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Sylvain Clapot - Photographe > Savoie

Savoie

Pointe d’Archeboc (3272 m) – Alpes Grées (1/2)
Pointe d’Archeboc (3272 m) – Alpes Grées (1/2)
14 août 2023 In Alpes Grées No Comment

Voilà deux week-ends de suite que la météo orageuse me prive de bivouac en altitude. Malgré un scénario qui se profile de nouveau pour cet intermède de l’Assomption, le cœur et l’envie l’emportent sur la raison. Afin de mettre à profit ces jours de congés, l’idée est d’aller tutoyer les 3000 mètres, maintenant que l’été a fait son œuvre là-haut, la neige s’en est allée. Depuis plusieurs années, un secteur en particulier me fait de l’œil, à force d’arpenter ses environs : la Pointe d’Archeboc (3272 m). Celle-ci se mérite, il faut compter 1500 mètres de dénivelé pour y parvenir. L’objectif est ambitieux, moi qui suis lesté de mes 20 kg, alors la gravir en deux étapes semble être une solution tout à fait appropriée.

En cette chaude journée dominicale, je rejoins le parking de l’Echaillon (1805 m), aux confins de la station de Sainte Foy Tarentaise, constituant le point de départ de ce grand circuit. Le début est une mise en jambes bienvenue, empruntant la Via Alpina en pente douce, afin de rejoindre le hameau du Monal, la balade familiale par excellence, en témoignent la quantité de touristes venus profiter de ce site classé. Les plus téméraires poursuivent l’ascension du versant, afin de rejoindre le vallon du Clou, 400 mètres plus haut. Une piste permet également de s’y rendre, mais à l’accès restreint. Des Anglais ont eu l’audace d’y monter avec leur véhicule de loisir. Les voilà plantés sur le bas-côté, une roue dans un nid-de-poule, s’efforçant de s’en extraire, en vain. Je passe à côté, le sourire aux lèvres, cela leur apprendra.
Une fois la retenue atteinte, vers 2200 mètres, c’est un nouveau paysage qui se dévoile, sauvage et puissant, ponctué de quelques bâtisses, en plus ou moins bon état, ainsi qu’un troupeau de vaches, occupant le replat herbeux de la vallée. Loin, très loin au fond, se dresse l’objectif du lendemain. Ce tas de rocailles paraît si inaccessible vu d’en bas ! Je remonte la rivière jusqu’au lieudit des Balmes, dernière trace de civilisation du secteur. J’y stationne un long moment, le temps d’évaluer les conditions météo, l’orage étant annoncé en fin d’après-midi, l’endroit peut être une solution de repli. Malgré quelques sombres nuages, rien de bien menaçant. Je décide alors de poursuivre l’itinéraire, jouxtant le torrent, jusqu’à arriver au Lac Noir (2618 m), grande étendue d’eau ceinturée d’abruptes versants et d’éboulis. Elle constitue également le terminus du sentier de randonnée officiel. Toute la suite sera une affaire de cairns et de déambulations hasardeuses.

Un promontoire dominant d’une centaine de mètres le lac, repéré lors des préparatifs, est rapidement atteint. Il sera le lieu d’étape pour la soirée. Il offre tout le confort souhaité : zones de plat, herbe et vue plongeante sur le vallon. Tandis que la journée s’achève, le ciel vient jouer les trouble-fête : la lumière est chassée du secteur, pour laisser place à un plafond nuageux sombre et hostile. Il s’accompagne de grondements résonant au loin. Il faut revoir les plans, je remballe tout pour trouver un abri sous roche plus haut, il est 20 heures passées. L’orage, bien que modeste, se fait suffisamment entendre pour inquiéter les pèlerins de passage. Je reste plus d’une heure recroquevillé dans cet inconfortable recoin schisteux, le temps pour la nuit de s’installer. L’atmosphère devient plus silencieuse, les averses disparues. Les signaux semblent être au vert pour finir la soirée. Le programme est modifié pour aller rejoindre le lac Brulet (2697 m), relativement proche, atteint en un quart d’heure, à la frontale. Après un bref repérage, je choisis mon emplacement pour la nuit à la belle étoile, aux abords du plan d’eau. A peine ai-je le temps de poser le sac, que la pluie s’invite de nouveau à la partie. J’installe dans la précipitation tapis de sol, duvet, sursac et…poncho qui va jouer le rôle de toile de tente sommaire. Pour accompagner ce désagréable moment, voilà que l’orage vient jouer la seconde mi-temps. C’est de nouveau un concert de vrombissements dans les cieux. L’un d’entre eux met moins de 3 secondes après l’éclair, preuve de sa proximité. Sous mon abri de fortune qui commence à prendre l’eau sur les côtés, je soupire davantage d’agacement que de panique, c’est un mauvais moment à passer, je prends mon mal en patience. L’épisode dure tout de même 1h30, puis peu à peu, tout s’estompe, le calme revient. D’innombrables étoiles tapissent le firmament, la récompense après tous ces désagréments. Je profite du lac pour capturer les reflets d’une magnifique Voie Lactée, régulièrement percée d’étoiles filantes, abondantes, nous sommes en plein dans les Perséides. Au chaos succède la féérie.

Aux premières lueurs de l’aube, la tempête de ciel bleu a raison de moi, je fais l’impasse sur les photos matinales, préférant prolonger cet agréable moment de plénitude, tandis que les rayons de soleil viennent se mêler à la fraîche brise rampant sur les versants. Contraste saisissant avec la veille.
Je reste ici jusqu’en fin de matinée pour que sèchent mes affaires, et capitalisant un repos bienvenu avant d’affronter cette crête qui me fait tordre le cou, tellement elle se montre inaccessible…

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Lacs de Plan Richard (2481 m) – Vanoise
Lacs de Plan Richard (2481 m) – Vanoise
23 juillet 2023 In Vanoise No Comment

Le beau temps estival continue de s’épandre dans les Alpes. Pour fuir la chaleur associée, c’est naturellement vers les sommets qu’il faut se diriger. La lumière n’étant pas intéressante ces derniers jours et la nuit sans Lune annoncée, l’approche sera axée autour des paysages nocturnes. Plusieurs conditions sont requises : zone sans pollution lumineuse, présence d’un point d’eau pour les reflets cosmiques et un peu d’inédit en termes de secteur. Le repérage me conduit du côté de la Tarentaise et le massif de la Vanoise, à quelques centaines de mètres de la limite du parc national, pour pouvoir bivouaquer en tout légalité (quelle tristesse de devoir accoler ces deux termes…). L’objectif est la zone des lacs de Plan Richard, depuis Rosuel (Peisey-Nancroix), terminus de la Route Départementale 87. Au programme : près de 950 mètres de dénivelé pour environ 8 km d’approche. Vacances estivales et beau temps obligent, l’imposant parking est déjà bien rempli en début d’après-midi, mais peu de craintes à avoir, les touristes n’iront pas dans l’espace convoité.

