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Sylvain Clapot - Photographe > Savoie

Savoie

Roche Parstire, Col du Couvercle – Beaufortain
Roche Parstire, Col du Couvercle – Beaufortain
18 juin 2023 In Beaufortain No Comment

Etape 1 : Col du Pré > Roche Parstire

La première quinzaine de juin a été marquée par la constance de la météo à rincer les Alpes d’orages quotidiens. Dans ces conditions, difficile de se hasarder à un bivouac sur les cimes autant humidifiées qu’électrisées. Toutefois, cet épisode touche à sa fin, laissant place à l’arrivée de la chaleur. Trouver refuge en altitude est comme chaque année une salvatrice solution.

Les jours étant longs, il est alors possible de quitter la vallée dès le vendredi en fin d’après-midi. Le programme du week-end est sans prétention, si ce n’est parcourir les crêtes bordant l’ouest et le sud du barrage de Roselend, pour un panorama de premier choix sur l’étendue d’eau artificielle.

A peine les cloches ont sonné 18 heures que me voilà au Col du Pré (1703 m), avec pour modeste objectif la Roche Parstire (2109 m). L’avantage, pour ce sommet facilement accessible et couru, est de profiter du lieu avec une relative quiétude, avant l’arrivée des randonneurs du samedi et du dimanche. Dans une atmosphère tamisée par quelques débonnaires nuages, la montée s’effectue rapidement. La sortie de la forêt marque d’une part le début de l’alpage et de la crête, et d’autre part le lever de rideau sur le magnétique décor des lieux : en contrebas, le lac de Roselend et son bleu azur, en haut l’imposant Mont Blanc et ses neiges sans doute plus si éternelles.

Notre étoile déclinant peu à peu, la lumière rasante vient caresser les chalets à mi-pente, sublimant la scène. L’horizon, chargé d’une fine épaisseur de brume, ampute le Soleil de ses chaleureux rayons. Les versants alentours se ternissent, l’astre se prépare à son one-man show. D’un blanc aveuglant, il transite vers un jaune délavé, de l’orangé jusqu’à sa mue finale, un rouge vermillon intense. Une affaire de quelques minutes ce bouquet d’adieu. Par un heureux concours de circonstances, voilà que la sphère incandescente vient de lover dans le concave relief de la Tournette, avant de définitivement tirer sa révérence. Les ombres investissent dès lors rapidement les lieux, il est près de 22 heures. La nuit s’annonce aussi courte que sombre : pas le moindre quartier de lune ne viendra déposer de la lumière ici ; des conditions idéales pour capter étoiles et Voie Lactée, pendant environ deux heures.

Dur effort un moment plus tard, lorsqu’il faut sortir du duvet, la fraîcheur et l’humidité ont imposé leur loi sur le pèlerin sans tente que je suis. Mais l’appel de l’aube est plus fort que tout. Néanmoins comme la veille, le Soleil éclaire peu quand il surgit par-delà le flanc oriental du Mont Blanc. Quelques images de rigueur sont faites, avant de retourner dans le plumage pour une agréable sieste matinale, le visage caressé par la douce brise matinale, le corps peu à peu réchauffé par l’entité lumineuse. La plénitude à son paroxysme, un moment volé au temps qui passe.

En milieu de matinée, ce moment de grâce prend fin au moment de refaire le paquetage. La crête qui se poursuit vers le sud, amène mon regard sur la seconde étape du parcours…

Etape 2 : Roche Parstire > Abords du Col du Couvercle

Cette seconde journée au cœur du Beaufortain sera davantage placée sous le signe de la contemplation et l’attente que la grande bambée sportive. L’idée est de poursuivre sur cette crête de manière à avoir une vue différente sur le barrage de Roselend. Il est un peu plus de 10 heures quand je décide de décoller de Roche Parstire. L’influence du week-end se fait nettement ressentir sur la fréquentation, des hordes de randonneurs et traileurs défilent sur le sentier que je m’apprête à sillonner. Il offre une succession de montées et descentes, plus casse-pattes qu’on ne le croit, mais la beauté des lieux est un catalyseur naturel. Le vagabond est constamment sous la surveillance du Mont Blanc, sorte d’antithèse de Sauron : froid et bienveillant, avec son regard opalin.

Après une énième série de montée-descente, surgit sans crier gare le lac de Saint-Guérin, en contrebas. Blotti au pied du Grand Mont d’Arêches, son bleu émeraude lui donne un air balnéaire.

Plusieurs sommets intermédiaires ponctuent le parcours en direction des hautes cimes du Beaufortain. La dernière d’entre elles, le Mont Coin, constitue mon objectif. Cependant, plus les foulées sont avalées, plus le lac de Roselend se dérobe dans le panorama. Il devient évident de ne pas s’écarter trop à l’ouest, au risque d’avoir l’étendue d’eau tronquée. C’est finalement le point coté 2341 m, surplombant le Col du Couvercle qui conclut cette courte étape. Le barrage, plein nord, me donne déjà des idées pour la prochaine nuit. En attendant, c’est un après-midi entier qu’il va falloir errer en ces lieux. Face à cette scène paradisiaque, où lac et Mont Blanc se disputent le premier rôle. Je patiente dans la contemplation, la lecture de Tesson…S’abandonner à vivre, dans le titre et les faits. Le temps défile lentement, les randonneurs un peu moins ; moi, immobile, léthargique par un sommeil trop haché, j’observe l’inexorable course du soleil. L’air est frais, les rayons dans une agressivité estivale. Progressivement, le ciel s’encombre de fins voiles élevés, trahissant la sensation de beau temps. Le déclin vers l’horizon chasse les touristes des lieux, me laissant peu à peu seul dans ce cadre idyllique. A défaut d’embrasement mordoré sur les montagnes, un couple de chamois occupe ma fin de journée. Ils arpentent le flanc escarpé à la recherche de quelques appétentes herbes, jusqu’à atteindre le sentier de crête, manifestement trop imprégné d’odeurs humaines, ils redescendent aussitôt.

