants où paissent de belles tarines, ponctués de gouilles dans lesquelles se reflète l’azur.

Le col de la Gittaz atteint, la dernière ligne droite s’amorce, pour arpenter les rochers des Enclaves. Contrairement aux sommets classiques, le site s’étend tout en longueur, obligeant à un choix sur le panorama : soit l’extrémité sud pour dominer le barrage de Roselend, soit la partie centrale pour surplomber le barrage de la Girotte. La seconde proposition est retenue, alors qu’il règne un vent soutenu sur le plateau sommital.

Coucher de soleil depuis le sommet

J’explore la zone méridionale, tandis que les rayons se diffusent à travers les nuages vers l’ouest. Par le jeu du hasard, se succèdent dans les plans deux visions de la foi : ancestrale avec la croix marquant la montagne d’Outray, moderne avec le sommet des remontées mécaniques du Mont Bisanne (domaine skiable des Saisies). L’astre incandescent glisse inexorablement vers l’horizon. Les micaschistes et gneiss sous la Tête de la Cicle se parent de teintes chaudes, amplifiées par la couleur naturellement rosée des roches. Phénomène de courte durée, le Soleil rencontre les voiles épais des basses couches, puis prend alors son aspect de boule rouge.

Il n’éclaire déjà plus rien, mais offre un magnifique spectacle dans ses dernières minutes de vie. Le petit point vermeil vient se loger près du fauteuil de la Tournette, ultime souffle du jour avant l’arrivée de la nuit. En contrebas, un cri m’interpelle : une immense harde de 20 à 30 bouquetins traverse le pierrier, tels des fugitifs échappant à je ne sais quelle menace.

Nuit humide à la belle étoile

Avant que l’obscurité ne soit complète, je trouve un replat abrité du vent pour y installer mon bivouac, se réduisant à un tapis de sol, le duvet entouré de son sursac protecteur. L’humidité se fait déjà ressentir à en juger la moiteur des vêtements. Je m’assoupis un moment avant de sortir peu avant minuit, pour quelques images de la voie Lactée. L’exercice est peu convaincant, l’atmosphère souffre d’un cruel manque de limpidité. En témoigne la buée qui se forme continuellement sur le matériel photographique. Au sud-est, d’incessants flashs trahissent la pénombre : un orage sévit sur le piémont italien. Quelques minutes plus tard, la Lune jaillit par-delà le Mont Blanc, distillant sa lumière argentée sur le paysage nocturne.

Douceur de l’aube aux Rochers des Enclaves

Après quelques heures d’un sommeil en pointillés, le réveil sonne vers 6 heures. Tout est trempé : sac, duvet, affaires. L’humidité s’est amplifiée. Elle se manifeste également dans le ciel, le Mont Blanc arbore de nouveau son écharpe de brume, débordement des masses d’air en provenance de Suisse et d’Italie. Le jour s’éveille dans des couleurs blafardes, affadies par l’hygrométrie élevée. Pour preuve, le tout proche massif des Aravis est à peine discernable. Lorsque le Soleil émerge à l’est, de beaux jeux de lumière s’invitent, tantôt diffusée par la brume, tantôt filtrée par les nuages, telles des percées divines.

A 9 heures, il est temps de quitter les lieux pour entamer le chemin du retour. Deux plus tard, la voiture est retrouvée, épilogue d’une sortie aux ambiances plus belles qu’imaginées, de quoi être satisfait.

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La Roche Pourrie (2037 m) – Beaufortain
La Roche Pourrie (2037 m) – Beaufortain
6 août 2025 In Beaufortain No Comment

Bivouac à la Roche Pourrie, 5 et 6 août 2025, massif du Beaufortain

Le choix de la sortie

Après un éprouvant trek de 90 km autour de la chaîne des Puys en Auvergne la semaine précédente, retour dans mes massifs alpins. Les pieds encore endoloris par l’effort, il me faut ménager ma monture en optant pour un parcours modeste. La météo présentant des conditions anticycloniques avec une Lune brillant fort, il s’avère inutile d’aller très loin. Chercher la pollution lumineuse des villes, conjuguée à la clarté nocturne, constitue une option à privilégier, comme il y a un mois jour pour jour au Grand Arc. L’analogie du raisonnement me conduit même à aller explorer un sommet qui m’observe au quotidien, au-dessus d’Albertville : la Roche Pourrie (2037 m). Il s’agit d’une des cimes les plus à l’ouest du massif du Beaufortain, les flancs qui la bordent plongent jusqu’aux rivières de l’Isère et de l’Arly, dans la vallée urbanisée.

C’est également un jour particulier, le 5 août étant mon anniversaire. Quoi de plus normal que d’aller célébrer cela en bonne compagnie, avec mes montagnes. Direction le parking du Chalet forestier des Chappes (1480 m), au terme d’une longue route zigzaguant dans la forêt.

Ascension de la Roche Pourrie

Un trajet relativement court m’attend, seuls 550 mètres de dénivelé sont au programme. L’ascension débute par une mise en jambes en pente douce, sur la piste puis le sentier, jusqu’à atteindre le chalet du Haut du Pré où stationne un troupeau de tarines. Malgré un retour annoncé de la chaleur, les températures restent agréables, la fraîcheur est même de mise, le ciel étant fortement chargé en nébulosité, le Soleil peine à se frayer un passage. La dernière partie de l’itinéraire est aussi la plus sportive : les courbes de niveau se resserrent, la pente s’accentue. Après d’ultimes efforts, me voilà parvenu à mon objectif. L’endroit s’apparente davantage à une crête déchiquetée, sur laquelle reposent une stèle et deux tables d’orientation. Côté sud, un dédale d’éboulis qui contraste avec la végétation basse et les quelques résineux de la face opposée.