La première partie consiste à contourner l’épaule formée par la base de l’Aliet de l’Aiguille Motte, en rive gauche du Ponturin, partagée entre boisements et zones ouvertes. De part et d’autre, les imposantes murailles rocheuses, tutoyant le ciel, veillent aux pèlerins des sentiers, notamment le Mont Pourri, à l’allure hostile sous cet angle. Le regard se perd dans les nombreuses cascades sillonnant les alpages, où paissent çà et là quantité de vaches.

Vers 2000 mètres, derrière une moraine, le parcours s’adoucit nettement, se transformant en faux plat. Pendant trois kilomètres, il arpente le fond du vallon, dévoilant de nouvelles cimes de la Vanoise, et au bout duquel est blotti le vaste lac de la Plagne. Un peu plus loin, un drapeau de la Savoie annonce le refuge d’Entre le Lac. Une multitude de personnes y est amassée, pas question de vivre l’expérience de la montagne dans la foule, la solitude et la quiétude ne sont plus qu’à une heure de marche ! Le chemin balisé est quitté pour basculer sur une sente bien tracée, remontant de façon franche dans le vallon à l’ouest. Sur quelques mètres, plus haut, l’itinéraire est déchiqueté par un couloir mis à nu et rocailleux, formé par des crues torrentielles. Une cicatrice marquée dans le paysage. Sur les coups des 19 heures, après une longue mais régulière ascension, la partie inférieure des lacs est atteinte. Elle est tapissée de zones humides et de tourbières, ainsi qu’un lac au pied du versant. L’arrivée coïncide avec la révérence du Soleil derrière la crête du Dôme des Pichères, dépassant les 3000 m.

Le lieu de bivouac, protégé de la petite bise descendant du Col de l’Aliet, est trouvé sur l’un des nombreux replats. Un bref repérage est effectué, quelques gouilles d’eau satisferont la quête du jour. Comme pressenti, les couleurs du crépuscule sont ternes et fades, inutile d’insister, mieux vaut se reposer pour la nuit chargée qui s’annonce.
Peu après minuit, le maigre croissant de Lune s’en est allé derrière l’horizon, laissant place à un ciel parfaitement sombre, ponctué d’astres scintillants. Je suis venu pour elle, la voici qui s’élance dans la pénombre : la Voie Lactée. Pendant une bonne partie de la nuit, je tâche de l’immortaliser : panorama, reflet sur l’eau, timelapse et pose (très) longue, un sommeil haché jusqu’à 4h du matin.

Les premières lueurs de l’aube m’éveillent. Le ciel d’un bleu uniforme et les lumières insipides ont raison de moi, la sieste est prolongée. Depuis quelques heures, après une accalmie, le vent s’est de nouveau levé, trahissant la sensation de chaleur avec l’arrivée du soleil. Quelques victuailles englouties pour reprendre de l’énergie, il est ensuite temps d’entamer le retour. Il aura fallu 3 heures pour retrouver la voiture, point final d’une belle sortie en terres de Vanoise, sous un envoûtant ciel nocturne.

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Rocher du Vent (2360 m) – Beaufortain
Rocher du Vent (2360 m) – Beaufortain
24 juin 2023 In Beaufortain No Comment

Le mois de juin tire à sa fin, mais l’envie d’aller là-haut ne faiblit pas. La veille, un épisode orageux a déversé quantité d’eau dans le secteur, nettoyant au passage le sable du désert obstruant le ciel d’un voile gris-jaune opaque, du plus mauvais goût pour quiconque cherche de belles lumières. Il n’est donc pas étonnant de voir ce vendredi les montagnes accrochées de brumes, la chaleur faisant évaporer l’humidité ambiante. Un phénomène créant des conditions optimales pour avoir un peu de texture, avant que l’anticyclone, arrivant à grands pas, ne vienne infliger aux Alpes une tempête de ciel bleu et de fades éclairages crépusculaires.

Me voilà donc parti à l’assaut des cimes et c’est une nouvelle fois le Beaufortain qui est plébiscité. Une semaine après avoir arpenté les crêtes sud du barrage de Roselend, au tour désormais de la partie nord. La route, fermée jusqu’alors pour cause d’affaissement, a été rouverte le jour précédent, pour atteindre le Cormet de Roselend. Une occasion à saisir. La voiture garée au Plan de la Lai (1821 m) en fin de journée, l’objectif se dresse dans toute sa magnificence face à moi : le Rocher du Vent (2360 m). L’avantage du vendredi est d’éviter la cohorte de touristes sur ce lieu, probablement l’un des plus courus du massif. De sombres nuages, quoique guère menaçants, offrent une fraîcheur bienvenue pour l’ascension. Le dénivelé est rapidement avalé jusqu’à la Lauze (2165 m). Entre impréparation et lecture trop rapide de topos glanés çà et là, j’opte pour un cap à l’ouest, pensant qu’un sentier me conduirait au sommet. Il n’en est rien. Le parcours en balcon mène jusqu’au pied de la muraille rocheuse, dans laquelle un improbable tunnel a été creusé sur une centaine de mètres. Il débouche sur une vue plongeante sur le lac, magnétique. J’ai beau me dénuquer en regardant la cime, aucune sente n’y grimpe, si ce n’est le parcours de la via ferrata. Pas question de s’y risquer sans équipement et avec le poids sur le dos. Alors je poursuis l’itinéraire qui sillonne le flanc de la montagne, se dirigeant cette fois vers le nord-est. Le barrage de la Gittaz se dévoile peu à peu.

