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Sylvain Clapot - Photographe > Savoie

Savoie

Secteur du vallon du Clou (2362 m) – Alpes Grées
Secteur du vallon du Clou (2362 m) – Alpes Grées
31 mai 2025 In Alpes Grées No Comment

Bivouac dans le secteur du vallon du Clou (2362 m), massif des Alpes Grées, le 30 et 31 mai 2025

Le choix de la destination

On poursuit l’optimisation du week-end de l’Ascension afin de profiter des Alpes. Quittant les terres du Beaufortain, où la foule cycliste et motorisée s’est donnée rendez-vous, je bascule côté Tarentaise sur Bourg-Saint-Maurice. Je remonte la vallée direction Sainte-Foy-Tarentaise, jusqu’à atteindre le parking de l’Echaillon (1805 m). Celui-ci s’accède depuis la station, via une route, puis une piste qui serpente dans la forêt. Il s’agit d’un des deux principaux points de départ pour atteindre le célèbre hameau du Monal. Sous le grésillement de la ligne très haute tension qui surplombe la zone de stationnement, j’entame la sortie aux alentours de 14h30.

Hier, la fraîche bise m’avait accompagné tout le long du parcours. Les conditions du jour sont tout autre : les nuages ont été chassés, dévoilant un ciel d’un bleu vif et uniforme, où le soleil règne sans partage. Les températures ont quant à elles bondi en flèche. Malgré l’altitude honorable, la chaleur se fait sentir dès les premières foulées.

La visite du Monal et ses environs est devenue au fil des années une sorte de rituel, une tradition, que de traverser ce site classé, tant le cadre y est inspirant. Ayant plutôt l’habitude de m’y rendre en octobre, lorsque les mélèzes dorés subliment les lieux, c’est la première fois que j’y vais si tôt dans la saison. Les résineux tapissant le versant ont revêtu leurs aiguilles d’un vert tendre, contrastant avec les sommets encore densément enneigés.

L’objectif du jour est de sortir des sentiers battus, en allant explorer plus en profondeur un endroit repéré l’automne dernier, à quelques encablures du lac du Clou. Le potentiel y avait été jugé prometteur par les différents points de vue qu’il propose.

Cap vers le vallon du Clou

Sous un soleil de plomb, je poursuis l’ascension à bon rythme. Les paysages gagnent en majesté au fur et à mesure de la montée, jusqu’à atteindre un point significatif près du barrage. Au caractère impressionnant du Mont Pourri d’un côté répond la vastitude du vallon du Clou et de toutes les cimes qui le ceinturent.

Plusieurs gouttes de sueur plus tard, le lac est atteint. Niché dans un creux du relief, il est encore pris dans les glaces, bien que la débâcle soit à l’œuvre.

Je bifurque sur la gauche, pour me diriger en hors-sentier en direction des Monts, relief bordant le sud-ouest du plan d’eau. A l’extrémité se trouve un replat bénéficiant de points de vue intéressants à la fois sur le vallon du Clou et le Monal. Quelques mares gorgées par la fonte des neiges complètent le tableau, avec déjà des compositions qui fusent dans ma tête. Pendant plusieurs heures, je lézarde sous le soleil diffusant ses rayons brûlants, puis j’installe la tente sur des herbes encore jaunies par un hiver trop long.
Au loin, des bruits attirent l’attention : des jeunes bouquetins, curieux, surveillent le pèlerin que je suis, avant de continuer leur occupation. De l’autre côté, des vrombissements sourds surgissent de la montagne. Celle-ci vomit ses trop-pleins de neige surchauffée par ce vendredi quasi caniculaire, dévalant les couloirs avec véhémence.

L’astre ardent continue son inexorable course vers l’horizon, puis délivre dans ses dernières minutes ses rais chargés de teintes orangées. Les sommets alentours se transforment temporairement en braises incandescentes, sous un ciel hélas totalement dépourvu de nuages. Les petits plans d’eau repérés prennent là tout leur intérêt, reflétant à merveille ce décor. Aux dernières cimes consumées succède l’heure bleue, ultime souffle des paysages avant la conquête de l’obscurité. Seul un fin croissant de Lune illumine le céleste, peu à peu rejoint par d’innombrables scintillements d’étoiles.

Sous la Voie lactée

Le coup de chaud temporaire sévissant en France se ressent également durant la nuit, relativement douce, sans humidité ni vent. Les photons emmagasinés toute la journée semblent rejaillir de mon corps, je peine à trouver le sommeil malgré les épaisseurs enlevées. Finalement, je ressors de la tente à 1h30 pour capter la Voie lactée. Cette dernière s’élance en arc de cercle de la Pointe de la Foglietta aux rochers de Pierre Pointe. Un peu plus tard, les mares jouent de nouveau leur rôle, avec les reflets estompés du dôme étoilé. La sérénité du moment n’est chahutée que par les avalanches qui se poursuivent sur la montagne en face, cette géante rendu mystérieuse et menaçante par la nuit.

Pris d’épuisement, et sous un insolent ciel clair, l’impasse est faite sur l’aube, préférant profiter des premières heures du jour sous mon abri, jusqu’en milieu de matinée. Entre temps, le ciel s’est orné de cirrus, n’altérant cependant pas la lourdeur de l’atmosphère.

Peu avant midi, la voiture est retrouvée, épilogue d’une belle sortie en terres tarines.

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Crête des Gittes (2538 m) – Beaufortain
Crête des Gittes (2538 m) – Beaufortain
30 mai 2025 In Beaufortain No Comment

Bivouac sous la crête des Gittes (2538 m) dans le massif du Beaufortain, 29 et 30 mai 2025.

Le choix de la destination

Ce dernier week-end de mai s’achève de la plus belle des manières, avec le long pont de l’Ascension. Une fois n’est pas coutume, une fenêtre de beau temps s’intercale durant ces quelques jours, l’occasion d’aller parcourir les montagnes de Savoie. La neige, encore bien présente en altitude, empêche de faire des boucles engagées par-delà les cols à plus de 2500 mètres. Il faut encore opter pour les parcours exposés sud, plus sécuritaires. C’est donc deux randonnées indépendantes que je planifie.

La première d’entre elles me conduit, une fois de plus, du côté du Beaufortain, sur un secteur que je convoite depuis quelque temps : la crête des Gittes. Celle-ci emprunte une variante du GR5 (tour du Beaufortain), se dirigeant vers le célèbre refuge du Bonhomme.

J’opte pour le parcours le plus direct, depuis le cormet de Roselend. La météo favorable conjuguée au jour férié a attiré les visiteurs. Voitures, motos et vélos se sont donnés rendez-vous sur le bitume de la RD925, afin de profiter des panoramas offerts par l’itinéraire.