Au-dessus des Bauges, un imposant nuage surplombe le massif. Les rayons du soleil filtrent au travers, offrant d’envoûtants jeux de lumière sur la vallée de l’Isère. Ceux-ci s’estompent lorsque l’étoile approche de l’horizon, apportant une dorure relativement éphémère aux versants qui m’entourent. Rapidement, la luminosité s’affadit, les voiles à l’ouest tamisent l’éclat de l’astre incandescent. Au fur et à mesure qu’il descend, il se transforme en boule rouge, petite étincelle perdue dans un paysage sans contraste. Par-delà la Dent de Cons coiffée d’une écharpe de brume, le Soleil expulse son dernier souffle, passant le relai à la nuit. A l’opposé, la Lune pleine à 86% se manifeste derrière les nuages qui se déchirent.

Nuit humide

Les ombres progressant, j’installe un campement des plus sommaires. Etant donné l’exiguïté du site, la tente est restée à la maison, optant pour une nuit à la belle étoile. Un simulacre de replat entre la stèle et l’une des deux tables d’orientation constituera mon spot de bivouac. Malgré l’inconfort certain, le fait d’être calé entre les deux constructions m’évitera toute glissade dans le précipice en cas de sommeil agité. Je patiente à l’extérieur, guettant la fin des dernières lueurs à l’horizon, pour entamer quelques captations nocturnes. Malheureusement, le résultat n’est pas à la hauteur de mes attentes. L’atmosphère semble être gorgée de particules, les paysages ne jouissent pas d’une grande limpidité. La lumière des villes se diffuse dans l’azur en créant des halos bien inesthétiques, je n’insiste pas. En dépit des températures clémentes, je peine à m’endormir, le sol étant caillouteux et à l’évidence bosselé.

Teintes blêmes au réveil

Après seulement environ quatre à cinq heures de somnolence, le ciel d’Orient s’éclaire. Duvet et affaires sont perlés de rosée, preuve du fort taux d’humidité régnant en altitude. Les voiles paraissent avoir gagné en intensité, notamment au-dessus du Mont Blanc, où timidement les rougeurs s’amorcent. Partout, les éléments sont estompés, les Alpes se parent de couleurs pastel. Aux tons églantine des cieux s’opposent les nuances indigo des zones encore dans l’ombre. Quelques vallées de Haute-Savoie arborent des mers de nuages localisées, qui débordent par les cols.

Dans une certaine indifférence, le Soleil jaillit du massif du Mont Blanc, distillant de pâles rayons sur de blêmes montagnes. Devant ce fade spectacle, j’allais plier les affaires, quand un ballet de brume s’invite sans prévenir. Ondulant sur les tout proches versants, ils se transforment en draperies dorées, d’une majestueuse beauté, quelques minutes durant. Un cadeau inespéré pour clore cette session à la Roche Pourrie.

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Gros Peyron (3046 m) – Mont-Cenis
Gros Peyron (3046 m) – Mont-Cenis
23 juillet 2025 In Mont-Cenis No Comment

Bivouac au Gros Peyron (3046 m), massif du Mont-Cenis, le 22 et 23 juillet 2025.

Le choix de la destination

Pendant que les touristes continuent de s’agglutiner sur les spots à la mode (lac Blanc, lac du Crozet, Rocher du Vent, etc), je poursuis ma quête de lieux reculés, où la probabilité de rencontrer mes semblables avoisine le zéro.

Ces mardi et mercredi sont, semble-t-il, la seule fenêtre météo de la semaine. La pluie et les orages, bienvenus pour la végétation, s’invitent durant cette fin de juillet. L’été étant bien installé sur les hauts reliefs, je vais enfin pouvoir tutoyer les 3000 mètres, pour changer des montagnes à vache et trouver des conditions plus minérales, des panoramas qui portent vers le lointain. C’est alors du côté de la Haute-Maurienne que se porte mon choix, car, pour citer un défunt président : c’est loin, mais c’est beau.

Là-bas, la rive droite de l’Arc m’est de facto refusée, s’agissant du parc national de la Vanoise, royaume des interdictions et des flux canalisés. Heureusement, la rive opposée regorge de vallées sauvages, plus ou moins sauvegardées du tourisme de masse. L’une d’elles retient mon attention, pour l’avoir déjà parcourue à deux reprises : le vallon d’Etache (voir article ICI). Mon ambition est d’aller encore plus haut, un sommet marquant la frontière franco-italienne : le Gros Peyron (3046 m).

Cap vers le Gros Peyron

Sous un beau soleil, le départ s’effectue depuis le parking de la Ferme d’Etache (2000 m), terminus de la route perpendiculaire au vallon d’Ambin. Les deux premiers kilomètres en fond de vallée permettent une mise en jambes progressive, tandis que l’objectif du jour, visible d’en bas, me nargue. Il paraît si loin et inaccessible.

Les hostilités débutent réellement à partir du Fond d’Etache (2108 m). Sur la droite se dresse une muraille prairiale qu’il va falloir arpenter juste après avoir franchi le torrent via une passerelle en bois, cassée en deux.

Le sentier aboutit au Plan des Eaux (2470 m), vaste replat au pied du Grand Bec d’Etache, où les zones herbeuses côtoient les éboulis et autres roches polies par de préhistoriques glaciers. Cet endroit marque la fin de l’itinéraire matérialisé sur la carte IGN. La suite du parcours est plus confidentielle, la sente moins évidente. Celle-ci s’engouffre dans un couloir dominant le secteur, trait d’union avec un tout autre univers, ultime tronçon en direction du col d’Etache. Les derniers alpages laissent place à un chaos rocheux, lunaire, composé de quartzites et de cargneules dispersées çà et là.

L’arrivée au col marque la frontière franco-italienne. A gauche, le Gros Peyron me surplombe de 250 mètres. La minéralité du lieu est totale. Épuisé par l’altitude et une fatigue accumulée depuis des mois, je serre les dents pour cette ascension finale, lesté de mes 18 kg sur le dos. Pour se repérer dans cette uniformité rocailleuse, les cairns, nombreux, se révèlent salvateurs. Après 3h30 d’effort, me voilà enfin arrivé à bout de cet entêtant caillou. La cime n’est pas une pointe, mais un demi-dôme allongé, qui se poursuit au sud jusqu’au Pic du Diable, avec d’abruptes parois sur le flanc oriental. Le panorama est saisissant sur les massifs emblématiques : la Vanoise avec la Grande Casse, la Grande Motte et les glaciers, et les Écrins, où se découpent dans le ciel la Barre des Écrins, la Meije et le Pelvoux.

