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Sylvain Clapot - Photographe > alpes

alpes

Roche Parstire (2109 m) – Beaufortain
Roche Parstire (2109 m) – Beaufortain
2 mai 2025 In Beaufortain No Comment

Bivouac à la Roche Parstire (2109 m) dans le massif du Beaufortain.

Randonnée de printemps dans le Beaufortain : retour en altitude

Chaque année, mai sonne le grand retour des randos-bivouacs, et ce n’est pas plus tard que le premier jour du mois que me voilà embarqué en altitude. Il règne en ce moment une vague de chaleur inhabituelle, certes inquiétante, mais bienvenue pour échapper à la classique fraîcheur du début de saison. Pour autant, il serait ambitieux d’aller trop haut : les neiges tardives ont remis une épaisseur sur les cimes. C’est la période du grand contraste entre l’adret et l’ubac : les faces nord sont encore bien blanches, tandis que les versants sud se dégarnissent à vue d’œil.

Pour célébrer cette reprise, l’objectif est d’effectuer une sortie modeste de remise en jambes, avec un parcours de 400 mètres de dénivelé, au cœur du tout proche massif du Beaufortain : la Roche Parstire (2109 m). Le Cormet de Roselend reste fermé pour l’instant, mais l’avant-poste du col du Pré, situé plus bas, a déjà rouvert. La conjonction jour férié et beau temps a attiré les foules : le parking du col, où se trouve un restaurant, est bondé. Je gare la voiture 500 mètres plus loin, au lieudit Combordin, départ d’un itinéraire alternatif. Cette partie démarre par la piste, avant de récupérer le chemin de la crête. Le versant est encore majoritairement sous la neige, rendant l’ascension plus lente et glissante, bien qu’aucune difficulté n’apparaisse.

Depuis la Roche Parstire, vue sur le barrage de Roselend et le Mont Blanc au coucher de soleil

Neige, crocus et paysages contrastés : la montagne en transition

Au sein des poches où la verdure voit enfin la lumière du jour, les crocus connaissent leur période de gloire. Ils embellissent les alpages, avec cette constellation d’entités alternant entre le violet et le blanc. Ces fleurs, parmi les premières à éclore après la fonte des neiges, annoncent officiellement le printemps en montagne.

Le parcours étant modéré, j’atteins le sommet peu après 14h30. La crête est relativement dégagée sur ce secteur, où il subsiste çà et là quelques névés, froides meringues vouées à disparaître sous ce soleil de plomb. Un seul replat herbeux est présent : ce sera mon lieu de bivouac. En attendant, le jour va tirer sa révérence dans environ 6 heures, je patiente en profitant du temps radieux, entre farniente, contemplation et la poursuite de ma lecture du moment, fort à propos pour cette parenthèse en altitude : Into the Wild, de Jon Krakauer. Puisse mon avenir être plus réjouissant que celui de Christopher McCandless !

Depuis la Roche Parstire, vue sur la Tournette au coucher de soleik
Coucher de soleil depuis le Beaufortain

Bivouac face au Mont Blanc

En début de soirée, tandis que j’ingurgite un pâté industriel qui a pour seule fonction de rassasier, à défaut de procurer un plaisir gustatif, un chamois me siffle. Mon regard se dirige en contrebas sur le névé : l’animal expose une posture de méfiance à l’égard de l’humain que je représente. Il me fixe quelques secondes, et déguerpit aussitôt. Fugace rencontre.

Au fur et à mesure que l’astre approche de l’horizon, les montagnes prennent des teintes un peu plus orangées. Toutefois, au loin, se dessine un voile, anéantissant tout espoir de couleurs spectaculaires. Un à un, les sommets s’éteignent dans une triste indifférence. Tamisé par la dense atmosphère, le soleil offre toutefois un lot de consolation en devenant une masse rougeâtre qui embrase son linceul.

Après cette cérémonie de clôture, la nuit s’installe. Le petit croissant de Lune, discret jusqu’alors, s’illustre dans les ombres célestes. Je le retrouve quelques heures plus tard, au milieu de la nuit, tutoyant l’horizon, à l’endroit même où le soleil s’en est allé. Le moment est venu d’immortaliser la Voie lactée qui s’élève au-dessus de mon campement. En cette saison, elle est relativement basse, la voûte s’étend de la Pointe Percée à la Pierra Menta, surplombant le Mont Blanc. Dans cette obscurité où le thermomètre indique 5°C, il règne une sensation de sérénité : un silence monacal à peine troublé par les lointains torrents, sans le moindre vent ni humidité.

Depuis la Roche Parstire, panorama de la voie lactée au-dessus du Beaufortain
Depuis la Roche Parstire, circumpolaire au-dessus du barrage de Roselend et du Mont Blanc

Un réveil voilé

A 6 heures du matin, le jour refait surface, mais les conditions ne sont pas à mon goût. Un léger voile a envahi le ciel, tamisant les rayons du soleil, lesquels éclairent les paysages d’une lumière blafarde. Le Mont Blanc en est le principal témoin : d’en bas, le toit de l’Europe montre un visage laiteux et trouble. La sentinelle des Alpes est le spectateur privilégié d’une dégradation qui s’annonce, où la pluie va venir jouer les trouble-fêtes. Je profite néanmoins de la douceur matinale, bercée par le chant des alouettes et l’amusement des marmottes cent mètres plus bas, avant de plier bagages et de repartir.
Une sortie peu prolifique sur le plan photographique, mais un plaisir non dissimulé d’avoir retrouvé la solitude des cimes !

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Pointe des Arlicots (2060 m) – Bauges
Pointe des Arlicots (2060 m) – Bauges
20 octobre 2024 In Bauges No Comment

Bivouac à la Pointe des Arlicots (2060 m) – Octobre 2024

Le choix du sommet

Nous voilà au cœur de l’automne. Si la montagne est belle en toutes saisons, octobre est cette demoiselle parfaite, au teint d’albâtre, la chevelure dorée et le regard émeraude. Les feuillus ont atteint leur paroxysme d’incandescence, déjà les teintes commencent à se désaturer, en attendant l’arrivée de l’hiver. Cependant, la météo rappelle que la neige n’est pas encore arrivée, en témoignent les températures relativement clémentes. Comme chaque année, je célèbre les dernières couleurs des forêts dans les Préalpes et, une nouvelle fois, les Bauges remportent mon suffrage. Bien qu’il fasse partie des massifs que j’ai le plus parcouru jusqu’à présent, un secteur échappe encore à mes pérégrinations : celui de la crête séparant la haute vallée du Chéran de celle de l’Isère.

Depuis les axes entre Montmélian et Albertville, cette partie des Bauges s’érige telle une forteresse impénétrable, aux pentes abyssales. Elle s’avère pourtant accessible depuis l’autre côté, au prix d’un effort non négligeable : 1200 mètres de dénivelé. La nouvelle réglementation de la Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage empêche le bivouac en bien des endroits dans les Hautes Bauges, néanmoins la lecture fine du périmètre sur les cartes semble indiquer que ma destination, bien qu’en extrême limite, n’en fait pas partie. Ce sera donc une nuit à la Pointe des Arlicots (2060 m).