Cap sur la crête des Gittes

D’ici, l’objectif du jour est visible, me surplombant au loin, coiffé de quelques névés résiduels. Il est 14 heures quand j’entame mes premières foulées sur la piste d’alpage. Celle-ci serpente dans le versant dans une pente modérée, préservant ainsi mes mollets.

Visiblement, la carte IGN n’est pas à jour, ou alors les travaux sont récents : le chemin, qui initialement se transformait en sentier à la cote 2130 m, a été prolongé sur 200 mètres de dénivelé supplémentaire, ce qui me fait rater la sente devant me conduire au col de la Sauce. Preuve du caractère nouveau de l’aménagement, l’instabilité occasionnée par les terrassements a provoqué un glissement de terrain, ensevelissant une partie de la piste en contrebas.

Pour la dernière centaine de mètres, pas d’autre choix que de tirer dré dans l’pentu pour atteindre la crête.

Dans une ambiance aérienne, la dernière ligne droite nécessite un minimum d’attention : bien que globalement dégagé, le sentier sommital est ponctué de névés récalcitrants, où toute glissade peut aller faire visiter le vallon de la Gittaz, des centaines de mètres en aval.

Peu après 16h30, le point culminant de la crête est atteint (2538 m), dévoilant un panorama grandiose : partie méridionale du massif du Mont Blanc, Alpes grées, Vanoise, Beaufortain, Aravis, Belledonne, Bauges, sans oublier le barrage de Roselend, discrètement blotti plus bas.
Pour autant, la sensation de beau temps est altérée par de nombreux nuages et le vent, engourdissant les doigts.

Le bivouac parfait

Dans l’absolu, il serait possible d’installer la tente ici, ce qui aurait pour fâcheuse conséquence d’obstruer le passage, tout en étant ouvert aux quatre vents. Pas question de redescendre au col de la Sauce, trop loin. J’ai bien l’intention de profiter de l’esthétique de la crête lors des dernières minutes du jour. Je repère, au sud-est, un improbable replat, d’où émergent de la neige des zones herbeuses, à une centaine de mètres en contrebas. L’endroit s’annonce idéal, il constituera de plus un abri du vent. J’y installe ma tente avec une vue quatre étoiles, puis remonte sur le sommet, observer le lent déclin du jour.

Festival au coucher de soleil

Le ciel est zébré d’innombrables nuages élevés, à travers desquels se faufilent quelques rayons illuminant les lieux. Néanmoins, les perspectives de lumières crépusculaires sont peu probables, tant l’azur est moucheté de nébulosité. Contre toute attente, lorsque l’étoile vient flirter avec l’horizon, une trouée lui permet de distiller ses rais sur les cimes alpines. Tout s’embrase soudainement, notamment le Mont Pourri, prenant des tons rose et pourpre. C’est ensuite au tour des nuages élevés de se parer de teintes chaudes, ultimes effervescences des paysages avant que la nuit ne vienne baisser le rideau. Un moment rare et inespéré !

Nuit sous les étoiles

Vers minuit, le réveil sonne, afin de profiter du ciel nocturne et d’immortaliser la Voie lactée. Celle-ci s’élance du Mont Blanc pour se jeter au-dessus du Mont Pourri. La pollution lumineuse éclairant des nuages résiduels ajoute au côté surréaliste de la scène. L’ambiance est à la fois céleste et sereine, le froid n’est pas mordant et le vent totalement absent.

A 5 heures, la sonnerie m’arrache de nouveau de mon sommeil. Il y a toujours ces voiles qui subsistent sur la frontière italienne, que les premières lueurs de l’aube viennent embraser. Le spectacle est aussi beau qu’éphémère. Rapidement, le soleil répand ses précieux rayons, dont je me délecte sous la tente qui se réchauffe peu à peu, traversée par un filet d’air des plus agréables. Le tableau est sublimé par les trilles d’une alouette des champs solitaire, fidèle compagnon des réveils en altitude. Je savoure ce moment de plénitude jusque vers 10h30 avant de remballer, poussé par la poursuite des aventures…

Vue à 360° depuis la crête des Gittes :

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Sous la montagne d’Outray (2180 m) – Beaufortain
Sous la montagne d’Outray (2180 m) – Beaufortain
25 mai 2025 In Beaufortain No Comment

Bivouac sous la montagne d’Outray, Beaufortain, 24 et 25 mai 2025

Le choix de la destination

Une petite vague de fraîcheur a envahi les Alpes ces derniers jours, recouvrant les cimes d’une pellicule blanche. Persistance de l’hiver dans cette phase avancée du printemps, ce phénomène n’a toutefois rien d’anormal à ces altitudes. Néanmoins, cela retarde d’autant les pérégrinations à plus de 2500 mètres, l’épaisseur du manteau albâtre est encore importante.

La montagne s’en trouve encore plus dangereuse, la belle saison déjà entamée en vallée n’est pas parvenue jusqu’aux plus hauts sommets. Preuve en est, des jeunes tragiquement décédés dans l’ascension de la Tournette la semaine précédente, conduisant les autorités locales à purement et simplement en interdire l’accès, le temps de retrouver des sentiers praticables.

Bien que le week-end s’annonce mitigé au niveau des conditions photographiques, je ressens une incontrôlable envie d’arpenter les Alpes. Déclinant in extremis, mais à juste titre, l’option du vendredi soir, en raison du plafond nuageux et du vent qui se sont emparés des hauts reliefs, je me résous à y aller le samedi.

Toujours dans ma quête d’explorer les coins proches de chez moi en Savoie, c’est une nouvelle fois le massif du Beaufortain qui remporte les suffrages. Il subsiste encore un secteur où je n’ai pas encore traîné mes souliers : celui de la montagne d’Outray, délimitée par Beaufort, le barrage de la Girotte et celui de la Gittaz. A défaut de belles photos en perspective, cela me servira de repérage.

En direction de la montagne d’Outray

Sous un ciel partagé entre éclaircies au sud et voile épais au nord, je m’élance depuis le parking de Plan du Mont (1506 m), tandis que les cloches du village annoncent 14 heures. L’itinéraire attaque droit dans la pente, au sein d’une paisible forêt, puis contourne tranquillement le versant jusqu’à atteindre un croisement à Outray (1820 m). A partir de là, les choses sérieuses commencent. Le sentier s’engage dans une combe exposée au nord et, comme je l’avais envisagé, la neige est de la partie sur une bonne section. Prévoyant le coup, je sors les crampons afin de gagner en accroche sur ce revêtement plutôt tassé. Un équipement plus de confort que de survie ; une glissade n’aurait pas de conséquences dramatiques, le pierrier en contrebas arrêterait ma chute.