Quelques percées divines soulignent l’ambiance vespérale, avec les versants mouchetés d’une lumière éphémère. Ayant compris que mon erreur m’a fait faire le tour complet du Rocher du Vent par sa base, j’active la cadence pour finir la boucle jusqu’au Col de la Lauze (2330 m). Il n’est pas envisageable de rater le coucher de soleil. Plusieurs centaines de mètres plus au sud-ouest, un panneau indique que me voilà au Rocher du Vent. Très bien, je suis au beau milieu d’une crevasse, cernée de deux remparts tithoniques. Il faut coûte que coûte se rendre au sommet. Une croix jaune sur la gauche m’interpelle : plusieurs câbles sont fixés sur les dalles rocheuses. C’est donc parti pour un peu d’exercice aérien, vertigineux mais franchi sans encombre. Le sentier sommital atteint le point tant espéré : le bord de la falaise dominant Roselend, enfin ! Le panorama grandiose justifie la réputation des lieux.

Le jour se meurt peu à peu, le Soleil décline irrésistiblement vers l’horizon et quand il daigne passer sous la barre de nuages, il distille une lumière mordorée sur le secteur, d’un parfum enivrant, élevant la beauté à un niveau paroxystique. Une féérie phosphorescente l’espace de quelques minutes, avant que l’obscurité ne gagne définitivement la partie.

Le plat étant inexistant sur ces hauteurs, c’est dans le sillon du sentier que je dormirai, tel un vagabond. Ici, la couche a bien moins d’importance que l’extase des yeux. Quel régal d’ouvrir les paupières en plein cœur de la nuit, et d’avoir pour première image la Voie Lactée se tapissant sur la rétine…Le silence n’est pourtant pas total, les torrents gonflés par l’orage et la fonte des neiges, rugissent en contrebas, un vrombissement permanent.

Après un sommeil haché par les nombreuses captations nocturnes, les premières lueurs se manifestent déjà vers 4h, il faut cependant attendre deux heures de plus pour que les sommets alentour soient illuminés. Le grand théâtre du Beaufortain ouvre de nouveau ses portes, le public a répondu présent, déjà le parking en contrebas se remplit malgré l’heure matinale. Aux bruits torrentiels, s’en ajoutent d’autres, bien plus irritables : ceux des motards, qui semblent jouer à celui qui se fera le plus entendre dans la vallée, où tout résonne plus qu’ailleurs…

Une courte sieste plus tard, il est temps de remballer et partir, le soleil de juin est mordant pour l’organisme, et ce même dans les plus basses heures matinales.

Il est 11 heures quand la voiture est retrouvée. Les stationnements sont complets, je quitte le secteur à contre-courant avec la satisfaction d’avoir eu de belles et solitaires conditions.

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Roche Parstire, Col du Couvercle – Beaufortain
Roche Parstire, Col du Couvercle – Beaufortain
18 juin 2023 In Beaufortain No Comment

Etape 1 : Col du Pré > Roche Parstire

La première quinzaine de juin a été marquée par la constance de la météo à rincer les Alpes d’orages quotidiens. Dans ces conditions, difficile de se hasarder à un bivouac sur les cimes autant humidifiées qu’électrisées. Toutefois, cet épisode touche à sa fin, laissant place à l’arrivée de la chaleur. Trouver refuge en altitude est comme chaque année une salvatrice solution.

Les jours étant longs, il est alors possible de quitter la vallée dès le vendredi en fin d’après-midi. Le programme du week-end est sans prétention, si ce n’est parcourir les crêtes bordant l’ouest et le sud du barrage de Roselend, pour un panorama de premier choix sur l’étendue d’eau artificielle.

A peine les cloches ont sonné 18 heures que me voilà au Col du Pré (1703 m), avec pour modeste objectif la Roche Parstire (2109 m). L’avantage, pour ce sommet facilement accessible et couru, est de profiter du lieu avec une relative quiétude, avant l’arrivée des randonneurs du samedi et du dimanche. Dans une atmosphère tamisée par quelques débonnaires nuages, la montée s’effectue rapidement. La sortie de la forêt marque d’une part le début de l’alpage et de la crête, et d’autre part le lever de rideau sur le magnétique décor des lieux : en contrebas, le lac de Roselend et son bleu azur, en haut l’imposant Mont Blanc et ses neiges sans doute plus si éternelles.

Notre étoile déclinant peu à peu, la lumière rasante vient caresser les chalets à mi-pente, sublimant la scène. L’horizon, chargé d’une fine épaisseur de brume, ampute le Soleil de ses chaleureux rayons. Les versants alentours se ternissent, l’astre se prépare à son one-man show. D’un blanc aveuglant, il transite vers un jaune délavé, de l’orangé jusqu’à sa mue finale, un rouge vermillon intense. Une affaire de quelques minutes ce bouquet d’adieu. Par un heureux concours de circonstances, voilà que la sphère incandescente vient de lover dans le concave relief de la Tournette, avant de définitivement tirer sa révérence. Les ombres investissent dès lors rapidement les lieux, il est près de 22 heures. La nuit s’annonce aussi courte que sombre : pas le moindre quartier de lune ne viendra déposer de la lumière ici ; des conditions idéales pour capter étoiles et Voie Lactée, pendant environ deux heures.

Dur effort un moment plus tard, lorsqu’il faut sortir du duvet, la fraîcheur et l’humidité ont imposé leur loi sur le pèlerin sans tente que je suis. Mais l’appel de l’aube est plus fort que tout. Néanmoins comme la veille, le Soleil éclaire peu quand il surgit par-delà le flanc oriental du Mont Blanc. Quelques images de rigueur sont faites, avant de retourner dans le plumage pour une agréable sieste matinale, le visage caressé par la douce brise matinale, le corps peu à peu réchauffé par l’entité lumineuse. La plénitude à son paroxysme, un moment volé au temps qui passe.