Bivouac au sommet

Une place de bivouac, plate et sableuse, est aménagée à côté du cairn sommital. J’y plante la tente, puis pars en repérage aux alentours. L’instinct et la lecture du paysage me conduisent plus au sud, afin d’aller chercher les falaises, à 15 minutes à pied. Le belvédère, vertigineux, domine le Plan d’Etache et son immense glacier rocheux. Le soleil décline, les ombres envahissent les versants, je retourne vers mon abri de fortune, puis tombe nez à nez avec une harde de bouquetins. Ils sont aussi surpris que moi, et déguerpissent aussitôt, sifflant à tout va. Au loin, le cri angoissant des lagopèdes résonne dans l’immensité.

Le soleil couchant allume les crêtes comme un brasier qui consume le jour. Mon regard est irrésistiblement attiré vers les Écrins, où l’intensité est décuplée. La nuit s’installe progressivement et, malgré l’altitude, la température reste tout à fait acceptable, le thermomètre indique cinq degrés.

La brume s’invite sous le Gros Peyron

Exténué, le sommeil m’emporte. Repos de courte durée, le réveil sonne à 23h30 : place aux images nocturnes, dans ce ciel dépourvu de Lune, propice pour visualiser la Voie lactée. C’est la première chose que je vois en sortant la tête de la tente, côté sud, pour contrôler l’état de l’atmosphère. Côté nord, une vaste masse blanchâtre m’interpelle. En dépit de toutes les prévisions météorologiques, une improbable mer de nuages s’est formée en Haute-Maurienne, investissant chaque vallée, jusqu’à s’échouer au pied du Grand Bec d’Etache, à environ 2600 mètres d’altitude. Quelle incroyable chance, moi qui affectionne tant ces fééries brumeuses !

Je retourne alors au spot repéré quelques heures auparavant, moyennant une approche de 15 minutes à la frontale dans ce dédale minéral. Sur mon rocher au bord du vide, où tout faux pas m’entrainerait 300 mètres plus bas, je contemple le spectacle silencieux. Malgré l’absence de lune, les formes sont bien visibles dans l’obscurité, les quelques nuages rétroéclairent discrètement les lieux grâce aux lumières des cités italiennes, notamment Susa et Bardonnecchia, toutes proches. Je reste plus d’une heure à immortaliser cette scène, constamment animée par les va-et-vient de la brume, lent ressac d’altitude. Le bruit constant des torrents en contrebas renforce cette ambiance maritime.
Devant cette rare fantasmagorie, la Voie lactée en devient anecdotique, bien qu’elle se dresse majestueusement dans le céleste. Je regagne ma tente aux alentours de 1h30, la toile est partiellement trempée, preuve de l’humidité régnant par ici.

L’aube

Peu après 5 heures, le réveil me tire de mon duvet. L’horizon se pare de lueurs témoins du jour naissant. Un fin croissant de lune émerge des Alpes, lové dans un dégradé allant de l’orange au bleu, instant d’une sereine poésie. Derrière, la mer de nuages a totalement disparu, comme si j’avais vécu un rêve éveillé quelques heures plus tôt. Sous un ciel parfaitement limpide, l’aube perd de son intérêt. Les plus hautes cimes s’illuminent une à une, jusqu’à ce que le soleil surgisse des Dents d’Ambin, délivrant ses rayons bienvenus. Finalement, au plus froid de la nuit, le thermomètre n’est pas descendu sous les trois degrés, il a probablement fait plus frisquet en vallée avec l’inversion.

Après une sieste brève mais bien méritée, je quitte le Gros Peyron à 9 heures pour entamer la descente. Deux heures et demie plus tard, je retrouve la voiture, les jambes en feu mais avec l’impression d’avoir été le témoin privilégié d’un moment rare en montagne.

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Grand Arc (2484 m) – Lauzière
Grand Arc (2484 m) – Lauzière
6 juillet 2025 In Lauzière No Comment

Bivouac au Grand Arc, massif de la Lauzière, 5-6 juillet 2025.

Le choix de la destination

La première canicule de l’année, précoce, touche à sa fin. Relative accalmie avant une probable nouvelle offensive d’un climat contrarié. Il fait encore chaud en vallée, prétexte idéal pour vagabonder en altitude. Les conditions anticycloniques n’offriront guère de belles lumières, tandis que la presque pleine lune empêchera toute observation de Voie lactée. C’est donc l’occasion d’aller côtoyer les cimes proches des villes, afin de composer avec la pollution lumineuse sous la clarté lunaire.

Depuis deux ans, un sommet me nargue, visible depuis chez moi : le Grand Arc. Voilà exactement 17 ans que je ne l’ai pas arpenté, tout jeune étudiant que j’étais, jadis.

Ascension du Grand Arc

Ainsi me voilà embarqué dans cette aventure du week-end. J’opte pour l’itinéraire le plus direct, depuis le parking du Chenalet. Celui-ci, à 1675 m, constitue le terminus de la piste forestière surplombant Montsapey.

Le thermomètre indique dix degrés de moins qu’en bas. Néanmoins, à la sortie de la forêt vers 17 heures, le soleil déploie des rayons brûlants, de quoi faire abondamment transpirer. La quasi-totalité du parcours s’effectue à découvert, dans les alpages. Environ 800 mètres de dénivelé sont nécessaires pour atteindre l’objectif du jour.

A bon rythme, je progresse. Moins d’une heure après le départ, me voici au lac Noir (2014 m). Sa facilité d’accès et la chaleur ont évidemment attiré les foules : baignade, bruit et déjà 6 tentes installées. Je râle en silence et traverse le lieu sans m’arrêter. Là où je vais, aucun groupe n’osera y passer la nuit.

La seconde partie de la rando est aussi la plus raide. Elle emprunte la crête jusqu’au terminus. Le panorama se dévoile peu à peu : le lac noir en contrebas, la vallée de la Maurienne et le massif de la Vanoise.