Avec ces foulées plus lentes, ma progression est ralentie, mais au bout d’une heure, me voici au Pas d’Outray (2182 m). Le panorama se dévoile sur le cœur du Beaufortain encore enneigé, jusqu’aux Aravis, tandis que je surplombe Beaufort, blotti dans la vallée. C’est aussi l’apparition de la bise qui, conjuguée au soleil tamisé par les nuages, mord la chair. Le vent du nord à nord-ouest est annoncé. Il fait partie de ma liste des ennemis, derrière l’orage. Prévoyant de bivouaquer dans le secteur compris entre le Pas d’Outray et le col du Sallestet, je repère sur la droite un promontoire herbeux et vallonné dominant Roselend. Le lieu s’annonce plutôt favorable, il suffira de poser la tente dans un creux pour être protégé des rafales. Je m’y exécute.

Ce point de vue, mentionné sur aucune carte, propose une vision plutôt inhabituelle du barrage, bien que toute l’étendue d’eau ne soit pas observable. En revanche, on peut admirer tout le génie civil de la voûte qui me fait face. Je reste un long moment à profiter du paysage et du soleil, dans un silence qui aurait pu être total sans l’insupportable tintamarre des motos montant au col du Méraillet, puis de Roselend.
Le petit plateau derrière moi est ponctué de crocus, certains d’entre eux jaillissent des lambeaux de neige, dont l’espérance de vie se compte en jours, afin de définitivement passer le relais au printemps puis au tout proche été.

L’arrivée des nuages élevés

Le jour décline peu à peu. Tandis que notre étoile s’approche de l’horizon, un front opaque débarque du nord, obstruant progressivement l’azur. De fugaces percées consolent ma soirée avant l’envahissement des ombres. Comme prévu, le coucher de soleil n’a pas eu lieu.

Je rejoins ma tente à la tombée de la nuit, le thermomètre indique 1°C, température fraîche s’il en est, mais totalement supportable en l’absence de vent.

Vers 1h30 le réveil sonne. Je m’extirpe du duvet pour quelques images nocturnes, mais le voile est toujours là, les étoiles peu visibles, inutile d’insister.

Par acquis de conscience, l’alarme du téléphone retentit de nouveau à 5h30, à l’est et au-dessus de ma tête, l’atmosphère est totalement bouchée : il n’y aura aucune couleur matinale.

Le sommeil m’emporte une nouvelle fois, jusqu’à 8h. Peu à peu le voile se déchire et laisse place à un beau temps. L’esthétique du ciel se voit cependant meurtrie par une multitude de zébrures blanches, dues à la circulation des avions. Les lieux retrouvent un calme inhabituel pour un dimanche matin de mai et, pour cause : la route du cormet de Roselend est fermée de 8h à 12h30 en raison d’une épreuve cycliste. Motos et grosses cylindrées s’en sont allées nuire d’autres cols alpins. Dans ce silence diurne reconquis, je profite encore de la quiétude du lieu avant d’entamer le chemin du retour vers 11h, puis de retrouver la voiture quatre-vingt-dix minutes plus tard.

Peu d’images rapportées de cette sortie, mais une reconnaissance des lieux bienvenue lorsque les conditions seront réunies, l’endroit a clairement du potentiel, loin des chemins connus du Beaufortain.

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Roche Parstire (2109 m) – Beaufortain
Roche Parstire (2109 m) – Beaufortain
2 mai 2025 In Beaufortain No Comment

Bivouac à la Roche Parstire (2109 m) dans le massif du Beaufortain.

Randonnée de printemps dans le Beaufortain : retour en altitude

Chaque année, mai sonne le grand retour des randos-bivouacs, et ce n’est pas plus tard que le premier jour du mois que me voilà embarqué en altitude. Il règne en ce moment une vague de chaleur inhabituelle, certes inquiétante, mais bienvenue pour échapper à la classique fraîcheur du début de saison. Pour autant, il serait ambitieux d’aller trop haut : les neiges tardives ont remis une épaisseur sur les cimes. C’est la période du grand contraste entre l’adret et l’ubac : les faces nord sont encore bien blanches, tandis que les versants sud se dégarnissent à vue d’œil.

Pour célébrer cette reprise, l’objectif est d’effectuer une sortie modeste de remise en jambes, avec un parcours de 400 mètres de dénivelé, au cœur du tout proche massif du Beaufortain : la Roche Parstire (2109 m). Le Cormet de Roselend reste fermé pour l’instant, mais l’avant-poste du col du Pré, situé plus bas, a déjà rouvert. La conjonction jour férié et beau temps a attiré les foules : le parking du col, où se trouve un restaurant, est bondé. Je gare la voiture 500 mètres plus loin, au lieudit Combordin, départ d’un itinéraire alternatif. Cette partie démarre par la piste, avant de récupérer le chemin de la crête. Le versant est encore majoritairement sous la neige, rendant l’ascension plus lente et glissante, bien qu’aucune difficulté n’apparaisse.

Depuis la Roche Parstire, vue sur le barrage de Roselend et le Mont Blanc au coucher de soleil

Neige, crocus et paysages contrastés : la montagne en transition

Au sein des poches où la verdure voit enfin la lumière du jour, les crocus connaissent leur période de gloire. Ils embellissent les alpages, avec cette constellation d’entités alternant entre le violet et le blanc. Ces fleurs, parmi les premières à éclore après la fonte des neiges, annoncent officiellement le printemps en montagne.

Le parcours étant modéré, j’atteins le sommet peu après 14h30. La crête est relativement dégagée sur ce secteur, où il subsiste çà et là quelques névés, froides meringues vouées à disparaître sous ce soleil de plomb. Un seul replat herbeux est présent : ce sera mon lieu de bivouac. En attendant, le jour va tirer sa révérence dans environ 6 heures, je patiente en profitant du temps radieux, entre farniente, contemplation et la poursuite de ma lecture du moment, fort à propos pour cette parenthèse en altitude : Into the Wild, de Jon Krakauer. Puisse mon avenir être plus réjouissant que celui de Christopher McCandless !

Depuis la Roche Parstire, vue sur la Tournette au coucher de soleik
Coucher de soleil depuis le Beaufortain

Bivouac face au Mont Blanc

En début de soirée, tandis que j’ingurgite un pâté industriel qui a pour seule fonction de rassasier, à défaut de procurer un plaisir gustatif, un chamois me siffle. Mon regard se dirige en contrebas sur le névé : l’animal expose une posture de méfiance à l’égard de l’humain que je représente. Il me fixe quelques secondes, et déguerpit aussitôt. Fugace rencontre.

Au fur et à mesure que l’astre approche de l’horizon, les montagnes prennent des teintes un peu plus orangées. Toutefois, au loin, se dessine un voile, anéantissant tout espoir de couleurs spectaculaires. Un à un, les sommets s’éteignent dans une triste indifférence. Tamisé par la dense atmosphère, le soleil offre toutefois un lot de consolation en devenant une masse rougeâtre qui embrase son linceul.