En milieu de matinée, ce moment de grâce prend fin au moment de refaire le paquetage. La crête qui se poursuit vers le sud, amène mon regard sur la seconde étape du parcours…

Etape 2 : Roche Parstire > Abords du Col du Couvercle

Cette seconde journée au cœur du Beaufortain sera davantage placée sous le signe de la contemplation et l’attente que la grande bambée sportive. L’idée est de poursuivre sur cette crête de manière à avoir une vue différente sur le barrage de Roselend. Il est un peu plus de 10 heures quand je décide de décoller de Roche Parstire. L’influence du week-end se fait nettement ressentir sur la fréquentation, des hordes de randonneurs et traileurs défilent sur le sentier que je m’apprête à sillonner. Il offre une succession de montées et descentes, plus casse-pattes qu’on ne le croit, mais la beauté des lieux est un catalyseur naturel. Le vagabond est constamment sous la surveillance du Mont Blanc, sorte d’antithèse de Sauron : froid et bienveillant, avec son regard opalin.

Après une énième série de montée-descente, surgit sans crier gare le lac de Saint-Guérin, en contrebas. Blotti au pied du Grand Mont d’Arêches, son bleu émeraude lui donne un air balnéaire.

Plusieurs sommets intermédiaires ponctuent le parcours en direction des hautes cimes du Beaufortain. La dernière d’entre elles, le Mont Coin, constitue mon objectif. Cependant, plus les foulées sont avalées, plus le lac de Roselend se dérobe dans le panorama. Il devient évident de ne pas s’écarter trop à l’ouest, au risque d’avoir l’étendue d’eau tronquée. C’est finalement le point coté 2341 m, surplombant le Col du Couvercle qui conclut cette courte étape. Le barrage, plein nord, me donne déjà des idées pour la prochaine nuit. En attendant, c’est un après-midi entier qu’il va falloir errer en ces lieux. Face à cette scène paradisiaque, où lac et Mont Blanc se disputent le premier rôle. Je patiente dans la contemplation, la lecture de Tesson…S’abandonner à vivre, dans le titre et les faits. Le temps défile lentement, les randonneurs un peu moins ; moi, immobile, léthargique par un sommeil trop haché, j’observe l’inexorable course du soleil. L’air est frais, les rayons dans une agressivité estivale. Progressivement, le ciel s’encombre de fins voiles élevés, trahissant la sensation de beau temps. Le déclin vers l’horizon chasse les touristes des lieux, me laissant peu à peu seul dans ce cadre idyllique. A défaut d’embrasement mordoré sur les montagnes, un couple de chamois occupe ma fin de journée. Ils arpentent le flanc escarpé à la recherche de quelques appétentes herbes, jusqu’à atteindre le sentier de crête, manifestement trop imprégné d’odeurs humaines, ils redescendent aussitôt.

Mon regard est cependant vite redirigé vers les rougeoyants cieux qui s’établissent au loin. Le Soleil a entamé son sprint final pour aller illuminer d’autres contrées. La sphère incandescente vient côtoyer la Tournette, un brûlant baiser d’adieu voulu par le jeu de la perspective, avant que les ténèbres prennent le relai. Je m’en vais rejoindre mon duvet pour glaner quelques heures d’assoupissement, entrecoupé de déambulations nocturnes sur la crête. La nuit à la belle étoile a des côtés grisants à bien des égards : pas de crissement de toile, aucun obstacle entre le for intérieur et l’infinité cosmique. La première image s’imprimant sur la rétine est cette Voie Lactée, source de bien d’imagination…

Vers 5 heures, l’aube est déjà bien entamée. Le ciel est toujours essaimé de voiles élevés, notamment vers le nord-est, théâtre de l’avènement solaire. Comme la veille, l’astre ne fait pas d’entrée triomphale, se contentant simplement d’éclairer. Quelques invisibles brumes diffusent néanmoins les rais matinaux, au-dessus du lac, avant de disparaitre.
La chaleur étant bien palpable, je décide de regagner le point de départ pour le retrouver sur les coups de 9 heures, clap de fin d’un intermède fort dépaysant en terres savoyardes.

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La Sambuy (2198 m) – Bauges
La Sambuy (2198 m) – Bauges
29 mai 2023 In Bauges No Comment

Les pérégrinations de mai se poursuivent. Cette fin de mois est caractérisée par des pressions plus basses qui stagnent sur le sud de la France, induisant des évolutions diurnes tournant à l’orage sur les massifs montagneux. Difficile alors de composer avec les aléas du ciel, entre la volonté de côtoyer les cimes et se protéger de la foudre. Il faut alors trouver des secteurs réunissant ces deux facteurs. Un des endroits qui s’y prête volontiers et celui de la Sambuy, sur la bordure orientale des Bauges. Le point convoité est parcouru à sa base par une petite station de ski, où quelques bâtiments au sommet offrent une solution de repli adaptée.

Il est 12h45 quand les premières foulées sont engagées. Le parking (1150 m) est relativement encombré, tout comme les cieux qui prennent localement de sombres teintes, tandis que les températures annoncent les prémices de l’été. La première partie de l’ascension n’a rien de très excitant : il s’agit de remonter tout le domaine skiable via la piste d’exploitation, croisant çà et là les remontées mécaniques. Dans ces conditions, les pauses contemplation sont vaines, finalement en 1h45, me voilà en haut de la station, vers 1830 m. Plusieurs constructions dénotent dans le paysage, mais les abris qu’ils constituent trouvent aujourd’hui un intérêt certain. En effet, les massifs alentours sont tous coiffés de cumulonimbus tutoyant la stratosphère. Le théâtre de l’apocalypse s’installe progressivement sous mon regard impuissant, avec comme actes des sanctions foudroyantes, aussi aléatoires que dangereuses.