Sur les tout derniers mètres, le seigneur des Alpes se montre. Jusqu’alors caché par le Grand Arc, le Mont Blanc récompense l’effort. Il est 19 heures, mon objectif est atteint.

Comme prévu, le paysage est quelque peu voilé, tandis qu’il règne ici un vent tempétueux, de secteur nord-ouest. Il va s’avérer difficile de dormir sur le minuscule plateau sommital, où reposent une croix et deux tables d’orientation, balayés par les rafales.

Bivouac au sommet

La tente est restée à la maison. Connaissant la topographie du lieu, impossible de l’installer par ici, c’est donc une nuit à la belle étoile qui est prévue. Après avoir prospecté les alentours, un simili replat dans une étroite combe fera l’affaire : la protection contre le vent prime sur le confort.

L’horizon étant bouché, le jour se meurt dans une certaine indifférence, après quelques timides percées de lumière sur les Bauges.

Les ombres gagnent peu à peu du terrain, mais une clarté subsiste une fois la nuit tombée : la Lune, haute dans le ciel, brille à trois quarts. Elle équilibre la luminosité des villes dans le paysage alpin. J’immortalise ces scènes jusqu’à minuit, alors que le vent s’estompe au fil des heures.

Couleurs du matin

Après 5 heures d’un sommeil haché mais reposant, dans la fraîcheur sommitale, me voilà de nouveau l’appareil photo en main. Des nuages élevés ponctuent le ciel, notamment aux abords du Mont Blanc. Ils rougeoient sans constituer un spectacle flamboyant. Un simple éclat éphémère, avant que ne surgisse le soleil, entre le toit de l’Europe et le Grand Combin. Durant près d’une demi-heure, l’astre incandescent propose quelques beaux jeux de lumière sur la Savoie, au gré des passages nuageux. La vallée d’Albertville se pare de rais mêlant à la fois douceur et mystère, sous des cimes baujues éclairées de teintes blafardes.

Derrière moi, un bruit m’interpelle : un chamois à plus de 100 mètres, qui déjà disparaît de ma vue. À ma droite, tout proche, un rougequeue noir curieux me rend visite. Je tourne la tête, il s’envole. Il est également temps pour moi de quitter les lieux, content d’avoir foulé de nouveau le Grand Arc. En moins de deux heures, moyennant un crochet par le Char de la Turche (2010 m), le parking est retrouvé, au terme d’une belle sortie, toutefois sans conditions exceptionnelles.

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Rocher de la sèche (2580 m) – Vanoise
Rocher de la sèche (2580 m) – Vanoise
22 juin 2025 In Vanoise No Comment

Bivouac au Rocher de la Sèche (2580 m), massif de la Vanoise, le 21 et 22 juin 2025.

Le choix de la destination

En cette mi-juin, les Alpes et la France tout entière suffoquent. Un blocage anticyclonique fait remonter l’air chaud en provenance d’Afrique. En conséquence, les températures croissent de jour en jour, pour atteindre leur paroxysme ce week-end. Il apparaît naturel et vital d’aller chercher la fraîcheur en altitude, d’autant plus que ce samedi constitue le solstice d’été, événement à célébrer là-haut, comme il se doit.

Pour autant, il va falloir sélectionner la destination intelligemment. Le début de la saison estivale et la chaleur font se déplacer les foules. De plus en plus, la montagne devient un endroit à la mode, les lieux connus se transforment en grand cirque à ciel ouvert, attirant une population bien éloignée des valeurs traditionnellement requises pour ce type d’activité. Résultat : des grands rassemblements de tentes, des lacs pris pour des bases nautiques, du bruit ou encore des feux anarchiques.

N’ayant aucune envie de côtoyer cette faune-là, je poursuis ma quête de lieux plus intimes, moins « instagrammables ». Direction une des rares vallées de Savoie que je n’ai pas encore explorée à ce jour : celle de Champagny-en-Vanoise, où s’écoule le Doron éponyme. Il faut poursuivre la route RD91b afin de rejoindre le hameau de Champagny-le-Haut, sortant ainsi de l’ambiance de station de sports d’hiver régnant depuis Moûtiers. On pénètre alors dans le royaume de la Vanoise, où le beau et l’équilibre se conjuguent pour le bonheur des yeux. Ce petit village authentique est blotti dans un écrin de nature sauvage et abrupte, que je m’apprête à arpenter.

Ascension au Rocher de la Sèche

Peu après 15 heures, la voiture est garée au parking bordant le hameau (1470 m). Une tenace préoccupation va m’accompagner tout au long de l’ascension : la météo va-t-elle tourner à l’orage ? Les prévisions semblent pourtant unanimement optimistes. Toutefois, elles l’étaient également la veille, mais certains secteurs se sont fait copieusement arroser et la foudre a pilonné les hauts massifs. Preuve que mon trauma de l’année dernière persiste.

La rive droite du Doron de Champagny est bordée d’une muraille de prairies et de roches dépassant les trois mille mètres d’altitude. Il va falloir en remonter une grande partie, puisque 1100 mètres de dénivelé sont programmés pour rejoindre l’objectif du jour, aux abords de Froide Fontaine, au sommet du Rocher de la Sèche.

Sous un soleil accablant, les premières foulées sont délivrées. Je profite de la fraîcheur offerte par le bois de la Combe dominant les habitations, dont je m’extirpe hélas bien trop rapidement. L’itinéraire emprunte ensuite sans discontinuer les alpages, via un sentier sinueux et raide, ne ménageant nullement cuisses et mollets, surtout chargé de mes 18 kg sur le dos.

J’atteins rapidement les bâtiments de Lécheron (2100 m), où je rencontre les bergers. Ces derniers me rassurent sur la météo qui ne devrait pas empirer. Pourtant l’ennuagement s’est intensifié, les cumulus d’un gris menaçant enrobent les cimes. Le vent souffle également fort, il commence presque à faire frais quand les nuages obstruent le soleil. Après un nouvel effort, j’atteins le chalet de Fontaine Froide (2450 m). J’y salue son propriétaire : ce sera mon lieu de repli si la météo tourne au vinaigre.