La montée à la Pointe des Arlicots

Le périple démarre depuis le Parking du Couvent (865 m), au cœur de la forêt baujue. Cette sortie est placée sous le signe de l’audace, les conditions météorologiques étant hasardeuses sur les sommets. Ces derniers sont en effet coiffés d’une écharpe de brume, nul ne connaît l’évolution dans un futur proche. Une fois n’est pas coutume, l’ascension débute par une marche d’approche pour s’échauffer, en empruntant le chemin de découverte jusqu’à la chapelle Notre-Dame de Bellevaux, sur un parterre de feuilles aux teintes rouille. Un premier alpage est traversé, bercé par le tintement des cloches, au-dessus du ruisseau de la Lanche. A partir de là, le sentier s’enfonce de nouveau dans l’ubac forestier, débouchant sur le Chalet de Bottier (1435 m). Il règne ici un silence monacal, renforcé par cette chape brumeuse, tamisant tous les bruits extérieurs. Une bulle hors du temps, hors de l’espace.

Dré dans l’pentu

C’est à ce niveau que commence la seconde partie du parcours, de loin la plus ardue. Le GR du Pays du Massif des Bauges est quitté, au profit d’un sentier plus confidentiel sur l’épaule septentrionale de la Montagne de la Lanche. Dré dans l’pentu est une expression qui se prête parfaitement à la situation. Il suffit de se pencher sur la carte IGN : l’itinéraire coupe perpendiculairement des courbes de niveau de plus en plus rapprochées. En d’autres termes, la pente est raide, d’autant plus que les récentes précipitations rendent particulièrement glissantes ces portions de terre mêlées aux calcaires patinés.

A mi-pente, le brouillard est total. J’erre dans cet éther, privé de repères, si ce n’est les 20 mètres de visibilité qui me sont octroyés. Des trouées fugitives apparaissent, pour se refermer aussitôt. Au bout de cette abrupte épaule, le chemin se radoucit et tire droit au sud : la dernière ligne droite. Quelques passages aériens appellent à la concentration, avant l’ultime effort pour parvenir à la Pointe des Arlicots. Il m’aura fallu 3h45 pour en venir à bout. Là-haut, c’est la bataille de l’indécision, entre le brouillard tenace et la volonté du soleil de percer. C’est ce dernier qui a le dernier mot : le paysage se dévoile, révélant la nébulosité ambiante tutoyant les cimes. C’est un véritable décor mouvant qui défile sous mes yeux, où que se porte le regard.

La danse des brumes

Toute la fin d’après-midi, j’honore ce rendez-vous des belles brumes glissant sur le corps rugueux des versants. A mon niveau, l’inquiétude est double : résisteront-elles jusqu’au soleil couchant et, dans l’affirmative, ne viendront-elles pas m’envahir ? En attendant la décision des cieux, j’édifie ma tente en limite sud du sommet, sur un semblant de replat. Inutile d’être exigeant, c’est littéralement le seul espace disponible sur cette crête acérée. Pour preuve, les deux absides débouchent directement sur la pente : vertige déconseillé et faux-pas interdit.

Le soleil décline à l’horizon et, visiblement, les voyants sont au vert. La mer de nuages a déserté la vallée de l’Isère, mais subsiste à l’intérieur des Bauges. Les dernières minutes avant que l’étoile ne franchisse la ligne d’horizon sont d’une profonde pureté, les lieux se parent de teintes rouge vif, éphémères. Au loin, le spectacle est captivant : le Trélod et la Dent de Pleuven sont tels des écueils balayés par l’écume.

Nuit de pleine lune

Le jour expulse son dernier souffle, mais la pleine lune prend rapidement le relai. Pensant me réfugier dans ma tente pour un repos bien mérité, la féerie reprend de plus belle. Le satellite distille sa délicate lumière aux reflets d’argent sur les lieux, tandis que la mer de nuages se reconstitue à vive allure dans la vallée de l’Isère. En seulement une demi-heure, les villes et villages sont recouverts par l’épais manteau. Côté Bauges, la marée ne cesse de monter, jusqu’à venir lécher le Col de l’Arclusaz, puis repartir. Au flot répond le jusant. Peu après 22 heures, il est temps d’aller dormir.

Sur ce sol accidenté et penté, difficile de trouver une position stable. Un léger vent vient par ailleurs fouetter la toile, des conditions parfaites pour un sommeil en pointillés.

Réveil au-dessus des flots

Le lendemain, peu avant 7 heures, le réveil sonne. Malgré la fatigue, je sors de mon abri constater le paysage : partout autour, une mer de nuages alors qu’à l’est, des entrées italiennes encombrent l’horizon. Ces dernières s’embrasent comme prévu avant de s’estomper. Devant émerger par-delà la Vanoise, le soleil reste masqué un long moment, tamisant les précieuses lumières de l’aube. En contrebas, les flots se retirent de la vallée de l’Isère à une vitesse folle : en moins de 2 heures, elle s’est dissipée. Le vent s’est quant à lui accentué, il est temps de rebrousser chemin. Sous le regard méfiant de quantité de chamois occupant le vallon de la Lanche, je redescends à bon rythme, pour retrouver la voiture sur les coups de midi.

Loin de m’attendre à de telles ambiances, cette sortie est assurément l’une de mes plus inoubliables de 2024. Toutes les planètes se sont alignées pour magnifier plus qu’il ne l’est déjà ce secteur des Bauges : couleurs d’automne, brume envoûtante et pleine lune hypnotique…

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Roc Rouge, la Négresse (1720 m) – Bauges
Roc Rouge, la Négresse (1720 m) – Bauges
12 octobre 2024 In Bauges No Comment

Bivouac au Roc Rouge (ou la Négresse) dans les Bauges – Octobre 2024

Le choix de la sortie

Contrairement aux humains, Dame Nature est prévisible et ne trahit pas ses engagements. En cette mi-octobre, j’honore comme il se doit mon rendez-vous annuel avec celle qui arbore ses plus beaux vêtements. Les montagnes se sont en effet parées de leur éphémère robe dorée, le grand baroud d’honneur des feuillus avant la longue monochromie hivernale. Il faut bien avouer que la météo joue les trouble-fête à bien des égards cette année. Dernière preuve en date la veille, le secteur était pris sous d’épais nuages, alors qu’un phénomène exceptionnel d’aurores boréales se déroulait sous nos latitudes. Rageant.

Le week-end étant encore annoncé maussade, c’est vendredi après-midi que ma virée en altitude commence. Ayant prospecté les lieux deux semaines auparavant et plutôt convaincu par le point de vue, je réitère l’ascension, depuis un autre itinéraire. La Négresse, également nommé Roc Rouge, constitue mon objectif du jour. Direction le tout proche parking de Cruet Leu (860 m), au terminus du chemin dominant le hameau de la Frasse.