Mon regard est cependant vite redirigé vers les rougeoyants cieux qui s’établissent au loin. Le Soleil a entamé son sprint final pour aller illuminer d’autres contrées. La sphère incandescente vient côtoyer la Tournette, un brûlant baiser d’adieu voulu par le jeu de la perspective, avant que les ténèbres prennent le relai. Je m’en vais rejoindre mon duvet pour glaner quelques heures d’assoupissement, entrecoupé de déambulations nocturnes sur la crête. La nuit à la belle étoile a des côtés grisants à bien des égards : pas de crissement de toile, aucun obstacle entre le for intérieur et l’infinité cosmique. La première image s’imprimant sur la rétine est cette Voie Lactée, source de bien d’imagination…

Vers 5 heures, l’aube est déjà bien entamée. Le ciel est toujours essaimé de voiles élevés, notamment vers le nord-est, théâtre de l’avènement solaire. Comme la veille, l’astre ne fait pas d’entrée triomphale, se contentant simplement d’éclairer. Quelques invisibles brumes diffusent néanmoins les rais matinaux, au-dessus du lac, avant de disparaitre.
La chaleur étant bien palpable, je décide de regagner le point de départ pour le retrouver sur les coups de 9 heures, clap de fin d’un intermède fort dépaysant en terres savoyardes.

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La Sambuy (2198 m) – Bauges
La Sambuy (2198 m) – Bauges
29 mai 2023 In Bauges No Comment

Les pérégrinations de mai se poursuivent. Cette fin de mois est caractérisée par des pressions plus basses qui stagnent sur le sud de la France, induisant des évolutions diurnes tournant à l’orage sur les massifs montagneux. Difficile alors de composer avec les aléas du ciel, entre la volonté de côtoyer les cimes et se protéger de la foudre. Il faut alors trouver des secteurs réunissant ces deux facteurs. Un des endroits qui s’y prête volontiers et celui de la Sambuy, sur la bordure orientale des Bauges. Le point convoité est parcouru à sa base par une petite station de ski, où quelques bâtiments au sommet offrent une solution de repli adaptée.

Il est 12h45 quand les premières foulées sont engagées. Le parking (1150 m) est relativement encombré, tout comme les cieux qui prennent localement de sombres teintes, tandis que les températures annoncent les prémices de l’été. La première partie de l’ascension n’a rien de très excitant : il s’agit de remonter tout le domaine skiable via la piste d’exploitation, croisant çà et là les remontées mécaniques. Dans ces conditions, les pauses contemplation sont vaines, finalement en 1h45, me voilà en haut de la station, vers 1830 m. Plusieurs constructions dénotent dans le paysage, mais les abris qu’ils constituent trouvent aujourd’hui un intérêt certain. En effet, les massifs alentours sont tous coiffés de cumulonimbus tutoyant la stratosphère. Le théâtre de l’apocalypse s’installe progressivement sous mon regard impuissant, avec comme actes des sanctions foudroyantes, aussi aléatoires que dangereuses.

Je patiente un long moment ici, les lieux étant alternativement arrosés de soleil et plongés dans l’ombre des nuages. Au loin, des vrombissements se manifestent, signe que la colère gronde là-haut. L’application indique que les orages sévissent dans le Beaufortain et surtout la Chartreuse. Peu à peu la luminosité décline : les Bauges seraient-elle la prochaine cible ? La température qui dégringole semble annoncer l’inéluctable. Un point de vue à proximité du refuge permet de voir un rideau de pluie arrosant la plaine d’Albertville. Pourtant ici, en dépit de la menace, les événements semblent ne pas se décider. En fin de journée, voilà que des teintes chaudes font leur apparition vers l’ouest. La foudre, aux portes des Bauges à Chambéry, a finalement changé de cap pour aller larguer son voltage sur Grenoble et le Vercors. Les signaux sont au vert : direction la Sambuy, il est déjà 19h30. A grandes enjambées, requinqué par le repos forcé, me voilà arpentant l’ultime dénivelé me séparant de l’objectif. L’arrivée au col m’offre un panorama sur une grande partie des Bauges, jusqu’au lac d’Annecy. Le paysage s’est paré d’une luminosité post-orageuse, aux tons orange délavé, se diffusant dans une atmosphère chargée en humidité. A droite, s’élançant dans le ciel, la Sambuy semble inaccessible tant les pentes sont vertigineuses. Elles justifient la présence de quelques marches, échelles et cordages pour assurer ses prises. A 20h15, la cime est atteinte (2198 m).

La vue est chargée en matière, notamment vers le sud et l’est, où les résidus de l’orage s’évacuent, alors que l’humidité ambiante fait valser la brume sur les reliefs baujus. Le jour se meurt progressivement, et en guise dernier adieu, le soleil a revêtu sa parure vermillon, boule rouge incandescente avant de passer derrière l’horizon. Il est temps d’installer ma modeste villégiature en ces lieux calcaires : pas de tente mais une nuit à la belle étoile, sur la caillasse mais avec le luxe d’être sur du plat, et suffisamment d’espace de part et d’autre pour ne pas rouler vers un aller simple dans l’au-delà. Le bleu de la nuit envahit les Alpes, tandis que le tonnerre résonne au loin ; il est au-dessus de Turin, bien trop loin pour être inquiétant.

Après une courte nuit, les premières esquisses du jour à l’est m’éveillent. L’atmosphère s’est débarrassée de ses nuages, prête à recommencer le jeu pour ce lundi naissant. La brume et l’humidité ternissent le paysage, un filtre naturel affadi la luminosité et les couleurs, à tel point que lorsque le soleil pointe le bout de son nez derrière le massif du Mont Blanc, celui-ci n’offre ni rayons ni chaleur. Une sphère orangée paradoxalement froide, bien différente des matins habituels. Il faut attendre près d’une heure pour en ressentir ses bienfaits, profitant de ces instants suspendus dans mon duvet. Le silence monacal est à peine trahi par les cloches des bovins en contrebas, qui s’activent.