Coucher de soleil sur la Vanoise

Un panorama saisissant

Quelques enjambées plus tard, me voilà arrivé à destination, trouvant ce que je suis venu chercher : l’anonymat d’un lieu à l’écart des sentiers, vulgaire point côté 2580 m sur la carte IGN, mais offrant un panorama de premier choix sur la vallée.

Telle une île au large de l’océan, l’endroit est exposé aux quatre vents (surtout à celui d’ouest, en vrai). De magnifiques jeux de lumières s’offrent à moi ici, filtrées par les nombreux cumulus, apportant une touche de poésie sur les versants.

Autant la météo semble hostile en Suisse et au nord de l’Italie, à en croire mes applications spécialisées, autant les Alpes françaises paraissent épargnées par le courroux des cieux. Me voilà rassuré.
Je salue le soleil, disparaissant derrière la Pointe du Tougne, distillant au passage quelques teintes rougeâtres sur les sommets de Vanoise.

Panorama depuis le rocher de la sèche au-dessus de Champagny-en-Vanoise
Tombée de la nuit sur la vallée

Féérie nocturne

Il est temps d’aller chercher un endroit abrité pour installer mon bivouac. Un replat trouvé en dessous fera l’affaire. La tente est mise en place à la tombée de la nuit, la montre indique 22 heures.
Le réveil m’arrache d’un sommeil à peine trouvé, à minuit et demi. Place aux photographies nocturnes. Du côté du cœur de la Vanoise, la pollution lumineuse est presque inexistante, la Voie lactée se dresse majestueusement dans le céleste, formant un arc de cercle entre le Becqui Rouge (nord-est) et le Grand Bec (sud). Jusqu’à 2 heures du matin, j’immortalise le plafond astral, dans un silence absolu, même le vent s’est tu.

A 5h30, le réveil retentit de nouveau, mais cette fois la fatigue prend le dessus. Le ciel trop limpide et uniforme ne favorisera aucune production de belle image. Je profite alors des premières caresses du soleil, blotti dans mon duvet. Les rayons ardents sèchent rapidement la toile, perlée de rosée d’une nuit humide. Quelques oiseaux chantent, des cris de marmottes retentissent au loin. Je sors la tête de la tente : à 100 mètres, un vieux bouquetin solitaire contemple le paysage. Mon alter ego.

Bivouac au rocher de la sèche, sous la voie lactée au-dessus de la Vanoise

Retour en vallée

Sans la moindre culpabilité, je joue la montre ici, guère déterminé à retrouver la civilisation, surtout que ce dimanche est annoncé comme étant le pire de la semaine en termes de chaleur. Finalement, à 10h30 débute le chemin du retour. Deux heures plus tard, le parking est retrouvé, sous un cagnard piquant, faisant redouter les retrouvailles avec les basses vallées.
Un parcours physiquement exigeant, mais quelques belles ambiances captées là-haut, le solstice d’été 2025 aura été dignement honoré en terres savoyardes.

Bivouac au rocher de la sèche
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Secteur du vallon du Clou (2362 m) – Alpes Grées
Secteur du vallon du Clou (2362 m) – Alpes Grées
31 mai 2025 In Alpes Grées No Comment

Bivouac dans le secteur du vallon du Clou (2362 m), massif des Alpes Grées, le 30 et 31 mai 2025

Le choix de la destination

On poursuit l’optimisation du week-end de l’Ascension afin de profiter des Alpes. Quittant les terres du Beaufortain, où la foule cycliste et motorisée s’est donnée rendez-vous, je bascule côté Tarentaise sur Bourg-Saint-Maurice. Je remonte la vallée direction Sainte-Foy-Tarentaise, jusqu’à atteindre le parking de l’Echaillon (1805 m). Celui-ci s’accède depuis la station, via une route, puis une piste qui serpente dans la forêt. Il s’agit d’un des deux principaux points de départ pour atteindre le célèbre hameau du Monal. Sous le grésillement de la ligne très haute tension qui surplombe la zone de stationnement, j’entame la sortie aux alentours de 14h30.

Hier, la fraîche bise m’avait accompagné tout le long du parcours. Les conditions du jour sont tout autre : les nuages ont été chassés, dévoilant un ciel d’un bleu vif et uniforme, où le soleil règne sans partage. Les températures ont quant à elles bondi en flèche. Malgré l’altitude honorable, la chaleur se fait sentir dès les premières foulées.

La visite du Monal et ses environs est devenue au fil des années une sorte de rituel, une tradition, que de traverser ce site classé, tant le cadre y est inspirant. Ayant plutôt l’habitude de m’y rendre en octobre, lorsque les mélèzes dorés subliment les lieux, c’est la première fois que j’y vais si tôt dans la saison. Les résineux tapissant le versant ont revêtu leurs aiguilles d’un vert tendre, contrastant avec les sommets encore densément enneigés.

L’objectif du jour est de sortir des sentiers battus, en allant explorer plus en profondeur un endroit repéré l’automne dernier, à quelques encablures du lac du Clou. Le potentiel y avait été jugé prometteur par les différents points de vue qu’il propose.

Cap vers le vallon du Clou

Sous un soleil de plomb, je poursuis l’ascension à bon rythme. Les paysages gagnent en majesté au fur et à mesure de la montée, jusqu’à atteindre un point significatif près du barrage. Au caractère impressionnant du Mont Pourri d’un côté répond la vastitude du vallon du Clou et de toutes les cimes qui le ceinturent.

Plusieurs gouttes de sueur plus tard, le lac est atteint. Niché dans un creux du relief, il est encore pris dans les glaces, bien que la débâcle soit à l’œuvre.

Je bifurque sur la gauche, pour me diriger en hors-sentier en direction des Monts, relief bordant le sud-ouest du plan d’eau. A l’extrémité se trouve un replat bénéficiant de points de vue intéressants à la fois sur le vallon du Clou et le Monal. Quelques mares gorgées par la fonte des neiges complètent le tableau, avec déjà des compositions qui fusent dans ma tête. Pendant plusieurs heures, je lézarde sous le soleil diffusant ses rayons brûlants, puis j’installe la tente sur des herbes encore jaunies par un hiver trop long.
Au loin, des bruits attirent l’attention : des jeunes bouquetins, curieux, surveillent le pèlerin que je suis, avant de continuer leur occupation. De l’autre côté, des vrombissements sourds surgissent de la montagne. Celle-ci vomit ses trop-pleins de neige surchauffée par ce vendredi quasi caniculaire, dévalant les couloirs avec véhémence.