Après cette cérémonie de clôture, la nuit s’installe. Le petit croissant de Lune, discret jusqu’alors, s’illustre dans les ombres célestes. Je le retrouve quelques heures plus tard, au milieu de la nuit, tutoyant l’horizon, à l’endroit même où le soleil s’en est allé. Le moment est venu d’immortaliser la Voie lactée qui s’élève au-dessus de mon campement. En cette saison, elle est relativement basse, la voûte s’étend de la Pointe Percée à la Pierra Menta, surplombant le Mont Blanc. Dans cette obscurité où le thermomètre indique 5°C, il règne une sensation de sérénité : un silence monacal à peine troublé par les lointains torrents, sans le moindre vent ni humidité.

Depuis la Roche Parstire, panorama de la voie lactée au-dessus du Beaufortain
Depuis la Roche Parstire, circumpolaire au-dessus du barrage de Roselend et du Mont Blanc

Un réveil voilé

A 6 heures du matin, le jour refait surface, mais les conditions ne sont pas à mon goût. Un léger voile a envahi le ciel, tamisant les rayons du soleil, lesquels éclairent les paysages d’une lumière blafarde. Le Mont Blanc en est le principal témoin : d’en bas, le toit de l’Europe montre un visage laiteux et trouble. La sentinelle des Alpes est le spectateur privilégié d’une dégradation qui s’annonce, où la pluie va venir jouer les trouble-fêtes. Je profite néanmoins de la douceur matinale, bercée par le chant des alouettes et l’amusement des marmottes cent mètres plus bas, avant de plier bagages et de repartir.
Une sortie peu prolifique sur le plan photographique, mais un plaisir non dissimulé d’avoir retrouvé la solitude des cimes !

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Pointe des Arlicots (2060 m) – Bauges
Pointe des Arlicots (2060 m) – Bauges
20 octobre 2024 In Bauges No Comment

Bivouac à la Pointe des Arlicots (2060 m) – Octobre 2024

Le choix du sommet

Nous voilà au cœur de l’automne. Si la montagne est belle en toutes saisons, octobre est cette demoiselle parfaite, au teint d’albâtre, la chevelure dorée et le regard émeraude. Les feuillus ont atteint leur paroxysme d’incandescence, déjà les teintes commencent à se désaturer, en attendant l’arrivée de l’hiver. Cependant, la météo rappelle que la neige n’est pas encore arrivée, en témoignent les températures relativement clémentes. Comme chaque année, je célèbre les dernières couleurs des forêts dans les Préalpes et, une nouvelle fois, les Bauges remportent mon suffrage. Bien qu’il fasse partie des massifs que j’ai le plus parcouru jusqu’à présent, un secteur échappe encore à mes pérégrinations : celui de la crête séparant la haute vallée du Chéran de celle de l’Isère.

Depuis les axes entre Montmélian et Albertville, cette partie des Bauges s’érige telle une forteresse impénétrable, aux pentes abyssales. Elle s’avère pourtant accessible depuis l’autre côté, au prix d’un effort non négligeable : 1200 mètres de dénivelé. La nouvelle réglementation de la Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage empêche le bivouac en bien des endroits dans les Hautes Bauges, néanmoins la lecture fine du périmètre sur les cartes semble indiquer que ma destination, bien qu’en extrême limite, n’en fait pas partie. Ce sera donc une nuit à la Pointe des Arlicots (2060 m).

La montée à la Pointe des Arlicots

Le périple démarre depuis le Parking du Couvent (865 m), au cœur de la forêt baujue. Cette sortie est placée sous le signe de l’audace, les conditions météorologiques étant hasardeuses sur les sommets. Ces derniers sont en effet coiffés d’une écharpe de brume, nul ne connaît l’évolution dans un futur proche. Une fois n’est pas coutume, l’ascension débute par une marche d’approche pour s’échauffer, en empruntant le chemin de découverte jusqu’à la chapelle Notre-Dame de Bellevaux, sur un parterre de feuilles aux teintes rouille. Un premier alpage est traversé, bercé par le tintement des cloches, au-dessus du ruisseau de la Lanche. A partir de là, le sentier s’enfonce de nouveau dans l’ubac forestier, débouchant sur le Chalet de Bottier (1435 m). Il règne ici un silence monacal, renforcé par cette chape brumeuse, tamisant tous les bruits extérieurs. Une bulle hors du temps, hors de l’espace.

Dré dans l’pentu

C’est à ce niveau que commence la seconde partie du parcours, de loin la plus ardue. Le GR du Pays du Massif des Bauges est quitté, au profit d’un sentier plus confidentiel sur l’épaule septentrionale de la Montagne de la Lanche. Dré dans l’pentu est une expression qui se prête parfaitement à la situation. Il suffit de se pencher sur la carte IGN : l’itinéraire coupe perpendiculairement des courbes de niveau de plus en plus rapprochées. En d’autres termes, la pente est raide, d’autant plus que les récentes précipitations rendent particulièrement glissantes ces portions de terre mêlées aux calcaires patinés.

A mi-pente, le brouillard est total. J’erre dans cet éther, privé de repères, si ce n’est les 20 mètres de visibilité qui me sont octroyés. Des trouées fugitives apparaissent, pour se refermer aussitôt. Au bout de cette abrupte épaule, le chemin se radoucit et tire droit au sud : la dernière ligne droite. Quelques passages aériens appellent à la concentration, avant l’ultime effort pour parvenir à la Pointe des Arlicots. Il m’aura fallu 3h45 pour en venir à bout. Là-haut, c’est la bataille de l’indécision, entre le brouillard tenace et la volonté du soleil de percer. C’est ce dernier qui a le dernier mot : le paysage se dévoile, révélant la nébulosité ambiante tutoyant les cimes. C’est un véritable décor mouvant qui défile sous mes yeux, où que se porte le regard.

La danse des brumes

Toute la fin d’après-midi, j’honore ce rendez-vous des belles brumes glissant sur le corps rugueux des versants. A mon niveau, l’inquiétude est double : résisteront-elles jusqu’au soleil couchant et, dans l’affirmative, ne viendront-elles pas m’envahir ? En attendant la décision des cieux, j’édifie ma tente en limite sud du sommet, sur un semblant de replat. Inutile d’être exigeant, c’est littéralement le seul espace disponible sur cette crête acérée. Pour preuve, les deux absides débouchent directement sur la pente : vertige déconseillé et faux-pas interdit.

Le soleil décline à l’horizon et, visiblement, les voyants sont au vert. La mer de nuages a déserté la vallée de l’Isère, mais subsiste à l’intérieur des Bauges. Les dernières minutes avant que l’étoile ne franchisse la ligne d’horizon sont d’une profonde pureté, les lieux se parent de teintes rouge vif, éphémères. Au loin, le spectacle est captivant : le Trélod et la Dent de Pleuven sont tels des écueils balayés par l’écume.