Plus de 1000 mètres de dénivelé doivent être effectués en sens inverse. En fin de matinée, les rais de lumière deviennent presque agressifs, heureusement à midi le parking est retrouvé, signant la fin de cette petite aventure pas dénuée d’intérêt.

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Lac Curtalés (2441 m) – Cerces
Lac Curtalés (2441 m) – Cerces
30 octobre 2022 In Cerces No Comment

Décidément, cette année 2022 bat tous les records. L’été semble avoir installé ses quartiers sur nos latitudes et, malgré quelques incursions de la neige en altitude, l’ambiance est digne d’un début de septembre. Seules quelques cimes à plus de 3000 mètres portent encore les stigmates d’une neige bien chétive, tombée le mois dernier. Côté Préalpes, les montagnes ont perdu de leur éclat, les couleurs s’en sont allées et les forêts attendent leur manteau blanc qui peut-être arrivera un jour. Les sentiers étant encore praticables comme à la belle saison, c’est du côté des Alpes internes que je me rends, au sein d’une des rares vallées que je ne connais pas dans le massif des Cerces : celle de la Neuvache, aux confins du village-station de Valmeinier.

Si les conditions météorologiques sont jugées parfaites pour le commun des mortels, sur le plan photographique je sais que c’est perdu d’avance : des voiles élevés tapissent une grande partie de la France, estompant les rayons du Soleil et les reléguant au rang de lumière terne et blafarde. Qu’importe, le principal est la découverte et le dépaysement.

Le point de départ se situe au parking de la Chenalette (1750 m), terminus du chemin au sud de Valmeinier 1800. Le regard se perd dans la profondeur de la vallée, qui s’étend à perte de vue. Il va pourtant falloir en remonter une grande partie, l’objectif du jour étant le Lac Curtalés (2441 m), nécessitant une approche de 8 kilomètres. L’avantage de cet itinéraire est de présenter une pente moyenne douce, de quoi soulager les articulations qui ont tant souffert ces derniers mois.

En dépit de l’altitude, il fait étonnamment chaud au démarrage. Le sentier longe le torrent de la Neuvache pendant un long moment. Les quelques arbres restants ici, essentiellement des aulnes, ont déjà perdu leurs feuilles. De rares mélèzes se distinguent par leur éphémère parure dorée, tandis que les versants sont ponctués de bâtis isolés, tout de schistes constitués, magnifiquement entretenus ; le plus emblématique est sans nul doute le Refuge de Terre Rouge.
L’ascension se poursuit régulièrement et, après 2h45 de marche, le Lac Curtalés est atteint. Blotti au pied d’un abrupt relief marquant la frontière avec les Hautes-Alpes – et la Haute vallée de la Clarée derrière- il offre un beau panorama sur le chaînon du Thabor, perçant le ciel dans son dédale rocheux. Un replat est trouvé pour installer la tente puis, comme prévu, le coucher de soleil se déroule dans une certaine indifférence, les couleurs se sont éteintes progressivement, jusqu’à laisser place à la nuit.

Le début de soirée est consacré à quelques poses nocturnes, pour capter ce ciel trahi par les nuages élevés, toujours persistants. Plutôt faiblard à mon arrivée, le vent s’est invité à la partie et a rapidement joué la vedette. Toute la nuit, la tente a vibré au rythme des bourrasques, rendant le sommeil quelque peu compliqué. Suite à ce repos en pointillé, aux premières lueurs du jour, je m’extirpe de l’abri en catastrophe, l’atmosphère incandescente aperçue à travers l’abside ayant donné un regain d’intérêt à la sortie. L’instant aura été de courte durée, les paysages se réveillent comme ils se sont endormis, dans une lumière blanchâtre.

Le vent du sud est de plus en plus intenable, il semble prendre de l’accélération depuis la ligne de crête située entre la Pointe de Névache, la Roche du Chardonnet et le Mont Thabor. Il est temps de quitter les lieux et retrouver un peu plus de calme dans le vallon. Peine perdue, le bougre est tenace et m’accompagne une bonne partie de la descente, le paroxysme étant atteint au niveau du refuge et de la Chapelle Notre-Dame-des-Neiges.

Vers 11h30, la voiture est retrouvée, les jambes bien fatiguées par ces 16 km aller-retour. Probablement pas le bivouac le plus inoubliable, tant par les conditions météo et photographiques, mais une belle découverte que ce vallon de la Neuvache.

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Tour des Dents Rouges – Etape 2 : Lac du Retour (Alpes Grées)
Tour des Dents Rouges – Etape 2 : Lac du Retour (Alpes Grées)
20 octobre 2022 In Alpes Grées No Comment

Au loin, la prochaine étape se devine : le Col de la Louïe Blanche (2567 m). Il faut au préalable remonter la dénommée Bella Comba. De prime abord, tout paraît facile, si proche. La réalité du terrain va vite me rattraper. Déjà, parvenir au fond du vallon n’est pas une partie de plaisir, mais en dépit de leur caractère encaissé, la vue depuis les lacs vaut le détour. Au bout des plans d’eau, un gigantesque écroulement sur le flanc nord-ouest de la montagne a laissé la place à un dédale de rochers et de blocs sur plus d’un kilomètre. L’itinéraire sillonne pourtant dedans, des cairns régulièrement mis en place donnent un cap à suivre. Plus loin, la neige, déposée en plaques gelés, vient renforcer la difficulté de la progression. Chute et glissade sont comme une épée de Damoclès au-dessus de ma tête, mais avec la prudence qui s’impose, ce délicat secteur est négocié, moyennant bien une heure d’acrobaties. Le chemin débouche sur un secteur plus ouvert et accueillant sous le col, où un étonnant abri dans un ancien fortin militaire se dévoile sur la droite. Ouvert aux quatre vents, sinistre à souhait et avec des latrines d’un autre âge, il n’est assurément pas conseillé pour y passer la nuit ! Les dernières enjambées m’amènent enfin au Col de la Louïe Blanche, synonyme de retour en France. Le paysage de la Haute-Tarentaise se découvre, dominé par l’imposant Mont Pourri, tout de blanc vêtu, dans une lumière tamisée par les voiles élevés. Un vent modéré me contraint à redescendre un peu pour casser la croûte, sur une zone plus calme.