L’astre ardent continue son inexorable course vers l’horizon, puis délivre dans ses dernières minutes ses rais chargés de teintes orangées. Les sommets alentours se transforment temporairement en braises incandescentes, sous un ciel hélas totalement dépourvu de nuages. Les petits plans d’eau repérés prennent là tout leur intérêt, reflétant à merveille ce décor. Aux dernières cimes consumées succède l’heure bleue, ultime souffle des paysages avant la conquête de l’obscurité. Seul un fin croissant de Lune illumine le céleste, peu à peu rejoint par d’innombrables scintillements d’étoiles.

Sous la Voie lactée

Le coup de chaud temporaire sévissant en France se ressent également durant la nuit, relativement douce, sans humidité ni vent. Les photons emmagasinés toute la journée semblent rejaillir de mon corps, je peine à trouver le sommeil malgré les épaisseurs enlevées. Finalement, je ressors de la tente à 1h30 pour capter la Voie lactée. Cette dernière s’élance en arc de cercle de la Pointe de la Foglietta aux rochers de Pierre Pointe. Un peu plus tard, les mares jouent de nouveau leur rôle, avec les reflets estompés du dôme étoilé. La sérénité du moment n’est chahutée que par les avalanches qui se poursuivent sur la montagne en face, cette géante rendu mystérieuse et menaçante par la nuit.

Pris d’épuisement, et sous un insolent ciel clair, l’impasse est faite sur l’aube, préférant profiter des premières heures du jour sous mon abri, jusqu’en milieu de matinée. Entre temps, le ciel s’est orné de cirrus, n’altérant cependant pas la lourdeur de l’atmosphère.

Peu avant midi, la voiture est retrouvée, épilogue d’une belle sortie en terres tarines.

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Crête des Gittes (2538 m) – Beaufortain
Crête des Gittes (2538 m) – Beaufortain
30 mai 2025 In Beaufortain No Comment

Bivouac sous la crête des Gittes (2538 m) dans le massif du Beaufortain, 29 et 30 mai 2025.

Le choix de la destination

Ce dernier week-end de mai s’achève de la plus belle des manières, avec le long pont de l’Ascension. Une fois n’est pas coutume, une fenêtre de beau temps s’intercale durant ces quelques jours, l’occasion d’aller parcourir les montagnes de Savoie. La neige, encore bien présente en altitude, empêche de faire des boucles engagées par-delà les cols à plus de 2500 mètres. Il faut encore opter pour les parcours exposés sud, plus sécuritaires. C’est donc deux randonnées indépendantes que je planifie.

La première d’entre elles me conduit, une fois de plus, du côté du Beaufortain, sur un secteur que je convoite depuis quelque temps : la crête des Gittes. Celle-ci emprunte une variante du GR5 (tour du Beaufortain), se dirigeant vers le célèbre refuge du Bonhomme.

J’opte pour le parcours le plus direct, depuis le cormet de Roselend. La météo favorable conjuguée au jour férié a attiré les visiteurs. Voitures, motos et vélos se sont donnés rendez-vous sur le bitume de la RD925, afin de profiter des panoramas offerts par l’itinéraire.

Cap sur la crête des Gittes

D’ici, l’objectif du jour est visible, me surplombant au loin, coiffé de quelques névés résiduels. Il est 14 heures quand j’entame mes premières foulées sur la piste d’alpage. Celle-ci serpente dans le versant dans une pente modérée, préservant ainsi mes mollets.

Visiblement, la carte IGN n’est pas à jour, ou alors les travaux sont récents : le chemin, qui initialement se transformait en sentier à la cote 2130 m, a été prolongé sur 200 mètres de dénivelé supplémentaire, ce qui me fait rater la sente devant me conduire au col de la Sauce. Preuve du caractère nouveau de l’aménagement, l’instabilité occasionnée par les terrassements a provoqué un glissement de terrain, ensevelissant une partie de la piste en contrebas.

Pour la dernière centaine de mètres, pas d’autre choix que de tirer dré dans l’pentu pour atteindre la crête.

Dans une ambiance aérienne, la dernière ligne droite nécessite un minimum d’attention : bien que globalement dégagé, le sentier sommital est ponctué de névés récalcitrants, où toute glissade peut aller faire visiter le vallon de la Gittaz, des centaines de mètres en aval.

Peu après 16h30, le point culminant de la crête est atteint (2538 m), dévoilant un panorama grandiose : partie méridionale du massif du Mont Blanc, Alpes grées, Vanoise, Beaufortain, Aravis, Belledonne, Bauges, sans oublier le barrage de Roselend, discrètement blotti plus bas.
Pour autant, la sensation de beau temps est altérée par de nombreux nuages et le vent, engourdissant les doigts.

Le bivouac parfait

Dans l’absolu, il serait possible d’installer la tente ici, ce qui aurait pour fâcheuse conséquence d’obstruer le passage, tout en étant ouvert aux quatre vents. Pas question de redescendre au col de la Sauce, trop loin. J’ai bien l’intention de profiter de l’esthétique de la crête lors des dernières minutes du jour. Je repère, au sud-est, un improbable replat, d’où émergent de la neige des zones herbeuses, à une centaine de mètres en contrebas. L’endroit s’annonce idéal, il constituera de plus un abri du vent. J’y installe ma tente avec une vue quatre étoiles, puis remonte sur le sommet, observer le lent déclin du jour.

Festival au coucher de soleil

Le ciel est zébré d’innombrables nuages élevés, à travers desquels se faufilent quelques rayons illuminant les lieux. Néanmoins, les perspectives de lumières crépusculaires sont peu probables, tant l’azur est moucheté de nébulosité. Contre toute attente, lorsque l’étoile vient flirter avec l’horizon, une trouée lui permet de distiller ses rais sur les cimes alpines. Tout s’embrase soudainement, notamment le Mont Pourri, prenant des tons rose et pourpre. C’est ensuite au tour des nuages élevés de se parer de teintes chaudes, ultimes effervescences des paysages avant que la nuit ne vienne baisser le rideau. Un moment rare et inespéré !