Je patiente un long moment ici, les lieux étant alternativement arrosés de soleil et plongés dans l’ombre des nuages. Au loin, des vrombissements se manifestent, signe que la colère gronde là-haut. L’application indique que les orages sévissent dans le Beaufortain et surtout la Chartreuse. Peu à peu la luminosité décline : les Bauges seraient-elle la prochaine cible ? La température qui dégringole semble annoncer l’inéluctable. Un point de vue à proximité du refuge permet de voir un rideau de pluie arrosant la plaine d’Albertville. Pourtant ici, en dépit de la menace, les événements semblent ne pas se décider. En fin de journée, voilà que des teintes chaudes font leur apparition vers l’ouest. La foudre, aux portes des Bauges à Chambéry, a finalement changé de cap pour aller larguer son voltage sur Grenoble et le Vercors. Les signaux sont au vert : direction la Sambuy, il est déjà 19h30. A grandes enjambées, requinqué par le repos forcé, me voilà arpentant l’ultime dénivelé me séparant de l’objectif. L’arrivée au col m’offre un panorama sur une grande partie des Bauges, jusqu’au lac d’Annecy. Le paysage s’est paré d’une luminosité post-orageuse, aux tons orange délavé, se diffusant dans une atmosphère chargée en humidité. A droite, s’élançant dans le ciel, la Sambuy semble inaccessible tant les pentes sont vertigineuses. Elles justifient la présence de quelques marches, échelles et cordages pour assurer ses prises. A 20h15, la cime est atteinte (2198 m).

La vue est chargée en matière, notamment vers le sud et l’est, où les résidus de l’orage s’évacuent, alors que l’humidité ambiante fait valser la brume sur les reliefs baujus. Le jour se meurt progressivement, et en guise dernier adieu, le soleil a revêtu sa parure vermillon, boule rouge incandescente avant de passer derrière l’horizon. Il est temps d’installer ma modeste villégiature en ces lieux calcaires : pas de tente mais une nuit à la belle étoile, sur la caillasse mais avec le luxe d’être sur du plat, et suffisamment d’espace de part et d’autre pour ne pas rouler vers un aller simple dans l’au-delà. Le bleu de la nuit envahit les Alpes, tandis que le tonnerre résonne au loin ; il est au-dessus de Turin, bien trop loin pour être inquiétant.

Après une courte nuit, les premières esquisses du jour à l’est m’éveillent. L’atmosphère s’est débarrassée de ses nuages, prête à recommencer le jeu pour ce lundi naissant. La brume et l’humidité ternissent le paysage, un filtre naturel affadi la luminosité et les couleurs, à tel point que lorsque le soleil pointe le bout de son nez derrière le massif du Mont Blanc, celui-ci n’offre ni rayons ni chaleur. Une sphère orangée paradoxalement froide, bien différente des matins habituels. Il faut attendre près d’une heure pour en ressentir ses bienfaits, profitant de ces instants suspendus dans mon duvet. Le silence monacal est à peine trahi par les cloches des bovins en contrebas, qui s’activent.

Plus de 1000 mètres de dénivelé doivent être effectués en sens inverse. En fin de matinée, les rais de lumière deviennent presque agressifs, heureusement à midi le parking est retrouvé, signant la fin de cette petite aventure pas dénuée d’intérêt.

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Lac Curtalés (2441 m) – Cerces
Lac Curtalés (2441 m) – Cerces
30 octobre 2022 In Cerces No Comment

Décidément, cette année 2022 bat tous les records. L’été semble avoir installé ses quartiers sur nos latitudes et, malgré quelques incursions de la neige en altitude, l’ambiance est digne d’un début de septembre. Seules quelques cimes à plus de 3000 mètres portent encore les stigmates d’une neige bien chétive, tombée le mois dernier. Côté Préalpes, les montagnes ont perdu de leur éclat, les couleurs s’en sont allées et les forêts attendent leur manteau blanc qui peut-être arrivera un jour. Les sentiers étant encore praticables comme à la belle saison, c’est du côté des Alpes internes que je me rends, au sein d’une des rares vallées que je ne connais pas dans le massif des Cerces : celle de la Neuvache, aux confins du village-station de Valmeinier.

Si les conditions météorologiques sont jugées parfaites pour le commun des mortels, sur le plan photographique je sais que c’est perdu d’avance : des voiles élevés tapissent une grande partie de la France, estompant les rayons du Soleil et les reléguant au rang de lumière terne et blafarde. Qu’importe, le principal est la découverte et le dépaysement.

Le point de départ se situe au parking de la Chenalette (1750 m), terminus du chemin au sud de Valmeinier 1800. Le regard se perd dans la profondeur de la vallée, qui s’étend à perte de vue. Il va pourtant falloir en remonter une grande partie, l’objectif du jour étant le Lac Curtalés (2441 m), nécessitant une approche de 8 kilomètres. L’avantage de cet itinéraire est de présenter une pente moyenne douce, de quoi soulager les articulations qui ont tant souffert ces derniers mois.

En dépit de l’altitude, il fait étonnamment chaud au démarrage. Le sentier longe le torrent de la Neuvache pendant un long moment. Les quelques arbres restants ici, essentiellement des aulnes, ont déjà perdu leurs feuilles. De rares mélèzes se distinguent par leur éphémère parure dorée, tandis que les versants sont ponctués de bâtis isolés, tout de schistes constitués, magnifiquement entretenus ; le plus emblématique est sans nul doute le Refuge de Terre Rouge.
L’ascension se poursuit régulièrement et, après 2h45 de marche, le Lac Curtalés est atteint. Blotti au pied d’un abrupt relief marquant la frontière avec les Hautes-Alpes – et la Haute vallée de la Clarée derrière- il offre un beau panorama sur le chaînon du Thabor, perçant le ciel dans son dédale rocheux. Un replat est trouvé pour installer la tente puis, comme prévu, le coucher de soleil se déroule dans une certaine indifférence, les couleurs se sont éteintes progressivement, jusqu’à laisser place à la nuit.

Le début de soirée est consacré à quelques poses nocturnes, pour capter ce ciel trahi par les nuages élevés, toujours persistants. Plutôt faiblard à mon arrivée, le vent s’est invité à la partie et a rapidement joué la vedette. Toute la nuit, la tente a vibré au rythme des bourrasques, rendant le sommeil quelque peu compliqué. Suite à ce repos en pointillé, aux premières lueurs du jour, je m’extirpe de l’abri en catastrophe, l’atmosphère incandescente aperçue à travers l’abside ayant donné un regain d’intérêt à la sortie. L’instant aura été de courte durée, les paysages se réveillent comme ils se sont endormis, dans une lumière blanchâtre.