Un sifflement m’interpelle pendant la pause. Je scrute la falaise : deux bouquetins, aussi curieux que méfiants, me surveillent sur leur promontoire. En ligne de mire, se dessine la quasi-destination du jour, entre deux éperons rocheux : le Col du Retour. Toutefois, la carte est formelle, pour y parvenir, il est nécessaire de plonger 500 mètres au sud pour remonter d’autant. Un détour qui n’est pas à mon goût, alors je décide de couper droit en direction du sud-ouest.
Ponctué de torrents qui ont entaillé le substratum, le parcours est semé d’embûches, nécessitant une débauche d’énergie supplémentaire. Escalader, désescalader, contourner, analyser le relief, faire les bons choix…le kilomètre me séparant du sentier provenant du Passage de Louïe Blanche aura fait chauffer les articulations, en particulier celles des genoux et chevilles. Las, une fois le chemin atteint aux abords d’un petit lac sans nom, une pause bien méritée s’impose. Celle-ci est vite écourtée lorsque des nuages élevés viennent obstruer les rayons du soleil, il faut alors se remettre en marche pour ne pas attraper froid.

Le chemin contourne la Pointe des Couloureuses et un dernier raidillon permet d’atteindre le Col du Retour ! Il débouche sur le lac éponyme, au-dessus duquel émerge le Mont Pourri. Le panorama n’apparaît cependant pas idéal pour la photographie : un monticule conglomératique masque une bonne partie des sommets de la Vanoise en face. La carte IGN indique la présence d’autres petits lacs juste derrière, je m’y rends alors de ce pas pour espérer trouver meilleure fortune. L’un d’entre eux remplit les critères, ce sera mon spot du jour ! J’installe la tente sur un replat moelleux et protégé du vent puis passe une bonne partie de la fin d’après-midi sur un belvédère, à contempler. La vallée de la Tarentaise apparaît sous la forme d’un clair-obscur doré, une succession de crêtes en silhouettes, du plus bel effet.

L’horizon, encombré de nuages opaques, annihile tout espoir de coucher de soleil. Je patiente alors dans mon abri jusqu’à la nuit. Contre toute attente, le ciel se dégage progressivement, pour être totalement clair, l’occasion d’aller capter la profondeur astrale, bien que ternie par la pollution lumineuse des villes toutes proches.

Le lendemain matin, une étrange atmosphère enrobe les lieux, annonciatrice d’un changement de temps. En altitude, le vent s’est levé, les nuages défilent à vive allure. A l’est, une curieuse lumière jaunâtre illumine le Mont Pourri et son glacier, tandis qu’à l’ouest, une masse sombre n’augure rien de bon. Les images satellite indiquent qu’il pleut sur la moitié de Rhône-Alpes, le secteur semble être protégé par le foehn. J’immortalise cette scène fugace et plie rapidement le matériel, la perturbation arrivera inévitablement à percer jusqu’ici. J’active le pas à la descente. De nouveau je suis trompé par un chemin ponctué de marques jaunes, qui m’emmène au pied de la Pointe de la Roche Jaille, inexistant sur les cartes. M’étant rapidement rendu compte de cet égarement, je coupe à travers les myrtilliers sur quelques centaines de mètres afin de regagner la bonne sente, qui rapidement me conduit au point de départ où se trouve ma voiture.

Voilà un circuit qui aura été des plus éprouvants. Ces trois jours passés à la frontière franco-italienne furent marqués par la relative difficulté de quelques passages, avec des sentiers peu évidents, mais la beauté et la diversité des paysages ont largement compensé ces anicroches !

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Tour des Dents Rouges – Etape 1 : Laghi de Tachuy (Alpes Grées)
Tour des Dents Rouges – Etape 1 : Laghi de Tachuy (Alpes Grées)
19 octobre 2022 In Alpes Grées No Comment

On poursuit la traditionnelle quête automnale de la mi-octobre ! Les couleurs ont déjà semble-t-il perdu de leur éclat dans les forêts préalpines, cependant bien exploitées la semaine précédente. C’est l’occasion d’aller explorer les hautes altitudes. Seuls trois jours sont annoncés beaux, de mardi à jeudi. Pour rentabiliser comme il se doit la fenêtre météo, un trek sous la forme d’une boucle paraît opportun.

Seulement une heure avant de prendre la voiture, le choix est enfin fait : ce sera la Haute-Tarentaise avec un crochet en Italie, autour des Dents Rouges (2925 m), pour un circuit peu couru sur un secteur que je ne connais pas. L’idée est de passer 2 nuits là-bas, la première vers les Lacs de Tachuy et la seconde au niveau du Lac du Retour.

C’est sous un beau soleil que l’ascension démarre. Les premières foulées m’amènent rapidement au niveau du Refuge du Ruitor, qui s’inscrit au sein d’une large vallée plane, probablement un ancien lac glaciaire comblé. Sur celle-ci reposent quelques bâtisses en pierre d’un charme singulier, au pied des imposantes murailles dominées par la Becca du Lac, le Bec de l’Âne ou encore la pointe de l’Invernet, tous dépassant les 3000 mètres. L’échauffement effectué sur ce replat laisse place à la remontée de la vallée du Petit, du nom du torrent qui la parcourt. Le sentier débouche sur le lac éponyme, loti à 2400 m et offrant un panorama époustouflant sur les montagnes alentours, déjà coiffées de leur manteau blanc à mi-relief.