L’ascension du Roc Rouge / la Négresse

Les prévisions météorologiques sont à la fois pessimistes et intéressantes pour le photographe que je suis : nuages qui accrocheront les reliefs et vent modéré durant la nuit, avant l’arrivée de la perturbation le lendemain à la mi-journée. La plupart des sommets sont en effet coiffés de brume au départ, ils virevoltent au gré des thermiques. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 3,1 km pour avaler les 860 mètres de dénivelé, autant dire que c’est raide.

Dès les premières foulées, le ton est donné. Sur un chemin détrempé par les précipitations de la veille, les jambes sont mises à rude épreuve, d’autant plus avec le fardeau de 21 kg reposant sur mes épaules. Néanmoins, l’ascension s’effectue à bon rythme, dans ce sous-bois au parfum automnal, tapissé de feuilles virant au jaune. Ce n’est qu’en arrivant sous le Col de l’Alpettaz qu’enfin les paysages se révèlent au contemplateur. La Dent de Cons est aux prises avec le brouillard, tandis que le Roc Rouge s’illumine du soleil d’octobre. Un dernier effort et le sommet est atteint, en tout juste 2h30.

Au fil des heures, perché sur mon promontoire rocheux, j’observe les nuages qui se dissipent partout autour. Le panorama s’avère grandiose sur l’ensemble des cimes des Bauges orientales : Sambuy, Dent de Cons et la fameuse Belle Etoile, celle où mon cœur faillit cesser de battre cinq mois auparavant. D’autres massifs se distinguent : le tout proche Beaufortain, une partie des Aravis, la Lauzière, les lointaines Vanoise et Belledonne et, bien évidemment, l’imperturbable Mont Blanc qui me fait face avec son châle opalin. Seules les lignes électriques et l’agglomération albertvilloise ternissent la beauté des lieux.

De fades conditions

Le soleil décline peu à peu, mais l’horizon est orné d’un fin voile, précurseur de la prochaine dépression. Les précieuses couleurs crépusculaires en sont réduites à une lumière rouge délavée, terne, si bien que l’étoile se couche dans l’indifférence générale. Le premier quartier de Lune, se levant à l’est, prend le relais. Il éclaire timidement les paysages plongés dans la nuit, où le tissu urbain apparaît comme une plaie ouverte au milieu des vallées. La bonne surprise est la quasi-absence de vent en cette fraîche soirée, me permettant un repos bienvenu. Celui-ci se réveille en fin de nuit, puis s’avère modéré aux premières lueurs du jour.

Le décor est loin de me convaincre : pas de brume, atmosphère pâle, ciel constellé de nuages désorganisés et de traces d’avion pour un rendu des plus inesthétiques. Pire, un voile s’est installé là où le Soleil doit émerger, se traduisant par la désertion des belles lumières matinales. Un peu plus tard, les rayons essaient de se frayer un passage dans la nébulosité. Ils offrent de beaux effets sur le flanc oriental de la Dent de Cons jusque dans la vallée de l’Arly, sublimant la dorure des forêts baujues.

Le vent devenant pénible, je ne fais pas de vieux os, plie les affaires et entame la grande descente. Après une halte champignons à mi-parcours, la voiture est rapidement retrouvée, épilogue d’une sortie en demi-teinte, les ambiances n’étant guère au rendez-vous.

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Mont Joly (2525 m) – Beaufortain
Mont Joly (2525 m) – Beaufortain
6 octobre 2024 In Beaufortain No Comment

Bivouac au Mont Joly dans le Beaufortain – Octobre 2024

Le choix de la sortie

Le tant attendu mois d’octobre est arrivé ! Période de tous les possibles en montagne, lorsque les saisons s’entremêlent, les forêts dans leur dorure automnale répondant aux cimes parées de leur manteau blanc hivernal. La météo ces derniers temps est quelque peu compliquée à gérer, les épisodes maussades à pluvieux se succèdent. Toutefois, une fenêtre se profile entre samedi et dimanche matin, il ne m’en faut pas plus pour aller pèleriner là-haut. Dans les Préalpes, les couleurs commencent tout juste à tourner, j’irai les célébrer comme il se doit, quand elles seront cuites à point. C’est plutôt sur les massifs internes que je lorgne, dans l’espoir d’atteindre des altitudes suffisantes pour côtoyer les premières neiges fraîchement tombées.

Alors que j’avais acté d’aller au lac de Presset, dans le Beaufortain, j’ai finalement fait volteface une demi-heure seulement avant de partir de chez moi. Jugeant l’endroit trop enclavé par rapport aux possibilités météorologiques prévues. Malgré un vent modéré annoncé en altitude, c’est bel et bien sur une cime que j’envisage de bivouaquer, du côté d’un secteur qui m’est alors inconnu. Et pour cause ! Il est ceinturé de stations de ski. Pour une fois, je vais faire une entorse à mon principe consistant à ne randonner que dans des espaces naturels.

Cap vers le Mont Joly

Direction la vallée de Hauteluce, au nord de Beaufort, dont la route mène jusqu’au Col du Joly (1989 m), mon point de départ. D’entrée de jeu, le panorama coupe le souffle. La vue directe sur le massif du Mont Blanc récemment plâtré hypnotise le passant que je suis. Sur la droite, mon objectif du jour, le Mont Joly (2525 m), est masqué par les nuages, virevoltant sur les versants au gré des thermiques. Peu avant 14 heures, j’attaque les premières foulées dans ce décor paradisiaque, seulement trahi par la fraicheur d’octobre. La première partie consiste à arpenter le flanc oriental de la station des Contamines, sous la sentinelle locale, l’Aiguille Croche. Les pistes et sentiers sont transformés en une pataugeoire boueuse du fait de la fonte des neiges, rendant peu agréable l’ascension, d’autant plus que la brume obstrue le paysage.

Néanmoins, dès la crête atteinte, sous la Tête de la Combaz, c’est un tout autre univers qui se dévoile. Le parcours flotte dans les cieux, la limite du brouillard étant franchie. Aux environs de 17 heures, le Mont Joly est vaincu. L’esthétique de ce dernier n’est pas du meilleur goût : des structures béton supportent une armada d’appareils, antennes et autres panneaux solaires. Ces installations garantissent le bon fonctionnement du réseau de secours en montagne, ce qui incite à tolérer plus facilement cette structure disgracieuse.

Ambiance brumeuse

Je dédie la fin d’après-midi à contempler l’envoûtant panorama, formé de brumes ondulantes, semblant se déchirer au fur et à mesure du temps. Alors que le soleil approche de l’horizon, ces dernières se réduisent à peau de chagrin, à mon grand regret. Les derniers visiteurs s’en étant allés, me voilà seul dans cette immensité. J’installe la tente contre les aménagements, sur un léger replat terreux recouvert d’une fine pellicule de glace, l’immondice anthropique pourrait me protéger des éléments nocturnes…
Il est 19 heures. Le Soleil distille ses derniers rayons sur les lieux. C’est vers l’intérieur du Beaufortain que le spectacle se déroule. Les versants blanchis se parent d’une fantastique lumière dorée, tandis que le Col du Joly est momentanément envahi par une brume rasante et fugace. Au-dessus, la Pierra Menta se démarque par sa forme si caractéristique, cette canine rocailleuse semble vouloir perforer le ciel. La pénombre envahit progressivement la zone. Cet entre-deux offre des scènes douces : les villes s’éveillant partout autour, le fin croissant de lune mourant dans le brasier crépusculaire à l’est et les premières étoiles apparaissant dans le firmament.