Nuit de pleine lune

Le jour expulse son dernier souffle, mais la pleine lune prend rapidement le relai. Pensant me réfugier dans ma tente pour un repos bien mérité, la féerie reprend de plus belle. Le satellite distille sa délicate lumière aux reflets d’argent sur les lieux, tandis que la mer de nuages se reconstitue à vive allure dans la vallée de l’Isère. En seulement une demi-heure, les villes et villages sont recouverts par l’épais manteau. Côté Bauges, la marée ne cesse de monter, jusqu’à venir lécher le Col de l’Arclusaz, puis repartir. Au flot répond le jusant. Peu après 22 heures, il est temps d’aller dormir.

Sur ce sol accidenté et penté, difficile de trouver une position stable. Un léger vent vient par ailleurs fouetter la toile, des conditions parfaites pour un sommeil en pointillés.

Réveil au-dessus des flots

Le lendemain, peu avant 7 heures, le réveil sonne. Malgré la fatigue, je sors de mon abri constater le paysage : partout autour, une mer de nuages alors qu’à l’est, des entrées italiennes encombrent l’horizon. Ces dernières s’embrasent comme prévu avant de s’estomper. Devant émerger par-delà la Vanoise, le soleil reste masqué un long moment, tamisant les précieuses lumières de l’aube. En contrebas, les flots se retirent de la vallée de l’Isère à une vitesse folle : en moins de 2 heures, elle s’est dissipée. Le vent s’est quant à lui accentué, il est temps de rebrousser chemin. Sous le regard méfiant de quantité de chamois occupant le vallon de la Lanche, je redescends à bon rythme, pour retrouver la voiture sur les coups de midi.

Loin de m’attendre à de telles ambiances, cette sortie est assurément l’une de mes plus inoubliables de 2024. Toutes les planètes se sont alignées pour magnifier plus qu’il ne l’est déjà ce secteur des Bauges : couleurs d’automne, brume envoûtante et pleine lune hypnotique…

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Roc Rouge, la Négresse (1720 m) – Bauges
Roc Rouge, la Négresse (1720 m) – Bauges
12 octobre 2024 In Bauges No Comment

Bivouac au Roc Rouge (ou la Négresse) dans les Bauges – Octobre 2024

Le choix de la sortie

Contrairement aux humains, Dame Nature est prévisible et ne trahit pas ses engagements. En cette mi-octobre, j’honore comme il se doit mon rendez-vous annuel avec celle qui arbore ses plus beaux vêtements. Les montagnes se sont en effet parées de leur éphémère robe dorée, le grand baroud d’honneur des feuillus avant la longue monochromie hivernale. Il faut bien avouer que la météo joue les trouble-fête à bien des égards cette année. Dernière preuve en date la veille, le secteur était pris sous d’épais nuages, alors qu’un phénomène exceptionnel d’aurores boréales se déroulait sous nos latitudes. Rageant.

Le week-end étant encore annoncé maussade, c’est vendredi après-midi que ma virée en altitude commence. Ayant prospecté les lieux deux semaines auparavant et plutôt convaincu par le point de vue, je réitère l’ascension, depuis un autre itinéraire. La Négresse, également nommé Roc Rouge, constitue mon objectif du jour. Direction le tout proche parking de Cruet Leu (860 m), au terminus du chemin dominant le hameau de la Frasse.

L’ascension du Roc Rouge / la Négresse

Les prévisions météorologiques sont à la fois pessimistes et intéressantes pour le photographe que je suis : nuages qui accrocheront les reliefs et vent modéré durant la nuit, avant l’arrivée de la perturbation le lendemain à la mi-journée. La plupart des sommets sont en effet coiffés de brume au départ, ils virevoltent au gré des thermiques. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 3,1 km pour avaler les 860 mètres de dénivelé, autant dire que c’est raide.

Dès les premières foulées, le ton est donné. Sur un chemin détrempé par les précipitations de la veille, les jambes sont mises à rude épreuve, d’autant plus avec le fardeau de 21 kg reposant sur mes épaules. Néanmoins, l’ascension s’effectue à bon rythme, dans ce sous-bois au parfum automnal, tapissé de feuilles virant au jaune. Ce n’est qu’en arrivant sous le Col de l’Alpettaz qu’enfin les paysages se révèlent au contemplateur. La Dent de Cons est aux prises avec le brouillard, tandis que le Roc Rouge s’illumine du soleil d’octobre. Un dernier effort et le sommet est atteint, en tout juste 2h30.

Au fil des heures, perché sur mon promontoire rocheux, j’observe les nuages qui se dissipent partout autour. Le panorama s’avère grandiose sur l’ensemble des cimes des Bauges orientales : Sambuy, Dent de Cons et la fameuse Belle Etoile, celle où mon cœur faillit cesser de battre cinq mois auparavant. D’autres massifs se distinguent : le tout proche Beaufortain, une partie des Aravis, la Lauzière, les lointaines Vanoise et Belledonne et, bien évidemment, l’imperturbable Mont Blanc qui me fait face avec son châle opalin. Seules les lignes électriques et l’agglomération albertvilloise ternissent la beauté des lieux.

De fades conditions

Le soleil décline peu à peu, mais l’horizon est orné d’un fin voile, précurseur de la prochaine dépression. Les précieuses couleurs crépusculaires en sont réduites à une lumière rouge délavée, terne, si bien que l’étoile se couche dans l’indifférence générale. Le premier quartier de Lune, se levant à l’est, prend le relais. Il éclaire timidement les paysages plongés dans la nuit, où le tissu urbain apparaît comme une plaie ouverte au milieu des vallées. La bonne surprise est la quasi-absence de vent en cette fraîche soirée, me permettant un repos bienvenu. Celui-ci se réveille en fin de nuit, puis s’avère modéré aux premières lueurs du jour.

Le décor est loin de me convaincre : pas de brume, atmosphère pâle, ciel constellé de nuages désorganisés et de traces d’avion pour un rendu des plus inesthétiques. Pire, un voile s’est installé là où le Soleil doit émerger, se traduisant par la désertion des belles lumières matinales. Un peu plus tard, les rayons essaient de se frayer un passage dans la nébulosité. Ils offrent de beaux effets sur le flanc oriental de la Dent de Cons jusque dans la vallée de l’Arly, sublimant la dorure des forêts baujues.

Le vent devenant pénible, je ne fais pas de vieux os, plie les affaires et entame la grande descente. Après une halte champignons à mi-parcours, la voiture est rapidement retrouvée, épilogue d’une sortie en demi-teinte, les ambiances n’étant guère au rendez-vous.