Le vent du sud est de plus en plus intenable, il semble prendre de l’accélération depuis la ligne de crête située entre la Pointe de Névache, la Roche du Chardonnet et le Mont Thabor. Il est temps de quitter les lieux et retrouver un peu plus de calme dans le vallon. Peine perdue, le bougre est tenace et m’accompagne une bonne partie de la descente, le paroxysme étant atteint au niveau du refuge et de la Chapelle Notre-Dame-des-Neiges.

Vers 11h30, la voiture est retrouvée, les jambes bien fatiguées par ces 16 km aller-retour. Probablement pas le bivouac le plus inoubliable, tant par les conditions météo et photographiques, mais une belle découverte que ce vallon de la Neuvache.

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Tour des Dents Rouges – Etape 2 : Lac du Retour (Alpes Grées)
Tour des Dents Rouges – Etape 2 : Lac du Retour (Alpes Grées)
20 octobre 2022 In Alpes Grées No Comment

Au loin, la prochaine étape se devine : le Col de la Louïe Blanche (2567 m). Il faut au préalable remonter la dénommée Bella Comba. De prime abord, tout paraît facile, si proche. La réalité du terrain va vite me rattraper. Déjà, parvenir au fond du vallon n’est pas une partie de plaisir, mais en dépit de leur caractère encaissé, la vue depuis les lacs vaut le détour. Au bout des plans d’eau, un gigantesque écroulement sur le flanc nord-ouest de la montagne a laissé la place à un dédale de rochers et de blocs sur plus d’un kilomètre. L’itinéraire sillonne pourtant dedans, des cairns régulièrement mis en place donnent un cap à suivre. Plus loin, la neige, déposée en plaques gelés, vient renforcer la difficulté de la progression. Chute et glissade sont comme une épée de Damoclès au-dessus de ma tête, mais avec la prudence qui s’impose, ce délicat secteur est négocié, moyennant bien une heure d’acrobaties. Le chemin débouche sur un secteur plus ouvert et accueillant sous le col, où un étonnant abri dans un ancien fortin militaire se dévoile sur la droite. Ouvert aux quatre vents, sinistre à souhait et avec des latrines d’un autre âge, il n’est assurément pas conseillé pour y passer la nuit ! Les dernières enjambées m’amènent enfin au Col de la Louïe Blanche, synonyme de retour en France. Le paysage de la Haute-Tarentaise se découvre, dominé par l’imposant Mont Pourri, tout de blanc vêtu, dans une lumière tamisée par les voiles élevés. Un vent modéré me contraint à redescendre un peu pour casser la croûte, sur une zone plus calme.

Un sifflement m’interpelle pendant la pause. Je scrute la falaise : deux bouquetins, aussi curieux que méfiants, me surveillent sur leur promontoire. En ligne de mire, se dessine la quasi-destination du jour, entre deux éperons rocheux : le Col du Retour. Toutefois, la carte est formelle, pour y parvenir, il est nécessaire de plonger 500 mètres au sud pour remonter d’autant. Un détour qui n’est pas à mon goût, alors je décide de couper droit en direction du sud-ouest.
Ponctué de torrents qui ont entaillé le substratum, le parcours est semé d’embûches, nécessitant une débauche d’énergie supplémentaire. Escalader, désescalader, contourner, analyser le relief, faire les bons choix…le kilomètre me séparant du sentier provenant du Passage de Louïe Blanche aura fait chauffer les articulations, en particulier celles des genoux et chevilles. Las, une fois le chemin atteint aux abords d’un petit lac sans nom, une pause bien méritée s’impose. Celle-ci est vite écourtée lorsque des nuages élevés viennent obstruer les rayons du soleil, il faut alors se remettre en marche pour ne pas attraper froid.

Le chemin contourne la Pointe des Couloureuses et un dernier raidillon permet d’atteindre le Col du Retour ! Il débouche sur le lac éponyme, au-dessus duquel émerge le Mont Pourri. Le panorama n’apparaît cependant pas idéal pour la photographie : un monticule conglomératique masque une bonne partie des sommets de la Vanoise en face. La carte IGN indique la présence d’autres petits lacs juste derrière, je m’y rends alors de ce pas pour espérer trouver meilleure fortune. L’un d’entre eux remplit les critères, ce sera mon spot du jour ! J’installe la tente sur un replat moelleux et protégé du vent puis passe une bonne partie de la fin d’après-midi sur un belvédère, à contempler. La vallée de la Tarentaise apparaît sous la forme d’un clair-obscur doré, une succession de crêtes en silhouettes, du plus bel effet.

L’horizon, encombré de nuages opaques, annihile tout espoir de coucher de soleil. Je patiente alors dans mon abri jusqu’à la nuit. Contre toute attente, le ciel se dégage progressivement, pour être totalement clair, l’occasion d’aller capter la profondeur astrale, bien que ternie par la pollution lumineuse des villes toutes proches.

Le lendemain matin, une étrange atmosphère enrobe les lieux, annonciatrice d’un changement de temps. En altitude, le vent s’est levé, les nuages défilent à vive allure. A l’est, une curieuse lumière jaunâtre illumine le Mont Pourri et son glacier, tandis qu’à l’ouest, une masse sombre n’augure rien de bon. Les images satellite indiquent qu’il pleut sur la moitié de Rhône-Alpes, le secteur semble être protégé par le foehn. J’immortalise cette scène fugace et plie rapidement le matériel, la perturbation arrivera inévitablement à percer jusqu’ici. J’active le pas à la descente. De nouveau je suis trompé par un chemin ponctué de marques jaunes, qui m’emmène au pied de la Pointe de la Roche Jaille, inexistant sur les cartes. M’étant rapidement rendu compte de cet égarement, je coupe à travers les myrtilliers sur quelques centaines de mètres afin de regagner la bonne sente, qui rapidement me conduit au point de départ où se trouve ma voiture.

Voilà un circuit qui aura été des plus éprouvants. Ces trois jours passés à la frontière franco-italienne furent marqués par la relative difficulté de quelques passages, avec des sentiers peu évidents, mais la beauté et la diversité des paysages ont largement compensé ces anicroches !