Une nuit agitée

Alors que je me réjouissais de l’absence quasi totale de vent jusqu’alors, celui-ci s’est soudainement manifesté, confirmant la justesse des prévisions météorologiques. À la tombée de la nuit, il s’est intensifié de manière continue. Cette montée en puissance s’explique par l’approche d’une perturbation qui a déjà atteint les côtes atlantiques et s’apprête à traverser la France dans les heures à venir. Après avoir croisé différentes sources, la pluie ne devrait pas arriver avant la fin de matinée du lendemain. J’ai alors pris le pari d’assister au fameux « rougeur du matin, chagrin », expression annonciatrice du mauvais temps. Si tout se passe bien, les nuages élevés qui précèdent le passage perturbé devraient s’embraser avec les premières lueurs orientales.

En attendant, la nuit profonde s’est installée. Je reste un peu dehors en début de soirée, à regarder vers le nord des aurores boréales qui n’auront jamais pointé leur nez, en dépit des prévisions. Quelques images des cités éclairées, de la Voie Lactée et direction le duvet afin de trouver une chaleur bienvenue. Le socle des antennes n’assure qu’une protection partielle : toute la nuit, la tente est chahutée par un vent modéré et constant.

La toile chante sa litanie les heures durant ; dans cette grande lessiveuse qui est pourtant mon abri, le sommeil est difficile à trouver, d’autant plus que mon esprit est préoccupé par la météo du lendemain : « et si la pluie arrive plus tôt que prévu ? Et si un épais brouillard envahit les crêtes ? ». Mais les doutes s’estompent dès l’aube, tout se déroule comme je l’avais imaginé. Toute la Haute-Savoie est recouverte par les voiles élevés, sauf à l’est du Mont Blanc.

Éphémères teintes matinales

A 7 heures, un dégradé de rose, orange et rouge vif illumine le céleste. Malgré un vent toujours aussi ingrat, la magie opère durant une poignée de minutes seulement. Le paysage perd ensuite rapidement de son éclat, devenant terne : le Soleil ne percera pas. Côté ouest, l’horizon est peu engageant, très noir, une ondée est même perceptible sur la Combe de Savoie, au pied d’un Granier au sommet déjà invisible. Il faut vite déguerpir d’ici. Sans prendre le temps de manger, je prépare le sac, plie la tente et entame le parcours du retour. J’observe se déployer la perturbation : les plus hautes cimes au loin sont prises dans des nuages laiteux. D’abord Belledonne, puis la Vanoise et finalement le Beaufortain, preuve de son approche. Plusieurs hardes de chamois, qui se croyaient seules dans le secteur, détalent à mon apparition.

Finalement, la voiture est retrouvée sur les coups de 10 heures, en même temps que surgissent les premières gouttes de pluie mêlées au grésil. Le col est désert, le temps en a découragé plus d’un, à juste titre. Quant à moi, j’éprouve une grande satisfaction à l’égard de cette sortie, optimisée au cordeau sur le plan météorologique, qui m’a offert de magnifiques spectacles en altitude.

Bivouac au Mont Joly face au Mont Blanc

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Lac Blanc (2434 m) – Vanoise
Lac Blanc (2434 m) – Vanoise
18 septembre 2024 In Vanoise No Comment

Randonnée au Lac Blanc en Vanoise avec nuitée au refuge de Péclet-Polset – Septembre 2024

Le choix de la destination

Septembre. Les montagnes savoyardes se sont vidées de leur horde de touristes, le moment idéal pour aller arpenter les sentiers habituellement surfréquentés. C’est donc tout naturellement que je m’oriente vers le massif de la Vanoise et l’intérieur du Parc National. Les refuges se sont également taris de leurs hôtes, on passe d’un service hôtelier à quelque chose de plus rustique et spartiate, davantage en accord avec ma conception de la montagne.

Cela reste néanmoins la seule solution pour passer la nuit dans le parc, puisque tout bivouac y est prohibé. Plusieurs secteurs m’attirent, mais c’est finalement du côté de Péclet-Polset que je jette mon dévolu. La dernière fois que j’y ai mis les pieds, c’était il y a 15 ans, en 2009, lors d’une douloureuse virée qui s’était terminée en tendinite, près de 10 km de marche éprouvante pour retourner au parking de l’Orgère, la patte boiteuse, après avoir tutoyé le glacier de Gébroulaz.

Cette fois, c’est du côté de Pralognan que l’ascension va s’effectuer. La voiture est stationnée au bout de la route autorisée, au parking du Pont de la Pêche (1750 m), il est midi moins quart. La météo annonce une petite dégradation dans l’après-midi, ce qui justifie ce départ plus précoce qu’à l’accoutumée.

La vallée de Chavière jusqu’au refuge de Péclet-Polset

C’est sous un ciel bleu azur, ponctué de cumulus débonnaires, que l’ascension débute. Celle-ci s’annonce plus longue que difficile. Il s’agit en effet de remonter une grande partie de la vallée du Doron de Chavière, sur le GR55 qui emprunte une piste carrossable à flanc de versant. Les marmottes, dodues, animent l’ensemble du parcours, par leur cri et leur démarche pataude. Le fond de l’air est frais mais le soleil s’avère piquant. Toutefois, celui-ci va peu à peu disparaitre derrière les imposants nuages qui se forment au-dessus des glaciers de la Vanoise. L’atmosphère se refroidit tandis que le dénivelé est avalé progressivement. A mi-chemin, les premières gouttes font leur apparition. D’abord insignifiantes, elles deviennent un peu plus ennuyeuses, d’autant qu’un vent froid rend la chose désagréable. Vers 15 heures, le refuge est atteint.

Crépuscule en Vanoise

Rapidement, le beau temps revient, l’occasion d’aller jeter un œil au lac Blanc à 10 minutes de marche. Son esthétisme est prometteur pour le lendemain matin. Le repérage se poursuit au niveau de la crête au nord du refuge. Elle surplombe l’ensemble du vallon, avec quelques sommets locaux, notamment le Grand Bec dominant Pralognan. Ici, le vent en provenance du Col de Chavière y est particulièrement virulent. Je reste longtemps à contempler le paysage, avec ces nuages qui défilent dans le ciel et dont les ombres projetées sur les versants donnent un caractère hypnotique à la scène. Le jour se meurt peu à peu, les lumières se parent de teintes chaudes, rendant incandescentes les cimes, avant que la nuit plonge les lieux dans une obscurité somme toute relative, pleine Lune oblige.

Dans la pénombre, je regagne le refuge. Le petit dortoir d’hiver est presque plein, une bonne dizaine de personnes est répartie dans les différents lits superposés. N’étant pas habitué à cette promiscuité, le sommeil est très superficiel et ponctué de nombreux réveils, entre la chaleur et les bruits, aussi bien permanents que ponctuels.