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Lac Blanc (2434 m) – Vanoise
Lac Blanc (2434 m) – Vanoise
18 septembre 2024 In Vanoise No Comment

Randonnée au Lac Blanc en Vanoise avec nuitée au refuge de Péclet-Polset – Septembre 2024

Le choix de la destination

Septembre. Les montagnes savoyardes se sont vidées de leur horde de touristes, le moment idéal pour aller arpenter les sentiers habituellement surfréquentés. C’est donc tout naturellement que je m’oriente vers le massif de la Vanoise et l’intérieur du Parc National. Les refuges se sont également taris de leurs hôtes, on passe d’un service hôtelier à quelque chose de plus rustique et spartiate, davantage en accord avec ma conception de la montagne.

Cela reste néanmoins la seule solution pour passer la nuit dans le parc, puisque tout bivouac y est prohibé. Plusieurs secteurs m’attirent, mais c’est finalement du côté de Péclet-Polset que je jette mon dévolu. La dernière fois que j’y ai mis les pieds, c’était il y a 15 ans, en 2009, lors d’une douloureuse virée qui s’était terminée en tendinite, près de 10 km de marche éprouvante pour retourner au parking de l’Orgère, la patte boiteuse, après avoir tutoyé le glacier de Gébroulaz.

Cette fois, c’est du côté de Pralognan que l’ascension va s’effectuer. La voiture est stationnée au bout de la route autorisée, au parking du Pont de la Pêche (1750 m), il est midi moins quart. La météo annonce une petite dégradation dans l’après-midi, ce qui justifie ce départ plus précoce qu’à l’accoutumée.

La vallée de Chavière jusqu’au refuge de Péclet-Polset

C’est sous un ciel bleu azur, ponctué de cumulus débonnaires, que l’ascension débute. Celle-ci s’annonce plus longue que difficile. Il s’agit en effet de remonter une grande partie de la vallée du Doron de Chavière, sur le GR55 qui emprunte une piste carrossable à flanc de versant. Les marmottes, dodues, animent l’ensemble du parcours, par leur cri et leur démarche pataude. Le fond de l’air est frais mais le soleil s’avère piquant. Toutefois, celui-ci va peu à peu disparaitre derrière les imposants nuages qui se forment au-dessus des glaciers de la Vanoise. L’atmosphère se refroidit tandis que le dénivelé est avalé progressivement. A mi-chemin, les premières gouttes font leur apparition. D’abord insignifiantes, elles deviennent un peu plus ennuyeuses, d’autant qu’un vent froid rend la chose désagréable. Vers 15 heures, le refuge est atteint.

Crépuscule en Vanoise

Rapidement, le beau temps revient, l’occasion d’aller jeter un œil au lac Blanc à 10 minutes de marche. Son esthétisme est prometteur pour le lendemain matin. Le repérage se poursuit au niveau de la crête au nord du refuge. Elle surplombe l’ensemble du vallon, avec quelques sommets locaux, notamment le Grand Bec dominant Pralognan. Ici, le vent en provenance du Col de Chavière y est particulièrement virulent. Je reste longtemps à contempler le paysage, avec ces nuages qui défilent dans le ciel et dont les ombres projetées sur les versants donnent un caractère hypnotique à la scène. Le jour se meurt peu à peu, les lumières se parent de teintes chaudes, rendant incandescentes les cimes, avant que la nuit plonge les lieux dans une obscurité somme toute relative, pleine Lune oblige.

Dans la pénombre, je regagne le refuge. Le petit dortoir d’hiver est presque plein, une bonne dizaine de personnes est répartie dans les différents lits superposés. N’étant pas habitué à cette promiscuité, le sommeil est très superficiel et ponctué de nombreux réveils, entre la chaleur et les bruits, aussi bien permanents que ponctuels.

Lever du soleil au Lac Blanc

Le lendemain matin, à 6h30, je suis le premier à sortir de la bâtisse. Dehors, la nuit s’achève, les lueurs de l’aube naissent à l’horizon. Je me dirige aux abords du lac Blanc, dont le potentiel photogénique est maximal pour le lever du soleil, de par son exposition. Pourtant, les minutes défilent, mais les lumières sont absentes. Espérant un rougeoiement sur le Roc du Soufre, je déchante. Derrière moi, les imposantes montagnes du cœur de la Vanoise constituent un masque naturel pour les précieux premiers rayons.

C’est presque une demi-heure après avoir franchi l’horizon que l’étoile illumine enfin les cimes qui me font face. Malgré l’absence des couleurs orangées, le spectacle pour les yeux est total. Le vent ayant disparu, aucune ondulation ne vient perturber la surface du lac. Les eaux turquoise, subtilement laiteuses, reflètent alors parfaitement le paysage, qui se zèbre d’ombre et de lumière au gré des bancs nuageux défilant derrière moi. Le panorama digne d’une carte postale m’occupe un bon moment.

Je rejoins ensuite le refuge pour manger et plier les affaires. Vers 9h30, je suis le dernier à quitter les lieux. Il faudra bien 2h30 pour rebrousser chemin. Quelques marmottes peu farouches agrémentent l’itinéraire et viennent conclure ce beau périple en Vanoise.

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Lac du Clou (2373 m) – Alpes Grées
Lac du Clou (2373 m) – Alpes Grées
15 septembre 2024 In Alpes Grées No Comment

Bivouac au lac du Clou (2373) dans le massif des Alpes Grées en Savoie.

Le choix de la destination

Après l’incursion de l’automne en plein cœur de l’été, c’est au tour de l’hiver de venir jouer les trouble-fêtes en plein milieu de septembre. A la faveur d’un décrochage d’air polaire, la France grelote. En quelques heures, le mercure dégringole, le froid envahit les Alpes et, logiquement, les sommets blanchissent au-dessus de 2000 mètres. Le beau temps prenant vite le relai, c’est l’occasion d’aller constater cet entre-deux saisonnier en altitude, malgré la fraîcheur qui subsiste.

Bien décidé à ne sortir qu’en Savoie cette année, je ne tarde pas à jeter mon dévolu sur un de mes coins préférés : la Haute-Tarentaise et le secteur du Monal, face à ce géant magnétique qu’est le Mont Pourri. Cela devient presque un pèlerinage : l’année passée, j’étais venu à bout de la Pointe d’Archeboc, au terme d’une aventure mouvementée, sous les orages (à lire ICI et ICI). Cette fois, l’ambition est moins grande : il s’agit d’aller explorer le vallon du Clou et son lac éponyme. Ma dernière visite remonte à l’automne 2012 !

Direction le Lac du Clou

Vers 15 heures, me voici au parking de l’Echaillon (1805 m), libre d’accès, la saison estivale et sa cohorte de touristes amenés par navette étant terminée. La mise en jambes débute sous un agréable soleil, tandis que les cimes sont coiffées des nuages résiduels de la veille. Il fait étonnamment bon, rendant d’autant plus agréable la première partie du parcours jusqu’au hameau du Monal. Ce petit hameau classé, dans un écrin naturel exceptionnel, est toujours un plaisir à admirer et à traverser.