Nuit sous les étoiles

Vers minuit, le réveil sonne, afin de profiter du ciel nocturne et d’immortaliser la Voie lactée. Celle-ci s’élance du Mont Blanc pour se jeter au-dessus du Mont Pourri. La pollution lumineuse éclairant des nuages résiduels ajoute au côté surréaliste de la scène. L’ambiance est à la fois céleste et sereine, le froid n’est pas mordant et le vent totalement absent.

A 5 heures, la sonnerie m’arrache de nouveau de mon sommeil. Il y a toujours ces voiles qui subsistent sur la frontière italienne, que les premières lueurs de l’aube viennent embraser. Le spectacle est aussi beau qu’éphémère. Rapidement, le soleil répand ses précieux rayons, dont je me délecte sous la tente qui se réchauffe peu à peu, traversée par un filet d’air des plus agréables. Le tableau est sublimé par les trilles d’une alouette des champs solitaire, fidèle compagnon des réveils en altitude. Je savoure ce moment de plénitude jusque vers 10h30 avant de remballer, poussé par la poursuite des aventures…

Vue à 360° depuis la crête des Gittes :

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Sous la montagne d’Outray (2180 m) – Beaufortain
Sous la montagne d’Outray (2180 m) – Beaufortain
25 mai 2025 In Beaufortain No Comment

Bivouac sous la montagne d’Outray, Beaufortain, 24 et 25 mai 2025

Le choix de la destination

Une petite vague de fraîcheur a envahi les Alpes ces derniers jours, recouvrant les cimes d’une pellicule blanche. Persistance de l’hiver dans cette phase avancée du printemps, ce phénomène n’a toutefois rien d’anormal à ces altitudes. Néanmoins, cela retarde d’autant les pérégrinations à plus de 2500 mètres, l’épaisseur du manteau albâtre est encore importante.

La montagne s’en trouve encore plus dangereuse, la belle saison déjà entamée en vallée n’est pas parvenue jusqu’aux plus hauts sommets. Preuve en est, des jeunes tragiquement décédés dans l’ascension de la Tournette la semaine précédente, conduisant les autorités locales à purement et simplement en interdire l’accès, le temps de retrouver des sentiers praticables.

Bien que le week-end s’annonce mitigé au niveau des conditions photographiques, je ressens une incontrôlable envie d’arpenter les Alpes. Déclinant in extremis, mais à juste titre, l’option du vendredi soir, en raison du plafond nuageux et du vent qui se sont emparés des hauts reliefs, je me résous à y aller le samedi.

Toujours dans ma quête d’explorer les coins proches de chez moi en Savoie, c’est une nouvelle fois le massif du Beaufortain qui remporte les suffrages. Il subsiste encore un secteur où je n’ai pas encore traîné mes souliers : celui de la montagne d’Outray, délimitée par Beaufort, le barrage de la Girotte et celui de la Gittaz. A défaut de belles photos en perspective, cela me servira de repérage.

En direction de la montagne d’Outray

Sous un ciel partagé entre éclaircies au sud et voile épais au nord, je m’élance depuis le parking de Plan du Mont (1506 m), tandis que les cloches du village annoncent 14 heures. L’itinéraire attaque droit dans la pente, au sein d’une paisible forêt, puis contourne tranquillement le versant jusqu’à atteindre un croisement à Outray (1820 m). A partir de là, les choses sérieuses commencent. Le sentier s’engage dans une combe exposée au nord et, comme je l’avais envisagé, la neige est de la partie sur une bonne section. Prévoyant le coup, je sors les crampons afin de gagner en accroche sur ce revêtement plutôt tassé. Un équipement plus de confort que de survie ; une glissade n’aurait pas de conséquences dramatiques, le pierrier en contrebas arrêterait ma chute.

Avec ces foulées plus lentes, ma progression est ralentie, mais au bout d’une heure, me voici au Pas d’Outray (2182 m). Le panorama se dévoile sur le cœur du Beaufortain encore enneigé, jusqu’aux Aravis, tandis que je surplombe Beaufort, blotti dans la vallée. C’est aussi l’apparition de la bise qui, conjuguée au soleil tamisé par les nuages, mord la chair. Le vent du nord à nord-ouest est annoncé. Il fait partie de ma liste des ennemis, derrière l’orage. Prévoyant de bivouaquer dans le secteur compris entre le Pas d’Outray et le col du Sallestet, je repère sur la droite un promontoire herbeux et vallonné dominant Roselend. Le lieu s’annonce plutôt favorable, il suffira de poser la tente dans un creux pour être protégé des rafales. Je m’y exécute.

Ce point de vue, mentionné sur aucune carte, propose une vision plutôt inhabituelle du barrage, bien que toute l’étendue d’eau ne soit pas observable. En revanche, on peut admirer tout le génie civil de la voûte qui me fait face. Je reste un long moment à profiter du paysage et du soleil, dans un silence qui aurait pu être total sans l’insupportable tintamarre des motos montant au col du Méraillet, puis de Roselend.
Le petit plateau derrière moi est ponctué de crocus, certains d’entre eux jaillissent des lambeaux de neige, dont l’espérance de vie se compte en jours, afin de définitivement passer le relais au printemps puis au tout proche été.

L’arrivée des nuages élevés

Le jour décline peu à peu. Tandis que notre étoile s’approche de l’horizon, un front opaque débarque du nord, obstruant progressivement l’azur. De fugaces percées consolent ma soirée avant l’envahissement des ombres. Comme prévu, le coucher de soleil n’a pas eu lieu.

Je rejoins ma tente à la tombée de la nuit, le thermomètre indique 1°C, température fraîche s’il en est, mais totalement supportable en l’absence de vent.

Vers 1h30 le réveil sonne. Je m’extirpe du duvet pour quelques images nocturnes, mais le voile est toujours là, les étoiles peu visibles, inutile d’insister.