Si jusqu’à présent la montée était relativement douce, la dernière partie est une autre paire de manche : un peu plus de 200 mètres de dénivelé quasi droit dans la pente, dans la rocaille. Quelques regards sont lancés derrière, tant le paysage a ce quelque chose de magnétique. L’arrivée au Col de Tachuy (2673 m), au-delà du fait qu’elle marque la frontière entre la France et l’Italie, est synonyme de rencontre avec la neige, subsistant depuis les dernières chutes de septembre. Un autre panorama se dévoile alors, et pas des moindres : la chaine du Mont Blanc. En contrebas, au fond de la vallée, un village, celui de la Thuile. Plus proches, les quelques lacs de Tachuy, objectif du jour. La descente de ce côté est assez périlleuse. Ce versant nord, ombragé, est assez enneigé, obstruant les trous entre les rochers, qu’un pas malheureux viendrait percer sans difficulté. J’avance alors avec prudence, privilégiant les blocs qui émergent. Tant bien que mal, ce passage délicat est négocié. Je n’ai plus qu’à choisir le lac avec le meilleur potentiel. La plupart étant encaissé, c’est finalement un de ceux les plus à l’est que je retiens. Il offre une ouverture de choix sur le toit de l’Europe. Un replat herbeux est trouvé pour y installer la tente.

Un petit vent vient trahir la sensation de chaleur, inhabituelle en cette saison. Mais une fois le Soleil passé derrière les cimes, la fraîcheur est palpable. Elle n’empêche cependant pas d’assister à la consumation du jour, dont les dernières étincelles illuminent le Mont Blanc, dans une ambiance anticyclonique monotone.

Les bivouacs d’automne ont l’avantage de proposer de longues nuits. A seulement 21 heures, l’obscurité est complète, de quoi m’occuper avec quelques poses astrales, notamment sur la Voie Lactée relativement visible pour cette saison. Fort heureusement, le vent s’estompe au milieu de la nuit, permettant de profiter d’un sommeil au calme, jusqu’aux premières lueurs de l’aube.

Je me positionne alors au bout du lac pour capter le reflet de la chaine du Mont Blanc, sous un ciel désespérément bleu et uniforme. Les couleurs vermeils sur les montagnes n’en demeurent pas moins magnifiques. Après cet épisode matinal, je retourne me reposer, le temps que le Soleil émerge enfin. Il faut attendre 10h15 pour que les rayons réchauffent la tente et l’individu qui s’y trouve. Tel un lézard, je sors de mon abri pour ranger le matériel et faire le sac. Au loin, la seconde étape se profile…

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Dent de Pleuven (1771 m) – Bauges
Dent de Pleuven (1771 m) – Bauges
11 octobre 2022 In Bauges No Comment

Les pérégrinations automnales se poursuivent. Après un week-end assez maussade mais quelques belles images ramenées de Chartreuse, ce début de semaine signe le retour du Soleil. Les forêts étant à leur pic de couleurs, j’opte de nouveau pour un massif des Préalpes, cette fois du côté des Bauges. Le Colombier ayant été fait l’année dernière à la même époque, je prends le temps de la réflexion sur le choix du sommet pour profiter des vues, tout en prenant en compte la récente interdiction de bivouac sur bon nombre de secteurs intéressants. Je jette alors mon dévolu sur un spot en limite de la RNCFS : la Dent de Pleuven (1771 m).

Le départ s’effectue au hameau des Magnoux, depuis une piste agricole qui se transforme petit à petit en sentier. La lecture de la carte topographique est sans appel : les cuisses et les mollets vont être mis à rude épreuve, tant le parcours est dré dans l’pentu. Mieux, un panneau prévient le néophyte trop entreprenant au démarrage, avec un cinglant « Terrain dangereux réservé aux randonneurs alpins expérimentés et bien équipés ». Qu’à cela ne tienne, c’est parti pour environ 800 mètres de dénivelé. Pas le temps de s’échauffer, le chemin perpendiculaire aux courbes de niveau active rapidement le cardio, jusqu’à atteindre la base des grandes falaises calcaires. Difficile à croire que le trajet passe là-dedans, pourtant à la faveur d’une combe plus ouverte, un passage se dévoile au droit d’une cascade. De toute évidence, l’endroit est certainement plus dangereux en fin de printemps avec des névés, où toute chute vous envoie 100 mètres plus bas pour un funeste destin. Mais en cette belle saison, et malgré les sols mouillés, une simple vigilance permet de franchir le lieu sans encombre. Ce dernier débouche sur le vaste alpage du Trélod. A droite, s’élance dans le ciel l’objectif du jour, au bout d’un abrupt vallon herbeux qu’il va falloir remonter. Une harde de chamois y est rencontrée, se détournant de moi à mon approche.

Après un ultime effort, la Dent de Pleuven est atteinte, avec pour récompense le panorama exceptionnel sur le cœur des Bauges, animé par des brumes ascendantes et fugaces. Comme annoncé sur les prévisions, l’ouest est chargé de nuages, offrant en fin d’après-midi de somptueux jeux de lumière sur les versants et le fond de vallée, puis de chaleureuses teintes avant que tout ne s’affadisse. J’installe mon abri de fortune avant que l’obscurité ne prenne le relai, puis reprends les activités photographiques quand la pleine Lune surgit par-delà l’Arcalod. La luminosité nocturne permet des captations surréalistes, les villages scintillants dans des paysages illuminés comme en plein jour.

Sans vent ni froid, la nuit a été des plus agréables. A 7 heures, les premières lueurs de l’aube se manifestent à l’est. Les nuages élevés sont déjà agrémentés de quelques rougeurs, qui s’étendent de plus en plus dans l’atmosphère. Les paysages de l’heure bleue en sont magnifiés, jusqu’à ce que le Mont Colombier s’embrase au lever de soleil. L’instant fut éphémère, l’horizon étant densément chargé en nébulosité. Il faut bien attendre une demi-heure avant que la lumière ne revienne, tamisée par un léger voile d’altitude qui la rend assez blanchâtre.

Il est temps de plier bagage, le chemin du retour a ce petit don d’échauffer les articulations des genoux, mais l’ivresse de l’automne est plus forte que tout. Encore de belles conditions d’octobre vécues sur cet emblématique sommet calcaire !