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Tour des Dents Rouges – Etape 1 : Laghi de Tachuy (Alpes Grées)
Tour des Dents Rouges – Etape 1 : Laghi de Tachuy (Alpes Grées)
19 octobre 2022 In Alpes Grées No Comment

On poursuit la traditionnelle quête automnale de la mi-octobre ! Les couleurs ont déjà semble-t-il perdu de leur éclat dans les forêts préalpines, cependant bien exploitées la semaine précédente. C’est l’occasion d’aller explorer les hautes altitudes. Seuls trois jours sont annoncés beaux, de mardi à jeudi. Pour rentabiliser comme il se doit la fenêtre météo, un trek sous la forme d’une boucle paraît opportun.

Seulement une heure avant de prendre la voiture, le choix est enfin fait : ce sera la Haute-Tarentaise avec un crochet en Italie, autour des Dents Rouges (2925 m), pour un circuit peu couru sur un secteur que je ne connais pas. L’idée est de passer 2 nuits là-bas, la première vers les Lacs de Tachuy et la seconde au niveau du Lac du Retour.

C’est sous un beau soleil que l’ascension démarre. Les premières foulées m’amènent rapidement au niveau du Refuge du Ruitor, qui s’inscrit au sein d’une large vallée plane, probablement un ancien lac glaciaire comblé. Sur celle-ci reposent quelques bâtisses en pierre d’un charme singulier, au pied des imposantes murailles dominées par la Becca du Lac, le Bec de l’Âne ou encore la pointe de l’Invernet, tous dépassant les 3000 mètres. L’échauffement effectué sur ce replat laisse place à la remontée de la vallée du Petit, du nom du torrent qui la parcourt. Le sentier débouche sur le lac éponyme, loti à 2400 m et offrant un panorama époustouflant sur les montagnes alentours, déjà coiffées de leur manteau blanc à mi-relief.

Si jusqu’à présent la montée était relativement douce, la dernière partie est une autre paire de manche : un peu plus de 200 mètres de dénivelé quasi droit dans la pente, dans la rocaille. Quelques regards sont lancés derrière, tant le paysage a ce quelque chose de magnétique. L’arrivée au Col de Tachuy (2673 m), au-delà du fait qu’elle marque la frontière entre la France et l’Italie, est synonyme de rencontre avec la neige, subsistant depuis les dernières chutes de septembre. Un autre panorama se dévoile alors, et pas des moindres : la chaine du Mont Blanc. En contrebas, au fond de la vallée, un village, celui de la Thuile. Plus proches, les quelques lacs de Tachuy, objectif du jour. La descente de ce côté est assez périlleuse. Ce versant nord, ombragé, est assez enneigé, obstruant les trous entre les rochers, qu’un pas malheureux viendrait percer sans difficulté. J’avance alors avec prudence, privilégiant les blocs qui émergent. Tant bien que mal, ce passage délicat est négocié. Je n’ai plus qu’à choisir le lac avec le meilleur potentiel. La plupart étant encaissé, c’est finalement un de ceux les plus à l’est que je retiens. Il offre une ouverture de choix sur le toit de l’Europe. Un replat herbeux est trouvé pour y installer la tente.

Un petit vent vient trahir la sensation de chaleur, inhabituelle en cette saison. Mais une fois le Soleil passé derrière les cimes, la fraîcheur est palpable. Elle n’empêche cependant pas d’assister à la consumation du jour, dont les dernières étincelles illuminent le Mont Blanc, dans une ambiance anticyclonique monotone.

Les bivouacs d’automne ont l’avantage de proposer de longues nuits. A seulement 21 heures, l’obscurité est complète, de quoi m’occuper avec quelques poses astrales, notamment sur la Voie Lactée relativement visible pour cette saison. Fort heureusement, le vent s’estompe au milieu de la nuit, permettant de profiter d’un sommeil au calme, jusqu’aux premières lueurs de l’aube.

Je me positionne alors au bout du lac pour capter le reflet de la chaine du Mont Blanc, sous un ciel désespérément bleu et uniforme. Les couleurs vermeils sur les montagnes n’en demeurent pas moins magnifiques. Après cet épisode matinal, je retourne me reposer, le temps que le Soleil émerge enfin. Il faut attendre 10h15 pour que les rayons réchauffent la tente et l’individu qui s’y trouve. Tel un lézard, je sors de mon abri pour ranger le matériel et faire le sac. Au loin, la seconde étape se profile…

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Dent de Pleuven (1771 m) – Bauges
Dent de Pleuven (1771 m) – Bauges
11 octobre 2022 In Bauges No Comment

Les pérégrinations automnales se poursuivent. Après un week-end assez maussade mais quelques belles images ramenées de Chartreuse, ce début de semaine signe le retour du Soleil. Les forêts étant à leur pic de couleurs, j’opte de nouveau pour un massif des Préalpes, cette fois du côté des Bauges. Le Colombier ayant été fait l’année dernière à la même époque, je prends le temps de la réflexion sur le choix du sommet pour profiter des vues, tout en prenant en compte la récente interdiction de bivouac sur bon nombre de secteurs intéressants. Je jette alors mon dévolu sur un spot en limite de la RNCFS : la Dent de Pleuven (1771 m).

Le départ s’effectue au hameau des Magnoux, depuis une piste agricole qui se transforme petit à petit en sentier. La lecture de la carte topographique est sans appel : les cuisses et les mollets vont être mis à rude épreuve, tant le parcours est dré dans l’pentu. Mieux, un panneau prévient le néophyte trop entreprenant au démarrage, avec un cinglant « Terrain dangereux réservé aux randonneurs alpins expérimentés et bien équipés ». Qu’à cela ne tienne, c’est parti pour environ 800 mètres de dénivelé. Pas le temps de s’échauffer, le chemin perpendiculaire aux courbes de niveau active rapidement le cardio, jusqu’à atteindre la base des grandes falaises calcaires. Difficile à croire que le trajet passe là-dedans, pourtant à la faveur d’une combe plus ouverte, un passage se dévoile au droit d’une cascade. De toute évidence, l’endroit est certainement plus dangereux en fin de printemps avec des névés, où toute chute vous envoie 100 mètres plus bas pour un funeste destin. Mais en cette belle saison, et malgré les sols mouillés, une simple vigilance permet de franchir le lieu sans encombre. Ce dernier débouche sur le vaste alpage du Trélod. A droite, s’élance dans le ciel l’objectif du jour, au bout d’un abrupt vallon herbeux qu’il va falloir remonter. Une harde de chamois y est rencontrée, se détournant de moi à mon approche.