Par acquis de conscience, l’alarme du téléphone retentit de nouveau à 5h30, à l’est et au-dessus de ma tête, l’atmosphère est totalement bouchée : il n’y aura aucune couleur matinale.

Le sommeil m’emporte une nouvelle fois, jusqu’à 8h. Peu à peu le voile se déchire et laisse place à un beau temps. L’esthétique du ciel se voit cependant meurtrie par une multitude de zébrures blanches, dues à la circulation des avions. Les lieux retrouvent un calme inhabituel pour un dimanche matin de mai et, pour cause : la route du cormet de Roselend est fermée de 8h à 12h30 en raison d’une épreuve cycliste. Motos et grosses cylindrées s’en sont allées nuire d’autres cols alpins. Dans ce silence diurne reconquis, je profite encore de la quiétude du lieu avant d’entamer le chemin du retour vers 11h, puis de retrouver la voiture quatre-vingt-dix minutes plus tard.

Peu d’images rapportées de cette sortie, mais une reconnaissance des lieux bienvenue lorsque les conditions seront réunies, l’endroit a clairement du potentiel, loin des chemins connus du Beaufortain.

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Pointe de Mandallaz (2277 m) – Aravis
Pointe de Mandallaz (2277 m) – Aravis
17 mai 2025 In Aravis No Comment

Bivouac sous la pointe de Mandallaz dans les Aravis (16 et 17 mai 2025).

Le choix de la sortie

Après une première semaine de mai désastreuse sur le plan météorologique, évoquant un lugubre novembre, entre pluie, brouillard et froid, le beau temps a fait son grand retour. Les Préalpes ont revêtu leur draperie d’un vert étincelant, de la base jusqu’aux alpages, tandis que sommets et combes secrètes se délestent des excédents neigeux. Les oiseaux chantent à tue-tête, les fleurs décorent prairies et jardins : le printemps bat son plein.

Les orages vespéraux, témoins de l’instabilité des masses d’air des derniers jours, se tarissent progressivement. Les conditions sont réunies pour tenter une escapade montagnarde. Pour autant, au-dessus de 2000 mètres, la neige est encore bien présente, il faut alors sélectionner des secteurs favorablement exposés. Le choix se porte tout naturellement du côté des Aravis avec la tête de l’Aulp (2129 m), jamais explorée jusqu’alors. Direction la fameuse route de la soif, piste longeant le flanc oriental du massif entre le col de l’Arpettaz et celui des Aravis, pour s’arrêter au niveau du parking de Merdassier du milieu (1598 m). Le ciel, d’un bleu pur seulement trahi par quelques nuages débonnaires, se déploie au-dessus des cimes. Mon objectif est visible d’ici, me dominant abruptement.

Une montée raide à flanc de versant

Difficile de croire qu’un sentier se faufile dans cette pente aussi raide, pourtant l’itinéraire est bien indiqué. Les cloches sonnent 17h quand j’entame les premières foulées, dré dans l’pentu. La brise souffle déjà, un vent modéré est annoncé par les prévisionnistes, de mauvais augure, moi qui souhaite planter la tente sur le sommet. En moins de cinquante minutes, les 400 mètres de dénivelé qui me séparent du col du Tardif sont avalés.

A gauche, la tête de l’Aulp se dévoile. Des névés encombrent la partie sommitale, là où circule le chemin. Sans crampons, et avec une pente vertigineuse où toute glissade peut s’avérer dramatique, je suis contraint de revoir mes plans. De plus, le vent distille des rafales assassines : il faut absolument trouver un endroit abrité. A quelques dizaines de mètres au nord, un simili replat se distingue dans le versant, près d’une zone enneigée en cours de fonte : ce sera mon lieu de villégiature pour cette nuit. La soufflerie y est effectivement plus modérée.

Direction la Pointe de Mandallaz

Au-dessus de ma tête, côté nord, la Pointe de Mandallaz me nargue. Après avoir installé la tente, cap sur ce sommet moyennant encore un peu plus de 200 mètres de dénivelé afin d’assister au coucher de soleil. D’en haut, le panorama récompense l’effort, une myriade de massifs permet de réviser sa géographie : Bornes, Chablais, Mont Blanc, Beaufortain, Vanoise, Bauges et même les confins du Jura se découpent dans l’azur. Toutefois, l’atmosphère ne jouit pas d’une exceptionnelle limpidité, ce qui se traduit au moment de l’heure dorée : les versants se parent d’une teinte orangée, mais de faible intensité, délavée par les conditions anticycloniques. Le jour se meurt sans explosion de couleurs.

Nuit sous les étoiles

Je ne fais pas de vieux os et entame la descente afin de retrouver la tente. Entre temps, le vent s’est totalement arrêté, ce qui constitue une bonne nouvelle pour la nuit à venir : je ne serai pas confronté à ce bruit permanent du frottement de la toile au gré des bourrasques. Après une demi-sieste, me revoilà dehors vers 23h30, avec comme objectif de capter les étoiles dans la pénombre, avant que ne surgisse la Lune. Du fait de la pollution lumineuse des villes et villages alentours, la Voie lactée est difficilement perceptible, mais se révèle sur le capteur photographique. La voûte céleste s’élance au-dessus du Mont Blanc puis plonge sur le Beaufortain.

Il règne en ces lieux un silence minéral, que seul le gel vient troubler. En effet, le thermomètre indique quatre degrés sous zéro, je n’étais pas préparé à rencontrer des températures négatives. Difficile alors de passer une nuit confortable quand les morsures du froid viennent s’attaquer à des pieds non préparés.

Après un sommeil en pointillé, les premières lueurs de l’aube me font sortir la tête du duvet. Dehors, c’est tempête de ciel bleu. Je réalise tout de même quelques images aériennes, puis je reprends un repos mérité, sous les caresses du soleil et le chant des alouettes. A 10 heures, le parking est retrouvé, épilogue d’une agréable virée dans ce cher massif des Aravis.

Bivouac sous la pointe de Mandallaz dans le massif des Aravis en Haute-Savoie
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