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Col d’Arpingon (2276 m) – Belledonne
Col d’Arpingon (2276 m) – Belledonne
14 août 2022 In Belledonne No Comment

Après une interminable séquence de canicule, enfin un changement de temps qui s’opère ce week-end ! Malgré une semaine éprouvante, j’opte tout de même pour un bivouac tranquille, pour ménager ma monture. Direction le tout proche massif de Belledonne, dans son extrémité septentrionale, avec pour objectif le secteur de la Pointe de la Frèche et du Col d’Arpingon.

Hélas, trois fois hélas, un glissement de terrain courant janvier 2022 a emporté un bout de la route menant au parking, la rendant impraticable. Celle-ci est alors fermée vers le lieudit de la Vibillarde, vers 1250 m d’altitude, soit 500 mètres en contrebas du terminus de Valpelouse ! C’est autant de dénivelé qu’il va falloir rajouter à la course, reléguant à l’état de vœu pieux la « petite balade » envisagée initialement. Pas question de faire marche arrière, un chemin forestier permet de couper une longue épingle, jusqu’à rejoindre la chaussée à 1530 m. Avec la chaleur, la portion sur le bitume est un léger calvaire, l’organisme cuisant à petit feu. Heureusement, au virage suivant, l’analyse de la carte IGN indique un raccourci en sous-bois, menant au Refuge de la Perrière. Grande escroquerie que voilà, le chemin se transforme en sentier, puis s’apparente finalement à un passage de chevreuil. Autant dire une progression à l’aveuglette. Qu’importe, mon sens de l’orientation n’est pas remis en cause et je trace en diagonale, jusqu’à rejoindre une clôture à vache au niveau de l’alpage. Le long de celle-ci, les bovins semblent avoir créé un simili-sentier, lequel me conduit finalement au Refuge !

De là, se dessine à droite des Grands Moulins l’objectif du jour, à 2 km à vol d’oiseau. Je poursuis alors la sente à flanc de versant, pour atteindre les abords du Col de la Frèche, puis contourner la pointe éponyme. L’amoncellement de rocailles et de blocs m’empêche d’espérer bivouaquer ici. En dépit d’une fatigue dans les jambes, pas d’autre choix que de descendre puis remonter cette dernière combe menant au Col d’Arpingon (2276 m). La zone bénéficie de vastes replats favorables pour la nuit. Néanmoins le secteur ne me satisfait guère sur le plan photographique : pas de vue sur le Mont Blanc, peu de cadrages dominants ni points forts dans le paysage. Il va falloir user de plans serrés au téléobjectif pour immortaliser les lieux.

L’audace d’être monté une veille d’orage s’avère payant au crépuscule. Comme prévu, les couleurs sur Belledonne sont tamisées par la nébulosité à l’horizon, mais celle-ci offrent d’intenses rougeoiements qui se diffusent dans l’atmosphère. Plus bas, la Combe de Savoie et le bassin chambérien, plongés dans une obscurité grandissante, s’illuminent progressivement. Il est temps pour moi de rejoindre le duvet, c’est nuit à la belle étoile, m’étant allégé du poids de la tente pour l’occasion. Les modèles météo annoncent une dégradation vers 8-9h le lendemain, me garantissant un sommeil au sec.

Peu après 6 heures, les premières lueurs de l’aube me réveillent. Ce que j’espérais secrètement est en passe de se réaliser : des nuages élevés commencent à rosir à l’est. Ni une ni deux, je m’habille et vais me positionner sur la crête. Un véritable brasier se répand dans les cieux, transformant l’horizon oriental en un épanchement magmatique, aussi éphémère que magnétique.

Le spectacle matinal passé, il ne faut pas trainer sur les hauteurs, les radars indiquent que les précipitations sont déjà aux portes de l’Isère. Je remballe et active le pas sur le chemin du retour. A l’ouest, la vue s’obscurcit, la Chartreuse est déjà enveloppée par les brumes. Quelques minutes plus tard, des rideaux de pluie s’abattent sur la Combe de Savoie. J’enfile la housse sur le sac, ainsi que mon rutilant poncho lorsque les premières gouttes commencent à tomber, entre le Refuge de la Perrière et Valpelouse, à mi-chemin du parcours.

C’est sous une pluie battante et continue que je regagne le parking en contrebas, au terme d’une sortie plus conséquente que prévue, mais avec des ambiances fugaces et magnifiques à la clé !

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Pointe de Riondet (2357 m) – Beaufortain
Pointe de Riondet (2357 m) – Beaufortain
7 août 2022 In Beaufortain No Comment

Décidément, la chaleur n’en finit plus sur l’Hexagone ! Seul lot de consolation, les orages de la veille ont apporté une inespérée fraicheur dans les vallées. Parenthèse de courte durée, le Soleil reprenant sa domination sans partage. Pour s’extirper de l’étuve des plaines, monter en altitude apparait comme l’unique solution. Direction le proche massif du Beaufortain, dans un secteur qui sera à coup sûr épargné de la foule, moi qui préfère la quiétude aux chassés-croisés pédestres : les abords du Cormet d’Arêches avec pour ligne de mire la Pointe de Riondet (2357 m). La voiture est garée près du Lac des Fées (1896 m), transformé en quasi-base de loisirs vu le nombre de personnes qui trempent les pieds, se font bronzer, quand ce n’est pas pour se baigner…

Il est 16h15 quand j’entame les premières foulées. Il faut tout d’abord descendre un abrupt sentier pour récupérer la piste réservée aux exploitants, menant au Refuge de l’Econdu, puis aux chalets d’Aroles. Le chemin aboutit au bâtiment d’alpage où se trouvent les éleveurs de vache. Un bref échange avec l’une des personnes : il est possible de monter dans la prairie pour atteindre la crête près du Col de Charvetan. Elle m’alerte toutefois par rapport à l’objectif du jour, le versant opposé est occupé par des brebis et donc des patous. La prudence va être de mise. L’étape atteinte, le panorama gagne en majesté, les plus hauts sommets de la région surgissent, pris dans les cumulus volumineux mais peu menaçants : Mont Blanc, Mont Pourri, Grande Casse…

La Pointe du Riondet se situe dans le prolongement de la crête. Après d’ultimes efforts, la voilà atteinte. Le 360 degrés là-haut en valait la peine : Bauges, Lauzière, Aravis, Mont Blanc, Vanoise sont autant de massifs créant la ligne d’horizon accidentée du décor. Plus proches, apparaissent quelques lieux emblématiques du Beaufortain : Grand Mont d’Arêches, Lacs de la Tempête, Lac de Saint-Guérin, Pierra Menta, Aiguille du Grand Fond, Roignais etc. En contrebas, le berger et ses chiens mobilisent le troupeau, manœuvrant comme si c’était une seule entité. Le spectacle est assez hypnotique.