Passé cet échauffement, les choses sérieuses commencent, en arpentant le versant surplombant le site, sur près de 400 mètres de dénivelé. Une fois le barrage du Clou atteint, au-delà de la forêt de mélèzes, le paysage et les conditions changent radicalement. Un plafond nuageux dense s’est installé sur le secteur. Stationné à 3000 mètres, il encombre les plus hautes cimes, instaurant une ambiance pesante. Les lieux sont partagés entre l’automne naissant, par les alpages ayant perdu leur éclat, et la percée hivernale, par les versants nacrés. En conséquence, la température chute, la fin de l’itinéraire s’effectue les bras gelés et les mains engourdies.

Peu après 17 heures, l’objectif est atteint. Un replat herbeux est trouvé à 50 m du lac. Ni une ni deux, la tente est montée pour se réchauffer. Je me repose un moment, puis sort, en vue du coucher de soleil. La partie n’est cependant pas gagnée, les nuages sont toujours aussi compacts. Mon seul espoir se trouve du côté de la crête sud-ouest, surplombant le lac d’environ 150 m et offrant une vue de choix sur la vallée de l’Isère. Je m’y dirige et retrouve en même temps du réseau, me permettant de consulter les données météo : ce front nuageux en provenance de Suisse n’occupe que la moitié orientale de la Savoie.

A l’horizon, tout est dégagé, de bonnes perspectives pour la suite… Depuis des années, cette crête m’attirait, pensant à tort qu’elle était escarpée, voire inaccessible. Il n’en est rien. Elle se traverse avec une grande facilité et présente un caractère très sauvage. En témoigne le seul chamois croisé aujourd’hui.

Lumières crépusculaires sur la Vanoise

C’est fort loin que le regard est attiré, du côté du cœur de la Vanoise, où des cimes émergent des brumes, baignant dans la lumière crépusculaire : Grand Roc Noir, Pointe du Charbonnier, Pointe de la Sana, la Grande Motte ou encore la Grande Casse, ces hauts lieux sont tels la braise scintillant dans un foyer de glace. Les versants, drapés d’une fine pellicule de neige, sont d’un grand esthétisme. Tous les détails du relief sont révélés, une multitude de formes abstraites et éphémères s’offrent au contemplateur que je suis. De l’autre, au-dessus de Bourg-Saint-Maurice, la fournaise tant attendue arrive : le soleil flirtant avec l’horizon, éclaire par en-dessous la masse nuageuse. Hélas, je n’en profite pas, le massif de la Vanoise faisant obstacle. Il est fort probable qu’en Beaufortain, le spectacle soit extraordinaire.

La luminosité commence à tarir. M’étant bien éloigné de la tente, je redescends m’y glisser à l’intérieur, manger et faire la sieste. Septembre présente l’avantage d’avoir des nuits suffisamment longues, et donc reposantes face au rythme du photographe de paysage. En début de soirée, le ciel est parsemé d’étoiles, tandis qu’une Lune généreuse émerge des Rochers de Pierre Pointe. Les lieux sont envahis d’une douce clarté, que j’immortalise aux abords du lac. La surface de ce dernier est animée d’une brume ondulante, rasante, qui resplendit sous la lueur lunaire.

Panorama sur le Mont Pourri au lever du jour

La nuit n’a pas été si fraîche que je le craignais. Certes, le mercure est tombé à -5°C, mais l’absence de vent a rendu le sommeil relativement agréable avec ce silence monacal, calfeutré dans mon duvet. Le lendemain matin, le réveil sonne à 5h30. L’objectif est de refaire la composition faite douze ans auparavant, du lever de soleil sur le Mont Pourri avec le Lac du Clou au premier plan. Vu la configuration des lieux, pas d’autre choix que de grimper les 200 mètres de l’abrupt versant, sur le premier palier au sud de la Pointe de la Foglietta. Me voici stationné à l’endroit escompté au début de l’heure bleue : le Mont Pourri impose de sa présence, ce géant silencieux trône fièrement sur la Haute-Tarentaise.

La pénombre s’estompe peu à peu et, l’heure venue du lever de soleil, rien ne se passe. Pas de Ceinture de Vénus, pas d’étincelle sur les cimes. L’avion qui traverse l’azur est également dans l’ombre : il se passe quelque chose à l’est. En effet, l’image satellite indique un front nuageux au large de Milan en Italie. Les quelques premières minutes fatidiques sont donc estompées, mais heureusement, le soleil fait rapidement son apparition et les sommets de la Vanoise s’illuminent. Je reste un long moment sur ce promontoire à observer les ombres se faire chasser progressivement par la lumière, puis retrouve mon abri de fortune.

S’ensuit la traditionnelle sieste matinale, mon moment préféré du bivouac, où l’air frais se fraie un passage dans la tente chauffée par les rayons du Soleil, pour une harmonie parfaite. Le bien-être à son paroxysme. La détente dominicale consommée, il est temps de rebrousser chemin pour retrouver la voiture sur les coups de midi, épilogue d’une sortie riche en conditions et en paysages.

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Lac Cornu (les 5 lacs) (2471 m) – Beaufortain
Lac Cornu (les 5 lacs) (2471 m) – Beaufortain
24 août 2024 In Beaufortain No Comment

Rendez-vous dans le Beaufortain

Après plus d’un mois sans montagne, le besoin de retrouver la quiétude en haut devenait vital. Le week-end étant annoncé mitigé, c’est vendredi que la sortie démarre. Une nouvelle fois, direction le massif du Beaufortain, vers un secteur exploré il y a bien longtemps, en 2008 : les 5 lacs. Un peu inconsciemment, j’étais monté à la Pointe de la Combe Neuve, sommet abrupt, dans du schiste pourri, à mains nues, évidemment. Seize ans plus tard, les ambitions sont plus modérées.

Direction les 5 lacs

Le départ du sentier se situe au Fort de la Platte, accessible en voiture depuis Bourg-Saint-Maurice au terme d’une longue ascension sur une route étroite et sinueuse, dévoilant peu à peu le sublime de la Tarentaise. C’est aux alentours de 16 heures que les premières foulées sont exécutées, sous un soleil de plomb. Pas un nuage à l’horizon, les conditions anticycloniques depuis plusieurs jours ont enterré tout espoir de belles ambiances. Ce sera un décor de carte postale sous la tempête de ciel bleu.

Le sentier chemine dans les alpages, en remontant le long du ruisseau des Vieilles, jusqu’à atteindre le Col de Forclaz, dominant le vallon éponyme. Le paysage est somptueux, véritable image d’Epinal de la montagne savoyarde : torrents paisibles, prairies verdoyantes, cimes magnétiques et troupeaux sur les versants, dont le tintement résonne au loin. Un peu moins de 2 heures plus tard, le premier des 5 lacs est atteint, répondant au nom d’Esola, en contrebas. C’est là que passe l’itinéraire pour rejoindre le Passeur de Pralognan, en face. Encore quelques enjambées, et une nouvelle série de lacs émerveillent le visiteur : Riondet, Cornu et Verdet, l’un à côté de l’autre, reposant sur une vaste zone ouverte, face à la Pointe de la Terrasse.