Après un ultime effort, la Dent de Pleuven est atteinte, avec pour récompense le panorama exceptionnel sur le cœur des Bauges, animé par des brumes ascendantes et fugaces. Comme annoncé sur les prévisions, l’ouest est chargé de nuages, offrant en fin d’après-midi de somptueux jeux de lumière sur les versants et le fond de vallée, puis de chaleureuses teintes avant que tout ne s’affadisse. J’installe mon abri de fortune avant que l’obscurité ne prenne le relai, puis reprends les activités photographiques quand la pleine Lune surgit par-delà l’Arcalod. La luminosité nocturne permet des captations surréalistes, les villages scintillants dans des paysages illuminés comme en plein jour.

Sans vent ni froid, la nuit a été des plus agréables. A 7 heures, les premières lueurs de l’aube se manifestent à l’est. Les nuages élevés sont déjà agrémentés de quelques rougeurs, qui s’étendent de plus en plus dans l’atmosphère. Les paysages de l’heure bleue en sont magnifiés, jusqu’à ce que le Mont Colombier s’embrase au lever de soleil. L’instant fut éphémère, l’horizon étant densément chargé en nébulosité. Il faut bien attendre une demi-heure avant que la lumière ne revienne, tamisée par un léger voile d’altitude qui la rend assez blanchâtre.

Il est temps de plier bagage, le chemin du retour a ce petit don d’échauffer les articulations des genoux, mais l’ivresse de l’automne est plus forte que tout. Encore de belles conditions d’octobre vécues sur cet emblématique sommet calcaire !

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Col d’Arpingon (2276 m) – Belledonne
Col d’Arpingon (2276 m) – Belledonne
14 août 2022 In Belledonne No Comment

Après une interminable séquence de canicule, enfin un changement de temps qui s’opère ce week-end ! Malgré une semaine éprouvante, j’opte tout de même pour un bivouac tranquille, pour ménager ma monture. Direction le tout proche massif de Belledonne, dans son extrémité septentrionale, avec pour objectif le secteur de la Pointe de la Frèche et du Col d’Arpingon.

Hélas, trois fois hélas, un glissement de terrain courant janvier 2022 a emporté un bout de la route menant au parking, la rendant impraticable. Celle-ci est alors fermée vers le lieudit de la Vibillarde, vers 1250 m d’altitude, soit 500 mètres en contrebas du terminus de Valpelouse ! C’est autant de dénivelé qu’il va falloir rajouter à la course, reléguant à l’état de vœu pieux la « petite balade » envisagée initialement. Pas question de faire marche arrière, un chemin forestier permet de couper une longue épingle, jusqu’à rejoindre la chaussée à 1530 m. Avec la chaleur, la portion sur le bitume est un léger calvaire, l’organisme cuisant à petit feu. Heureusement, au virage suivant, l’analyse de la carte IGN indique un raccourci en sous-bois, menant au Refuge de la Perrière. Grande escroquerie que voilà, le chemin se transforme en sentier, puis s’apparente finalement à un passage de chevreuil. Autant dire une progression à l’aveuglette. Qu’importe, mon sens de l’orientation n’est pas remis en cause et je trace en diagonale, jusqu’à rejoindre une clôture à vache au niveau de l’alpage. Le long de celle-ci, les bovins semblent avoir créé un simili-sentier, lequel me conduit finalement au Refuge !

De là, se dessine à droite des Grands Moulins l’objectif du jour, à 2 km à vol d’oiseau. Je poursuis alors la sente à flanc de versant, pour atteindre les abords du Col de la Frèche, puis contourner la pointe éponyme. L’amoncellement de rocailles et de blocs m’empêche d’espérer bivouaquer ici. En dépit d’une fatigue dans les jambes, pas d’autre choix que de descendre puis remonter cette dernière combe menant au Col d’Arpingon (2276 m). La zone bénéficie de vastes replats favorables pour la nuit. Néanmoins le secteur ne me satisfait guère sur le plan photographique : pas de vue sur le Mont Blanc, peu de cadrages dominants ni points forts dans le paysage. Il va falloir user de plans serrés au téléobjectif pour immortaliser les lieux.

L’audace d’être monté une veille d’orage s’avère payant au crépuscule. Comme prévu, les couleurs sur Belledonne sont tamisées par la nébulosité à l’horizon, mais celle-ci offrent d’intenses rougeoiements qui se diffusent dans l’atmosphère. Plus bas, la Combe de Savoie et le bassin chambérien, plongés dans une obscurité grandissante, s’illuminent progressivement. Il est temps pour moi de rejoindre le duvet, c’est nuit à la belle étoile, m’étant allégé du poids de la tente pour l’occasion. Les modèles météo annoncent une dégradation vers 8-9h le lendemain, me garantissant un sommeil au sec.

Peu après 6 heures, les premières lueurs de l’aube me réveillent. Ce que j’espérais secrètement est en passe de se réaliser : des nuages élevés commencent à rosir à l’est. Ni une ni deux, je m’habille et vais me positionner sur la crête. Un véritable brasier se répand dans les cieux, transformant l’horizon oriental en un épanchement magmatique, aussi éphémère que magnétique.

Le spectacle matinal passé, il ne faut pas trainer sur les hauteurs, les radars indiquent que les précipitations sont déjà aux portes de l’Isère. Je remballe et active le pas sur le chemin du retour. A l’ouest, la vue s’obscurcit, la Chartreuse est déjà enveloppée par les brumes. Quelques minutes plus tard, des rideaux de pluie s’abattent sur la Combe de Savoie. J’enfile la housse sur le sac, ainsi que mon rutilant poncho lorsque les premières gouttes commencent à tomber, entre le Refuge de la Perrière et Valpelouse, à mi-chemin du parcours.

C’est sous une pluie battante et continue que je regagne le parking en contrebas, au terme d’une sortie plus conséquente que prévue, mais avec des ambiances fugaces et magnifiques à la clé !

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