Lever du soleil au Lac Blanc

Le lendemain matin, à 6h30, je suis le premier à sortir de la bâtisse. Dehors, la nuit s’achève, les lueurs de l’aube naissent à l’horizon. Je me dirige aux abords du lac Blanc, dont le potentiel photogénique est maximal pour le lever du soleil, de par son exposition. Pourtant, les minutes défilent, mais les lumières sont absentes. Espérant un rougeoiement sur le Roc du Soufre, je déchante. Derrière moi, les imposantes montagnes du cœur de la Vanoise constituent un masque naturel pour les précieux premiers rayons.

C’est presque une demi-heure après avoir franchi l’horizon que l’étoile illumine enfin les cimes qui me font face. Malgré l’absence des couleurs orangées, le spectacle pour les yeux est total. Le vent ayant disparu, aucune ondulation ne vient perturber la surface du lac. Les eaux turquoise, subtilement laiteuses, reflètent alors parfaitement le paysage, qui se zèbre d’ombre et de lumière au gré des bancs nuageux défilant derrière moi. Le panorama digne d’une carte postale m’occupe un bon moment.

Je rejoins ensuite le refuge pour manger et plier les affaires. Vers 9h30, je suis le dernier à quitter les lieux. Il faudra bien 2h30 pour rebrousser chemin. Quelques marmottes peu farouches agrémentent l’itinéraire et viennent conclure ce beau périple en Vanoise.

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Lac du Clou (2373 m) – Alpes Grées
Lac du Clou (2373 m) – Alpes Grées
15 septembre 2024 In Alpes Grées No Comment

Bivouac au lac du Clou (2373) dans le massif des Alpes Grées en Savoie.

Le choix de la destination

Après l’incursion de l’automne en plein cœur de l’été, c’est au tour de l’hiver de venir jouer les trouble-fêtes en plein milieu de septembre. A la faveur d’un décrochage d’air polaire, la France grelote. En quelques heures, le mercure dégringole, le froid envahit les Alpes et, logiquement, les sommets blanchissent au-dessus de 2000 mètres. Le beau temps prenant vite le relai, c’est l’occasion d’aller constater cet entre-deux saisonnier en altitude, malgré la fraîcheur qui subsiste.

Bien décidé à ne sortir qu’en Savoie cette année, je ne tarde pas à jeter mon dévolu sur un de mes coins préférés : la Haute-Tarentaise et le secteur du Monal, face à ce géant magnétique qu’est le Mont Pourri. Cela devient presque un pèlerinage : l’année passée, j’étais venu à bout de la Pointe d’Archeboc, au terme d’une aventure mouvementée, sous les orages (à lire ICI et ICI). Cette fois, l’ambition est moins grande : il s’agit d’aller explorer le vallon du Clou et son lac éponyme. Ma dernière visite remonte à l’automne 2012 !

Direction le Lac du Clou

Vers 15 heures, me voici au parking de l’Echaillon (1805 m), libre d’accès, la saison estivale et sa cohorte de touristes amenés par navette étant terminée. La mise en jambes débute sous un agréable soleil, tandis que les cimes sont coiffées des nuages résiduels de la veille. Il fait étonnamment bon, rendant d’autant plus agréable la première partie du parcours jusqu’au hameau du Monal. Ce petit hameau classé, dans un écrin naturel exceptionnel, est toujours un plaisir à admirer et à traverser.

Passé cet échauffement, les choses sérieuses commencent, en arpentant le versant surplombant le site, sur près de 400 mètres de dénivelé. Une fois le barrage du Clou atteint, au-delà de la forêt de mélèzes, le paysage et les conditions changent radicalement. Un plafond nuageux dense s’est installé sur le secteur. Stationné à 3000 mètres, il encombre les plus hautes cimes, instaurant une ambiance pesante. Les lieux sont partagés entre l’automne naissant, par les alpages ayant perdu leur éclat, et la percée hivernale, par les versants nacrés. En conséquence, la température chute, la fin de l’itinéraire s’effectue les bras gelés et les mains engourdies.

Peu après 17 heures, l’objectif est atteint. Un replat herbeux est trouvé à 50 m du lac. Ni une ni deux, la tente est montée pour se réchauffer. Je me repose un moment, puis sort, en vue du coucher de soleil. La partie n’est cependant pas gagnée, les nuages sont toujours aussi compacts. Mon seul espoir se trouve du côté de la crête sud-ouest, surplombant le lac d’environ 150 m et offrant une vue de choix sur la vallée de l’Isère. Je m’y dirige et retrouve en même temps du réseau, me permettant de consulter les données météo : ce front nuageux en provenance de Suisse n’occupe que la moitié orientale de la Savoie.

A l’horizon, tout est dégagé, de bonnes perspectives pour la suite… Depuis des années, cette crête m’attirait, pensant à tort qu’elle était escarpée, voire inaccessible. Il n’en est rien. Elle se traverse avec une grande facilité et présente un caractère très sauvage. En témoigne le seul chamois croisé aujourd’hui.

Lumières crépusculaires sur la Vanoise

C’est fort loin que le regard est attiré, du côté du cœur de la Vanoise, où des cimes émergent des brumes, baignant dans la lumière crépusculaire : Grand Roc Noir, Pointe du Charbonnier, Pointe de la Sana, la Grande Motte ou encore la Grande Casse, ces hauts lieux sont tels la braise scintillant dans un foyer de glace. Les versants, drapés d’une fine pellicule de neige, sont d’un grand esthétisme. Tous les détails du relief sont révélés, une multitude de formes abstraites et éphémères s’offrent au contemplateur que je suis. De l’autre, au-dessus de Bourg-Saint-Maurice, la fournaise tant attendue arrive : le soleil flirtant avec l’horizon, éclaire par en-dessous la masse nuageuse. Hélas, je n’en profite pas, le massif de la Vanoise faisant obstacle. Il est fort probable qu’en Beaufortain, le spectacle soit extraordinaire.

La luminosité commence à tarir. M’étant bien éloigné de la tente, je redescends m’y glisser à l’intérieur, manger et faire la sieste. Septembre présente l’avantage d’avoir des nuits suffisamment longues, et donc reposantes face au rythme du photographe de paysage. En début de soirée, le ciel est parsemé d’étoiles, tandis qu’une Lune généreuse émerge des Rochers de Pierre Pointe. Les lieux sont envahis d’une douce clarté, que j’immortalise aux abords du lac. La surface de ce dernier est animée d’une brume ondulante, rasante, qui resplendit sous la lueur lunaire.

Panorama sur le Mont Pourri au lever du jour

La nuit n’a pas été si fraîche que je le craignais. Certes, le mercure est tombé à -5°C, mais l’absence de vent a rendu le sommeil relativement agréable avec ce silence monacal, calfeutré dans mon duvet. Le lendemain matin, le réveil sonne à 5h30. L’objectif est de refaire la composition faite douze ans auparavant, du lever de soleil sur le Mont Pourri avec le Lac du Clou au premier plan. Vu la configuration des lieux, pas d’autre choix que de grimper les 200 mètres de l’abrupt versant, sur le premier palier au sud de la Pointe de la Foglietta. Me voici stationné à l’endroit escompté au début de l’heure bleue : le Mont Pourri impose de sa présence, ce géant silencieux trône fièrement sur la Haute-Tarentaise.