Un léger vent agrémente la contemplation des lieux. Bien que large, le sommet offre peu de replat, ce qui n’est pas sans me décourager, trouvant un peu d’herbe en faible pente pour être aux premières loges, lorsque le soleil décline à l’horizon. Les versants se parent de teintes chaudes, distillées çà et là, notamment dans le vallon des Lacs de la Tempête. Les dernières mèches à s’éteindre sont les plus hautes matières, en particulier les cumulus qui vivent là leurs derniers instants à l’approche de la nuit. A peine le soleil couché, l’humidité investit le secteur, la tente est déjà constellée de microgouttelettes.

Vers 1h30, me revoilà dehors pour faire quelques images nocturnes, le quartier de Lune ayant disparu entre temps. L’atmosphère n’est pas limpide, du fait de l’hygrométrie élevée. Plein est, la tranquillité nocturne est trahie par des éclats lumineux intenses et quasi-continus : un orage sévit côté italien, à une centaine de kilomètres de là. Plus bas, un patou aboie, ma frontale l’a-t-il alerté ? De l’autre côté, quelques cloches témoignent de la présence des vaches, débonnaires dans leurs étendues herbeuses. Il s’agit des seuls éléments à venir rompre ce silence monastique si précieux.

Il est 6 heures quand le réveil retentit de nouveau. Place à la session matinale. A l’est, l’horizon est obstrué de nuages, tandis que les Alpes sont baignées dans une humidité peu habituelle pour un mois d’août jusqu’alors caniculaire. De fines écharpes de brume glissent sur les cimes, tandis que quelques lueurs rougeâtres se manifestent au loin, dépeignant une sorte d’aquarelle grandeur nature. En dépit d’une absence de lumière, l’ambiance se révèle magnifique et agréable.

Après une longue sieste partagée entre l’effet de serre de la tente et la brise traversant les ouvertures, j’entame la descente vers 10h30 en empruntant une variante par les Chalets de Riondet au nord, pour récupérer la longue piste menant au parking, épilogue d’une belle sortie en terres savoyardes.

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Petit Mont Blanc (2680 m) – Vanoise
Petit Mont Blanc (2680 m) – Vanoise
23 juin 2022 In Vanoise No Comment

La canicule s’en est allée et a laissé place à une semaine assez chaotique, la région a été le théâtre d’une succession d’orages, de pluie et de soleil. L’incertitude plane également sur les conditions météo attendues, une fenêtre de beau temps semble se profiler dans l’extrême est des deux Savoie. Il n’en fallait pas moins pour me décider à enfiler les chaussures, à l’assaut des cimes. Le dévolu est jeté sur le massif de la Vanoise, tout en évitant scrupuleusement le cœur du parc national, bien trop restrictif sur les activités possibles. C’est donc du côté de Pralognan et la rive gauche du Doron de Chavière que se dérouleront les festivités. Il est 14h45 quand j’attaque les premières foulées depuis le hameau des Prioux (1711 m). L’air est plutôt frais, le soleil est obstrué par de vastes nuages aux teintes sombres, laissant planer le doute sur la météo des prochaines heures. Ces paramètres sont néanmoins en faveur d’une ascension rapide, accompagnée par les nombreuses marmottes, puis deux paisibles bouquetins aux abords du Col du Mône (2533 m). D’ici, l’objectif du jour est à quelques enjambées, il s’agit du Petit Mont Blanc (2680 m). Il tire son nom de sa nature géologique, dominée par les gypses, dont la blancheur rappelle les neiges éternelles du toit de l’Europe. Elle confère au lieu une impression lunaire, par sa surface polie et ponctuée de grandes dépressions formées par les entonnoirs de dissolution. Il ne m’aura fallu que 2h30 pour atteindre le sommet et ses quelque 950 mètres de dénivelé. Le panorama à 360 degrés vaut le détour, entre la Grande Casse qui me fait face, les glaciers de la Vanoise aux miroitements turquoise et tous les autres sommets rocailleux avoisinant les 3000 m.

A l’ouest, à quelques dizaines de kilomètres de là, il pleut, ce qui se traduit dans le ciel par une forte densité de nuages. L’absence de pluie ici doit son salut uniquement grâce à un vent du sud régnant dans le secteur, m’obligeant à trouver un endroit moins exposé pour y fixer mon abri. En dépit de la nébulosité, Dame Nature m’offre un magnifique spectacle au crépuscule, grâce à des percées de lumière prophétiques, illuminant cimes et versant de rayons limpides du plus bel effet.

La nuit investit les Alpes. L’absence de Lune me permet alors de capter la Voie Lactée, particulièrement visible en ces coins retirés de la civilisation. Néanmoins, le vent est tenace. Pire, il s’accentue vers 2-3 heures. La tente entame alors une longue et interminable litanie, tiraillée de toutes parts. A l’intérieur, la sensation d’être dans un sèche-linge est assez prononcée, difficile sinon impossible de trouver le sommeil dans de telles conditions.

Mois de juin oblige, déjà les premières lueurs de l’aube se manifestent à l’horizon. La Grande Casse s’est coiffée d’une couche nuageuse, tandis que les cieux se parent d’une éphémère mais puissante teinte chaude, embrasant le paysage durant quelques minutes.