Initialement, j’étais parti pour dormir sur la crête entre le Col de la Nova et la Pointe Motte, au-dessus du dernier des 5 lacs, le Noir. Mais devant les potentialités qu’offrent ces plans d’eau, j’hésite quelques minutes, puis valide ce spot. Un replat abrité au nord est trouvé, constituant un parfait endroit pour bivouaquer. D’autres tentes commencent à parsemer le secteur, heureusement suffisamment grand pour conserver le sentiment de tranquillité. En repérage, je tombe sur un bouquetin solitaire, que j’essaie de suivre à distance. L’animal est bien plus leste que moi. Débonnaire, il poursuit sa route à flanc de versant. J’arrive à lui voler sa silhouette en contrejour, mon lot de consolation.

Un paysage époustouflant

Le jour décline peu à peu, je me positionne au bout du lac afin de capter le reflet de l’imposante Pointe de la Terrasse. Les couleurs se parent d’orange puis, comme prévu, s’estompent lorsque l’astre vient flirter avec la ligne d’horizon, encombré par les voiles de chaleur. L’avantage des bivouacs de fin août est de bénéficier de nuits un peu plus longues qu’en juin, et donc reposantes. Avant de véritablement fermer l’œil, une fois la pénombre totalement installée, je ressors de la tente. Les étoiles scintillent, la Voie Lactée se dresse vers l’infini. Mais rapidement, le jour s’invite dans la nuit. Au nord-est, jaillissant des cimes, la Lune se lève. Bien que décroissante et lumineuse à 80%, les paysages deviennent nettement perceptibles, à peine est-il nécessaire d’utiliser la frontale pour se déplacer. Pendant un petit moment, je joue de compositions avec le satellite et le plan d’eau, avant d’aller dormir.

Quelques heures plus tard, à la clarté lunaire succède celle de l’aube. Bien orienté, le secteur profite des premiers rayons aux teintes dorées, mais éphémères. La chaleur investit ensuite rapidement les lieux, malgré l’horaire matinal et les 2500 mètres. Il est temps de redescendre. Une belle sortie pour refaire le plein d’altitude.

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Lac sans nom (2215 m) – Beaufortain
Lac sans nom (2215 m) – Beaufortain
14 juillet 2024 In Beaufortain No Comment

Bivouac à un lac sans nom dans le massif du Beaufortain.

Le choix de la sortie

La mi-juillet est-elle synonyme de l’arrivée tant attendue de l’été en France ? Tandis que l’Europe de l’Est transpire sous les vagues de chaleur, l’Hexagone est englué depuis de nombreuses semaines dans l’instabilité. Le beau temps durable semble enfin pointer le bout de son nez. L’occasion se présente d’aller arpenter les Alpes, à la faveur d’un week-end clément. Un vent modéré étant annoncé en altitude, je me résous à ne pas tutoyer les cimes, optant pour des secteurs plus protégés. Les conditions nocturnes se profilant favorablement, j’opte pour un objectif assez précis : immortaliser la Voie Lactée et son reflet dans un lac. Il suffit alors de prospecter la carte IGN pour trouver l’endroit convoité. C’est finalement un lac sans nom, à l’écart des itinéraires classiques, qui est retenu.

L’ascension au lac

Comme bien souvent ces derniers temps, c’est le tout proche massif du Beaufortain qui est choisi, sur son flanc côté Tarentaise. Sur les hauteurs d’Aime, à la Chapelle de Saint-Guérin (1593 m), la voiture est garée au parking. Ce dernier est déjà bien rempli, il constitue le lieu de départ de plusieurs randonnées. C’est vers l’une des plus occidentales d’entre elles que l’ascension démarre, peu avant 16 heures. La sensation de beau temps est à peine trahie par des nuages élevés çà et là, offrant un peu d’ombrage bienvenu. Le sentier arpente directement dans la pente du Bois Borgne, récupérant la piste d’alpage jusqu’au Chalet du Mont Rosset, exploitation d’altitude. Tarines et Abondances se délectent des riches prairies d’altitude, tandis que les ouvriers agricoles s’affairent à la traite, à la conduite du troupeau et autres activités.

Passé cet endroit, le secteur devient plus sauvage, place à la montagne brute, faite de grandeur et de minéralité. La sente surplombe le torrent de la Portette, donnant son nom localement à un lac, une pointe et un col. Sur un plateau chahuté, menant justement au col de la Portette, je bifurque plein sud en hors sentier sur quelques centaines de mètres. Dans un creux, se niche un plan d’eau circulaire, bénéficiant d’une ouverture de choix sur les sommets de la Vanoise. Le site s’annonce propice à mes ambitions du jour. Je profite de la fin d’après-midi pour dresser la tente sur un parterre herbeux, à l’abri du vent, un confort cinq étoiles.

Nuit féérique sous la Voie Lactée

Le soleil décline progressivement, et avec lui les couleurs se parent de teintes orangées. Les conditions anticycloniques laissent place à un spectacle relativement terne, ce qui ne m’empêche pas d’immortaliser les beaux reflets dans le lac, sous un ciel dépourvu de nuages. C’est quelques heures plus tard que les hostilités démarrent réellement. Le réveil claironne à minuit trente, après le coucher du croissant de lune. L’atmosphère est constellée d’innombrables étoiles, invitant à la rêverie. Seules les lumières des hameaux composant la station de La Plagne parsèment le versant opposé. Pendant plus de 2h30, j’erre sous cette immensité cosmique à capter la Voie Lactée, et m’adonne à quelques compositions nocturnes, grâce aux différents éléments naturels du lieu. Une nuit enivrante.

Les lueurs de l’aube

Après un bien trop court sommeil, me revoilà aux avant-postes pour accueillir l’aube. Comme la veille au soir, les conditions claires ne proposent pas de folies lumineuses, juste un éclairage progressif et en douceur. Dôme de Chasseforêt, Grand Bec, Grande Casse, Mont Pourri…Autant de sommets emblématiques de la Vanoise qui peu à peu honorent l’arrivée de l’astre solaire.

Épuisé par cette nuit éveillée, je retourne dans mon refuge de toile pour une sieste méritée, meilleur moment de la journée : quand le soleil réchauffe la tente et que l’air frais s’immisce dans les ouvertures, le tout dans un silence de cathédrale. Un bonheur simple.

Sous la chaleur dominicale, les 650 mètres de dénivelé sont dévalés, pour retrouver la voiture aux alentours de 11 heures, épilogue d’une agréable virée, marquée par la féérie nocturne et la beauté des reflets lacustres.

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