La pénombre s’estompe peu à peu et, l’heure venue du lever de soleil, rien ne se passe. Pas de Ceinture de Vénus, pas d’étincelle sur les cimes. L’avion qui traverse l’azur est également dans l’ombre : il se passe quelque chose à l’est. En effet, l’image satellite indique un front nuageux au large de Milan en Italie. Les quelques premières minutes fatidiques sont donc estompées, mais heureusement, le soleil fait rapidement son apparition et les sommets de la Vanoise s’illuminent. Je reste un long moment sur ce promontoire à observer les ombres se faire chasser progressivement par la lumière, puis retrouve mon abri de fortune.

S’ensuit la traditionnelle sieste matinale, mon moment préféré du bivouac, où l’air frais se fraie un passage dans la tente chauffée par les rayons du Soleil, pour une harmonie parfaite. Le bien-être à son paroxysme. La détente dominicale consommée, il est temps de rebrousser chemin pour retrouver la voiture sur les coups de midi, épilogue d’une sortie riche en conditions et en paysages.

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Lac Cornu (les 5 lacs) (2471 m) – Beaufortain
Lac Cornu (les 5 lacs) (2471 m) – Beaufortain
24 août 2024 In Beaufortain No Comment

Rendez-vous dans le Beaufortain

Après plus d’un mois sans montagne, le besoin de retrouver la quiétude en haut devenait vital. Le week-end étant annoncé mitigé, c’est vendredi que la sortie démarre. Une nouvelle fois, direction le massif du Beaufortain, vers un secteur exploré il y a bien longtemps, en 2008 : les 5 lacs. Un peu inconsciemment, j’étais monté à la Pointe de la Combe Neuve, sommet abrupt, dans du schiste pourri, à mains nues, évidemment. Seize ans plus tard, les ambitions sont plus modérées.

Direction les 5 lacs

Le départ du sentier se situe au Fort de la Platte, accessible en voiture depuis Bourg-Saint-Maurice au terme d’une longue ascension sur une route étroite et sinueuse, dévoilant peu à peu le sublime de la Tarentaise. C’est aux alentours de 16 heures que les premières foulées sont exécutées, sous un soleil de plomb. Pas un nuage à l’horizon, les conditions anticycloniques depuis plusieurs jours ont enterré tout espoir de belles ambiances. Ce sera un décor de carte postale sous la tempête de ciel bleu.

Le sentier chemine dans les alpages, en remontant le long du ruisseau des Vieilles, jusqu’à atteindre le Col de Forclaz, dominant le vallon éponyme. Le paysage est somptueux, véritable image d’Epinal de la montagne savoyarde : torrents paisibles, prairies verdoyantes, cimes magnétiques et troupeaux sur les versants, dont le tintement résonne au loin. Un peu moins de 2 heures plus tard, le premier des 5 lacs est atteint, répondant au nom d’Esola, en contrebas. C’est là que passe l’itinéraire pour rejoindre le Passeur de Pralognan, en face. Encore quelques enjambées, et une nouvelle série de lacs émerveillent le visiteur : Riondet, Cornu et Verdet, l’un à côté de l’autre, reposant sur une vaste zone ouverte, face à la Pointe de la Terrasse.

Initialement, j’étais parti pour dormir sur la crête entre le Col de la Nova et la Pointe Motte, au-dessus du dernier des 5 lacs, le Noir. Mais devant les potentialités qu’offrent ces plans d’eau, j’hésite quelques minutes, puis valide ce spot. Un replat abrité au nord est trouvé, constituant un parfait endroit pour bivouaquer. D’autres tentes commencent à parsemer le secteur, heureusement suffisamment grand pour conserver le sentiment de tranquillité. En repérage, je tombe sur un bouquetin solitaire, que j’essaie de suivre à distance. L’animal est bien plus leste que moi. Débonnaire, il poursuit sa route à flanc de versant. J’arrive à lui voler sa silhouette en contrejour, mon lot de consolation.

Un paysage époustouflant

Le jour décline peu à peu, je me positionne au bout du lac afin de capter le reflet de l’imposante Pointe de la Terrasse. Les couleurs se parent d’orange puis, comme prévu, s’estompent lorsque l’astre vient flirter avec la ligne d’horizon, encombré par les voiles de chaleur. L’avantage des bivouacs de fin août est de bénéficier de nuits un peu plus longues qu’en juin, et donc reposantes. Avant de véritablement fermer l’œil, une fois la pénombre totalement installée, je ressors de la tente. Les étoiles scintillent, la Voie Lactée se dresse vers l’infini. Mais rapidement, le jour s’invite dans la nuit. Au nord-est, jaillissant des cimes, la Lune se lève. Bien que décroissante et lumineuse à 80%, les paysages deviennent nettement perceptibles, à peine est-il nécessaire d’utiliser la frontale pour se déplacer. Pendant un petit moment, je joue de compositions avec le satellite et le plan d’eau, avant d’aller dormir.

Quelques heures plus tard, à la clarté lunaire succède celle de l’aube. Bien orienté, le secteur profite des premiers rayons aux teintes dorées, mais éphémères. La chaleur investit ensuite rapidement les lieux, malgré l’horaire matinal et les 2500 mètres. Il est temps de redescendre. Une belle sortie pour refaire le plein d’altitude.

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Lac sans nom (2215 m) – Beaufortain
Lac sans nom (2215 m) – Beaufortain
14 juillet 2024 In Beaufortain No Comment

Bivouac à un lac sans nom dans le massif du Beaufortain.

Le choix de la sortie

La mi-juillet est-elle synonyme de l’arrivée tant attendue de l’été en France ? Tandis que l’Europe de l’Est transpire sous les vagues de chaleur, l’Hexagone est englué depuis de nombreuses semaines dans l’instabilité. Le beau temps durable semble enfin pointer le bout de son nez. L’occasion se présente d’aller arpenter les Alpes, à la faveur d’un week-end clément. Un vent modéré étant annoncé en altitude, je me résous à ne pas tutoyer les cimes, optant pour des secteurs plus protégés. Les conditions nocturnes se profilant favorablement, j’opte pour un objectif assez précis : immortaliser la Voie Lactée et son reflet dans un lac. Il suffit alors de prospecter la carte IGN pour trouver l’endroit convoité. C’est finalement un lac sans nom, à l’écart des itinéraires classiques, qui est retenu.

L’ascension au lac

Comme bien souvent ces derniers temps, c’est le tout proche massif du Beaufortain qui est choisi, sur son flanc côté Tarentaise. Sur les hauteurs d’Aime, à la Chapelle de Saint-Guérin (1593 m), la voiture est garée au parking. Ce dernier est déjà bien rempli, il constitue le lieu de départ de plusieurs randonnées. C’est vers l’une des plus occidentales d’entre elles que l’ascension démarre, peu avant 16 heures. La sensation de beau temps est à peine trahie par des nuages élevés çà et là, offrant un peu d’ombrage bienvenu. Le sentier arpente directement dans la pente du Bois Borgne, récupérant la piste d’alpage jusqu’au Chalet du Mont Rosset, exploitation d’altitude. Tarines et Abondances se délectent des riches prairies d’altitude, tandis que les ouvriers agricoles s’affairent à la traite, à la conduite du troupeau et autres activités.