Un autre spectacle se profile aux abords du point culminant de la Savoie. Au bénéfice d’une ouverture dans le relief, probablement au niveau du Col de la Grande Casse, le soleil diffuse ses rais dorés, contrastant avec l’austérité du glacier pris dans la brume. Cette juxtaposition d’ambiances opposées crée une scène particulièrement unique. Après le festival de la veille, l’aube m’aura réservée de belles surprises, compensant la quasi-absence de repos nocturne.

C’est sous un vent à décorner les bœufs que je quitte ce Petit Mont Blanc, les souvenirs plein la tête et les cartes mémoire remplies de belles images.

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Lac de la Gouille / Pointe de Combe Bénite (2575 m) – Beaufortain
Lac de la Gouille / Pointe de Combe Bénite (2575 m) – Beaufortain
18 juin 2022 In Beaufortain No Comment

En cette mi-juin, la France transpire avec un épisode caniculaire assez précoce, qui n’augure rien de bon pour les années à venir. Seul salut pour échapper à la fournaise des vallées : prendre de l’altitude ! Une opération week-end de trois jours est déclenchée, en direction du Beaufortain, dans un secteur que je n’ai jusqu’alors jamais exploré : la partie méridionale du massif, côté Tarentaise, entre Aime et le Cormet d’Arêches. L’objectif est d’effectuer une petite boucle autour de la Pointe de Combe Bénite. Une piste d’alpage permet de se rendre en voiture assez haut, près du hameau de Thiabord vers 1978 m d’altitude, pour récupérer un départ d’itinéraire. Le thermomètre indique tout de même 25°C en plein milieu d’après-midi.

La balade programmée est plutôt facile et emprunte un sentier en balcon sur le flanc oriental du vallon du Cormet d’Arêches. Il se caractérise par une succession de montées et descentes dans les prairies, dans un calme et une solitude absolus en ce vendredi après-midi. Seules les marmottes, par leur cri strident, témoignent de leur présence. L’ascension est plutôt agréable avec un vent assez soutenu et un ciel qui se voile progressivement, atténuant la sensation de chaleur ambiante. En deux heures, me voilà au Lac de la Gouille (2235 m), terminus de cette courte étape. Ce petit plan d’eau, en cours d’eutrophisation et de comblement, reflète à merveille la Crête de la Raisse, avec ces roches incisant le ciel. Les bourrasques sont importantes dans cette dépression, constituée de zones humides. Il me faut trouver un replat herbeux au sec et à l’abri, chose acquise à quelques dizaines de mètres au nord. Les conditions anticycloniques du moment ne sont pas du tout favorables aux belles ambiances, dans cette atmosphère laiteuse, échauffée et troublée par trop de jours ensoleillés. Néanmoins, la dernière heure de la journée offre une magnifique lumière dorée qui se diffuse dans le Beaufortain, idéalement capturée par le drone lancé dans les cieux. De beaux instants qui viennent conclure cette paisible fin de semaine. La luminosité s’estompe progressivement, l’occasion d’installer mon petit campement qui s’avère des plus rudimentaires : matelas, duvet et sursac. Ce sera une nuit à la belle étoile !

Minuit passé, la Lune émerge par-delà la Vanoise, illuminant les lieux de sa douce lumière, que je m’exécute à capter. Quelques heures plus tard, déjà l’aube qui se manifeste à l’horizon. Le ciel est toujours aussi laiteux, il faut attendre que notre étoile passe par-dessus la nébulosité des basses couches pour offrir des rayons limpides, permettant de beaux jeux de symétrie des cimes sur le plan d’eau. Je retourne ensuite me reposer, pour profiter de la fraîcheur matinale.

C’est finalement à 10 heures que je quitte les lieux, le soleil cogne déjà fort. D’ici, j’aperçois le sommet convoité : La Pointe de Combe Bénite. Le sentier contourne la Crête de la Raisse pour atteindre le Col de Corne Noire (2413 m). Sur le parcours, un couple de Lagopèdes traverse furtivement ma route, avec leur chant si caractéristique et leur vol plané. Malgré l’altitude, l’organisme souffre de la chaleur, au moment d’entamer la dernière ligne droite. La difficulté est toutefois compensée par la beauté du chemin en crête, jusqu’à atteindre l’objectif, en à peine 1h15.

De là-haut, le panorama à 360 degrés est exceptionnel : le Mont Blanc qui émerge, les glaciers de la Vanoise, le Mont Pourri, la chaîne des Aravis, ainsi qu’une bonne partie des coins emblématiques du Beaufortain. Je m’avance sur un promontoire au nord pour contempler le paysage, mais rapidement le soleil me contraint de trouver un endroit ombragé pour patienter, denrée rare en ces lieux ! Cependant les journées sont longues…8 longues heures avant le coucher de soleil, avec pour seule compagnie des mouches et moucherons particulièrement agressifs, et pour cause… En milieu d’après-midi, je consulte les derniers bulletins météo : des orages sont annoncés sur les Hautes-Alpes, et remonteront vers l’Oisans, la Vanoise, voire plus (sous-entendu : là où je suis !). Les animations satellites montrent en effet des bourgeonnements qui s’intensifient à grande vitesse. Je sors de ma cachette, et stupeur : un énorme cumulonimbus en forme d’enclume se dresse au sud de la Tarentaise.

N’ayant rien pour m’abriter, rester ici représente un risque. Je poursuis alors le sentier pour atteindre un sommet sans nom et observe l’évolution. Le nuage grossit à vue d’œil. J’immortalise la scène avec quelques images de drone et remballe. Le ciel s’obscurcit de plus en plus, la température chute. Rien de très engageant et surtout pas prudent de stationner ici. Je prends alors la décision, à contrecœur, de rejoindre la voiture en finissant la boucle entamée la veille. Une fois celle-ci atteinte vers 19h, quelques coups de tonnerre résonnent au loin et de frustrants jeux de lumière s’abattent sur le Beaufortain, que je ne peux hélas capter. Finalement, l’orage n’est pas venu jusqu’ici, mais il s’en est fallu de peu. Il faut parfois savoir renoncer plutôt que tenter l’imprudence, c’est la leçon qu’on retiendra de cette sympathique virée savoyarde.

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