Passé cet endroit, le secteur devient plus sauvage, place à la montagne brute, faite de grandeur et de minéralité. La sente surplombe le torrent de la Portette, donnant son nom localement à un lac, une pointe et un col. Sur un plateau chahuté, menant justement au col de la Portette, je bifurque plein sud en hors sentier sur quelques centaines de mètres. Dans un creux, se niche un plan d’eau circulaire, bénéficiant d’une ouverture de choix sur les sommets de la Vanoise. Le site s’annonce propice à mes ambitions du jour. Je profite de la fin d’après-midi pour dresser la tente sur un parterre herbeux, à l’abri du vent, un confort cinq étoiles.

Nuit féérique sous la Voie Lactée

Le soleil décline progressivement, et avec lui les couleurs se parent de teintes orangées. Les conditions anticycloniques laissent place à un spectacle relativement terne, ce qui ne m’empêche pas d’immortaliser les beaux reflets dans le lac, sous un ciel dépourvu de nuages. C’est quelques heures plus tard que les hostilités démarrent réellement. Le réveil claironne à minuit trente, après le coucher du croissant de lune. L’atmosphère est constellée d’innombrables étoiles, invitant à la rêverie. Seules les lumières des hameaux composant la station de La Plagne parsèment le versant opposé. Pendant plus de 2h30, j’erre sous cette immensité cosmique à capter la Voie Lactée, et m’adonne à quelques compositions nocturnes, grâce aux différents éléments naturels du lieu. Une nuit enivrante.

Les lueurs de l’aube

Après un bien trop court sommeil, me revoilà aux avant-postes pour accueillir l’aube. Comme la veille au soir, les conditions claires ne proposent pas de folies lumineuses, juste un éclairage progressif et en douceur. Dôme de Chasseforêt, Grand Bec, Grande Casse, Mont Pourri…Autant de sommets emblématiques de la Vanoise qui peu à peu honorent l’arrivée de l’astre solaire.

Épuisé par cette nuit éveillée, je retourne dans mon refuge de toile pour une sieste méritée, meilleur moment de la journée : quand le soleil réchauffe la tente et que l’air frais s’immisce dans les ouvertures, le tout dans un silence de cathédrale. Un bonheur simple.

Sous la chaleur dominicale, les 650 mètres de dénivelé sont dévalés, pour retrouver la voiture aux alentours de 11 heures, épilogue d’une agréable virée, marquée par la féérie nocturne et la beauté des reflets lacustres.

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Dent de Cons (2063 m) – Bauges
Dent de Cons (2063 m) – Bauges
6 juillet 2024 In Bauges No Comment

Bivouac à la Dent de Cons dans le massif des Bauges.

Le choix de la destination

Les semaines se suivent et se ressemblent. Le temps peine à se stabiliser et réellement satisfaire à la saison estivale. Ce premier week-end de juillet ne déroge pas à cette fâcheuse règle, une énième perturbation doit traverser les Alpes. Tel un lion en cage, après 1 mois privé d’altitude, je force les événements en décidant d’un bivouac vendredi soir, avant la dégradation annoncée. C’est un choix à double tranchant : soit le ciel sera voilé, soit il laissera entrevoir de beaux jeux de lumière. Les dés sont lancés.

Partant après le travail, j’opte pour une destination proche. Ce petit chainon du nord-est des Bauges me fait de l’œil depuis que je suis installé ici. Ma première expérience avec celui-ci a failli m’être fatale, puisque la Belle Etoile, lieu de mon foudroiement, en fait partie. C’est le sommet dans son prolongement septentrional que je convoite : la dénommée Dent de Cons (2063 m). Il s’agit d’une véritable sentinelle, dominant Faverges, Ugine et Albertville.

L’ascension de la Dent de Cons

Garé au terminus de la route au lieudit du Raffort (1189 m), j’aborde les premières foulées à 17h15. Deux itinéraires permettent d’atteindre l’objectif : par l’Alpettaz au nord et par le Col de la Sellive au sud. Compte tenu de l’heure, je choisis le second, plus direct, mais également plus raide. Présent au début, le soleil passe rapidement derrière l’imposante muraille calcaire. C’est chose bienheureuse, le sentier remontant le vallon du Creux ne s’embarrasse pas avec la facilité, puisqu’il trace quasi droit dans la pente soutenue. Parfois, dans un élan de magnanimité, il accorde quelques lacets salvateurs. Le dénivelé est par conséquent rapidement avalé, les pauses étant inexistantes et la sudation bien avancée.

En à peine plus d’une heure, les 500 mètres d’ascension sont validés, au moment d’atteindre le Col de la Sellive (1721 m). Ce dernier, séparant la pointe éponyme à gauche et la Dent de Cons à droite, offre une belle vue sur Albertville. Au premier plan, le regard est irrésistiblement attiré par l’abyssale gorge minérale du torrent du Chiriac. Le moindre faux pas et c’est direction le Père Lachaise. A ce titre, le panneau annonce la couleur : « Direction Dent de Cons, passage vertigineux et délicat, nécessitant l’usage des mains. Vous vous y engagez sous votre propre responsabilité ». Il faut avouer que le sommet nécessite une forte inclinaison de la tête vers les cieux pour en apercevoir la silhouette.

Le chemin serpente dans l’abrupte pente, le rythme cardiaque s’emballe, l’ascension est négociée sans trop de difficulté. Mais clairement, par condition pluvieuse et/ou de brouillard, la dangerosité est réelle. Cette épreuve débouche sur la crête sommitale, réelle récompense après cette éprouvante montée : le soleil est retrouvé, il illumine la luxuriante végétation, notamment de gros bosquets de rhododendrons, premier plan de choix pour ce panorama grandiose. Un effort supplémentaire et la Dent de Cons est atteinte, en tout juste deux heures, soit quarante minutes de moins qu’annoncé sur le panneau au départ. Pas encore rouillé le vieux.

Contemplation au sommet

Des bancs de nuages élevés traversent le ciel de Savoie, la température baisse, le paysage perd de son éclat, je patiente. A l’horizon, une trouée offre de belles perspectives pour le crépuscule. Je profite de cette attente pour constater tout le potentiel de ce point de vue, tant le nombre de massifs observables est important : Bornes, Aravis, Beaufortain, Mont Blanc, Vanoise, Lauzière et, bien sûr, l’intérieur des Bauges. J’y aperçois d’ailleurs la Belle Etoile, discrète en arrière-plan, me rappelant ma sacrée mésaventure de mai. En fin de journée, la prophétie se réalise : le soleil réapparaît et distille ses rayons cristallins sur les lieux. Les versants se transforment en grandes parures dorées l’espace de quelques minutes, avant de replonger définitivement dans l’ombre.

Entre temps, le vent s’est levé. Il n’est pas envisageable de rester au niveau de la table d’orientation. Le secteur bénéficie de quelques dépressions herbeuses parfaitement adaptées à la situation, protégées des rafales, avec un parterre bien plus confortable que la rocaille sommitale. N’ayant pas pris la tente pour voyager léger, ce sera une nuit sous le ciel étoilé. Les heures défilent, le sommeil peine à être trouvé. Le vent a redoublé d’intensité. Si dans mon trou j’en suis relativement épargné, ce n’est pas le cas des sapins au-dessus. Ces derniers chantent leur complainte toute la nuit, sous l’assaut répété des bourrasques. Un sifflement permanent.

L’autre chose qui occupe mon esprit est la météo annoncée : de la pluie localement orageuse est prévue le lendemain dès le milieu de matinée. Et si les prévisions se sont trompées ? Et si elle arrivait avec quelques heures d’avance ? L’idée d’être piégé sur ce perchoir est loin de m’enchanter, le traumatisme de mai est encore trop frais.

Retour précipité avant la pluie

Finalement les premières lueurs de l’aube me rattrapent, à 5 heures. Ici, c’est toujours la soufflerie. Les couleurs matinales un temps espérées ne semblent pas être au rendez-vous. Mon regard est surtout happé par l’horizon ouest : des nuages bien chargés qui n’augurent rien de bon. L’ambiance venteuse accentue le côté oppressant, telles les prémices d’un cataclysme. Cette fois, je joue la carte de la prudence et plie tout pour au moins rejoindre le Col de la Sellive, synonyme de mise en sécurité définitive.

Peu avant de l’atteindre, le soleil se lève par-delà le massif du Mont Blanc. La lumière qu’il délivre est très pure, mais ne dure pas. Rapidement, des nuages lui barrent la route, mais laisse la place à un incroyable spectacle. Les rayons filtrés créent une intense percée divine qui se répand sur les versants de Megève. Rarement une telle scène s’était offerte à moi, avec tant de virtuosité. Un magnifique baroud d’honneur de notre étoile avant qu’elle ne disparaisse définitivement pour la journée.

C’est aux alentours de 7h30 que le parking est retrouvé, épilogue d’une sortie une nouvelle fois riche en émotions.

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Mont des Acrays (2165 m) – Beaufortain
Mont des Acrays (2165 m) – Beaufortain
6 juin 2024 In Beaufortain No Comment

Bivouac au Mont des Acrays dans le massif du Beaufortain.

Le choix du Mont des Acrays

Décidément, ce début de saison joue avec nos nerfs. Ce mois de juin démarre dans la continuité de celui de mai, caractérisé par une instabilité quasi permanente du ciel. Quand ce n’est pas la pluie, ce sont les orages, voire les deux. Le meilleur créneau de la semaine est ce mercredi, avec une belle fenêtre météo, avant la nouvelle dégradation prévue le lendemain. La neige encore bien présente en altitude constitue toujours un paramètre primordial dans l’équation de la destination : pour dépasser les 2000 mètres, il est préférable de choisir les versants exposés sud.

L’escapade est toute trouvée : aller sur les hauteurs du barrage de Roselend, dans le Beaufortain. Ce n’est pas l’incroyable agression nocturne au couteau, survenue quelques jours auparavant dans le secteur du Cormet de Roselend, qui va me faire reculer. Déjà parcourue l’année dernière, la crête entre le Col du Pré et le Cormet d’Arêches répond favorablement à l’ensemble des critères pour cette sortie.

Afin d’apporter un peu de variété, le démarrage s’effectue depuis le lac de Saint-Guérin (1512 m). Milieu de semaine oblige, on est loin de la foule des week-ends d’été. Le plan d’eau resplendit dans cet écrin de verdure, chapeauté par les cimes encore enneigées, le tout magnifié par un beau soleil et des cumulus décoratifs. Il fait étonnamment chaud en ce début d’après-midi, trop habitué par la fraicheur des dernières semaines. L’itinéraire emprunte tout d’abord la piste, encore fermée aux touristes à ce jour, puis un sentier attaque rapidement dans l’abrupt versant. Le lac se dévoile au fur et à mesure de l’ascension. Une multitude de fleurs tapissent les alpages, une fois les derniers boisements franchis : Pulsatiles, gentianes, crocus…dans un silence monacal.

Un coucher de soleil flamboyant dans le Beaufortain

Quelques névés ornent le flanc de la crête, puis l’objectif du jour est atteint : le Mont des Acrays (2165 m). Le panorama à 360 degrés est toujours aussi grandiose : Sa Majesté le Mont Blanc trône en maître au-dessus du lac de Roselend. A droite, les plus hauts sommets du Beaufortain (Aiguille du Grand Fond, Pointe de Presset, Roignais, Pierra Menta..) ont encore leur manteau hivernal. Derrière, même constat (Crêt du Rey, Grand Mont). Au loin, la silhouette des Aravis se dessine entre les cumulus qui deviennent de plus en plus nombreux.

La fin de journée se caractérise par un encombrement progressif du ciel, faisant poindre une légitime inquiétude en moi, compte tenu de mes récents déboires. Néanmoins les prévisions sont formelles : ni pluie, ni orage au programme. J’installe alors la tente sur un replat de la crête, avec une vue 4 étoiles sur le paysage. Le repérage des alentours m’amène à descendre le versant herbeux d’une cinquantaine de mètres, débouchant sur une abyssale entaille de la montagne, un ravin créé par un torrent. Ce dangereux belvédère offre un tableau de choix sur le lac de Saint-Guérin, sublimé par des rayons transperçant les nuages.

La nébulosité ambiante m’enlève pas mal d’espoirs quant aux conditions crépusculaires. Cependant, contre toute attente, peu après 21 heures, une improbable lumière vient se diffuser dans la vallée de Beaufort, et jaillir en douceur sur les sommets environnants. Elle plonge les lieux dans une éphémère atmosphère dorée, avant que la nuit ne vienne mettre un terme aux festivités. Sans la moindre lune, l’intermède nocturne favorise l’évasion de l’esprit, sous la coupole de la Voie Lactée qui se dresse du Mont Blanc au Crêt du Rey. Plusieurs voiles élevés estompent régulièrement la clarté des étoiles.

Un lever de soleil timide

Le réveil à 5 heures me tire de mon sommeil. Le vent s’est levé, renforçant la sensation de froid. Le ciel est plus encombré que la veille, et malgré quelques pâles rougeurs à l’horizon, je ne m’éternise pas à capturer cette aube sans saveur et retourne dormir, épuisé par ces bien trop courtes nuits de juin. C’est 3 heures plus tard que j’émerge, au son de l’Alouette et du crissement de la toile de tente, animée par les bourrasques. La teinte à l’ouest annonce la perturbation qui arrive à grands pas sur les Alpes, je plie bagages et poursuit le sentier pour effectuer une boucle, en passant le Passage de la Charmette, les Acrays, et revenir sur la piste au nord du barrage de Saint-Guérin.

Une agréable sortie dans le Beaufortain, ponctuée de quelques belles ambiances lumineuses.

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